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Franck Berrier : « Pour un Français qui galère, la Belgique, c’est l’idéal »

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Franck Berrier, milieu français formé à Caen, n'a jamais eu l'opportunité de percer au plus haut niveau en France. Mais il est aujourd'hui, à 29 ans, le maître à jouer de Zulte Waregem, surprenant 2e de Jupiler Pro League. Un club qui pourrait bien refaire le coup de Lierse en 1997. Interview découverte.

Tu as débarqué en Belgique en 2008, pays que tu n’as plus quitté depuis. Avant ça, il y a eu Cannes en National, Beauvais en CFA, et Caen, où tu as cumulé deux apparitions en L1. Durant toutes ces saisons, tu as bien joué. Pourtant, tu n’as jamais eu l’opportunité de percer au plus haut niveau en France. Avec le recul, comment tu l’expliques ?C’est vrai… Mais même moi, je n’ai jamais compris pourquoi. J’avais eu une demande de Boulogne-sur-Mer en 2008, à l’époque où le club jouait encore en deuxième division. Mais financièrement, le projet n’était vraiment pas intéressant. Et c’est vrai que je ne comprends pas pourquoi je n’ai pas eu davantage de propositions, du moins en Ligue 2. J’ai eu de la chance, d’avoir cette opportunité en Belgique.

Tu rejoins donc Zulte Waregem en 2008. Quelles étaient tes premières impressions, tes attentes ?Je percevais le Essevee (le surnom de Zulte Waregem) comme un petit club. Parce qu’à part Anderlecht, Bruges, Standard, je ne connaissais personne. Mais j’étais satisfait, j’estimais que c’était une chance de pouvoir découvrir une première division, de pouvoir jouer contre ces grandes équipes. Mon but, c’était de montrer que je pouvais justement jouer dans l’un de ces clubs.

De fait, en 2010, après deux très belles saisons, tu files au Standard…Oui, mais j’y arrive avec une grosse blessure au genou. Et je n’ai pas été chanceux par la suite, puisque le changement de direction a fait qu’il n’y avait plus de confiance en moi. Et j’ai peu joué.

C’est donc ce changement de direction à l’été 2011 (le club de Lucien D’Onofrio a été racheté par Roland Duchâtelet le 23 juin de cette année, ndlr), qui a tout gâché ?
En fait, quand je suis arrivé au Standard, il y avait Steven Defour. Le capitaine, le meneur de jeu. Quand j’ai signé là-bas, il était prévu que je fasse un an de rétablissement et remise à niveau, avant de prendre sa place. Comme prévu, il est parti, mais la direction a changé dans le même temps. Et la politique des nouveaux dirigeants a été de tout changer au sein du club. Aujourd’hui, il ne reste plus que deux-trois joueurs qui ont évolué du temps de l’ancienne direction. Et ils veulent les faire partir aussi… Voilà, je n’ai pas eu de chance par rapport à ça.

Du coup, en janvier 2012, tu retournes à Zulte Waregem. C’est un retour lié à celui de Francky Dury, ton ancien coach qui revenait justement à ce moment-là ?Oui, le club jouait le maintien, les dirigeants voulaient quelqu’un qui connaissait bien l’environnement et le groupe, donc ils ont refait appel à lui, qui avait déjà quinze ans d’expérience au club. Et comme on se connaît bien, il m’a appelé directement pour m’annoncer qu’il revenait, et me demander si le projet m’intéressait. Sans hésiter, j’y suis retourné. Je savais que j’aurais toute sa confiance, et que je repartirais du bon pied.

C’est un coach au parcours atypique. Il n’a jamais été pro, il été flic avant de coacher. D’ailleurs, c’est la rigueur, qui semble le caractériser…La rigueur, toujours, toujours la rigueur… Mais c’est obligatoire, vu qu’on est un petit club, on a besoin de ça pour compenser l’absence de joueurs ultra-talentueux. C’est primordial pour nous. Après, bon, quand les résultats vont, il est un peu plus cool. Mais en général, c’est en effet beaucoup de rigueur. Par rapport à sa carrière cela dit (quatre montées en six ans avec le Essevee, hein), on peut dire que ça lui réussit plutôt bien.

On en vient à parler de cette saison. Tout le monde évoque Zulte Waregem comme une surprise. Est-ce que toi-même, ce parcours t’étonne ?Ouais, c’est vraiment une grosse surprise. L’année dernière, on finit 13e avec 30 points. Il n’y a pas eu un gros recrutement derrière, beaucoup de jeunes de qualité, mais bon, les jeunes, c’est tout l’un ou tout l’autre… Au début de saison, on jouait la première partie de tableau, puis au fil des journées, vu qu’on tenait toujours les deux-trois premières places, on s’est dit qu’on allait jouer l’Europe tout doucement… Là, il ne reste qu’une journée avant les play-offs, et on est déjà assurés de terminer seconds.

Comment tu expliques cette réussite ? D’autant que vous avez tapé tous les gros, comme le Standard ou Anderlecht, il y a de ça quinze jours…Quand on est un petit club et qu’on se trouve à cette place-là, il y a la réussite, forcément. On ne s’en cache pas : cette saison, il y a des matchs qu’on ne doit jamais gagner, que l’an dernier on aurait perdus à coup sûr, mais qu’on remporte 1-0… On n’a pas une grosse équipe, mais il y a un coach qui gère bien le groupe, des anciens qui amènent leur expérience, des jeunes qui veulent prouver. C’est un ensemble qui fait que tout va bien, d’autant qu’on joue sans pression : là, on est seconds, si à l’issue des play-offs on est 6e, pas grave, on aura quand même fait une grosse saison. Les supporters, si on perd à domicile 3-0, ils vont quand même chanter, et à la fin du match, on ira boire un café avec eux. Qu’on perde ou qu’on gagne, ils s’en foutent un peu. Donc pas de pression, on joue relâché, on se régale. Personnellement, le coach m’aime bien, donc je sais que je peux tenter beaucoup de choses. Si je loupe quatre ou cinq passes, là où certains entraîneurs me sortiraient, lui sait que la sixième sera peut-être décisive. C’est plus facile de jouer avec un entraîneur qui vous fait confiance.

Et du coup, tu en es en effet à 13 buts et 7 passes décisives, cette saison…C’est la première fois que je marque plus que je ne passe. Je suis un peu plus égoïste devant le but, c’est vrai. Avant, quand j’avais ma chance aux 18 mètres, je cherchais davantage à mettre un coéquipier dans une meilleure condition. Maintenant, je prends ma chance. J’ai aussi de la réussite, il y a des choses que je tente et qui rentrent, contrairement aux saisons d’avant. Et puis, il y a surtout le fait qu’on a cette saison deux milieux défensifs qui travaillent beaucoup, et qui me permettent de moins défendre. Avant, je descendais beaucoup plus bas pour aller chercher le ballon. J’étais au départ de l’action, plus qu’à l’arrivée. C’est ce qui faisait que j’étais moins décisif, et ça a été le cas toute ma carrière : j’ai toujours voulu toucher le ballon assez bas sur un terrain. Ça a changé cette saison.

On pourrait presque dire que le club est dépendant de toi, dans son animation offensive. Tu es impliqué directement sur quasiment la moitié des buts de l’équipe. D’ailleurs, le Essevee est la seconde défense du championnat, mais la huitième attaque. C’est ce qui lui manque non, un vrai buteur ?On a de bons attaquant, mais on n’a pas « le » buteur qu’ont toutes les grosses équipes. Anderlecht a un attaquant à 20 buts (Mbokani en est à 17), Bruges pareil (le Colombien Bacca, meilleur buteur du championnat, a claqué 20 réalisations)… Tous les grands clubs ont un grand attaquant qui finit sa saison à 15-20 buts. Cette année, on n’en a pas, puisque c’est moi le meilleur buteur, et que le second en est à 8. Peut-être que c’est ce qui nous manque, en effet.

A une journée du terme de la saison régulière, Zulte Waregem est en tout cas certain de terminer second du championnat. Après, viennent donc les play-offs*. Les médias vous en parlent souvent, mais vous, les joueurs, vous pensez au cas de Lierse ? Ce dernier « petit club belge » à avoir remporté le titre, en 1997 ?On en a parlé vaguement, mais notre objectif est davantage de finir 3e. On n’a jamais vraiment parlé de titre dans le vestiaire. C’est vrai que quand on le dit aux journalistes, personne ne nous croit. Mais le fait est qu’on commence à ressentir la fatigue. Si vous regardez, nous sommes un petit groupe de 15 joueurs à avoir évolué toute la saison. Si vous prenez Anderlecht, il y a un effectif de 30 joueurs, avec 25 qui ont déjà joué. Donc c’est ça qui fera la différence : la fraîcheur physique. D’autant que niveau individualités, on est moins forts que ces grands clubs là, et pendant les play-offs, ce sera de gros matchs tous les weekends… Donc on ne sait pas si on aura le niveau pour être au top à chaque rencontre.

Avec ce format de play-offs du coup, tu penses que c’est encore possible, qu’un petit club belge dépasse un grand comme Anderlecht ? C’est en effet davantage éprouvant pour vous…Ouais, c’est éprouvant pour un petit club. Pour un grand, ça va, parce qu’il a l’effectif et arrive à le gérer sur la saison. Mais pour nous, c’est fatiguant, stressant. On arrive à faire des exploits de temps en temps comme il y a deux semaines sur la pelouse d’Anderlecht (victoire 0-1, avec un but signé Franck Berrier, ndlr), mais sachant que pendant quatre semaines, on va jouer tous les gros… ça va être vraiment difficile. Pour ça, qu’on vise plutôt une 3e place. Là, on a une belle avance sur le troisième, sachant que les points vont être divisés par deux, ça nous fait pour l’instant 4 points. Si on arrive à faire un parcours juste correct, on devrait y parvenir.

Personnellement, tu réalises la meilleure saison de ta carrière. C’est peut-être le moment, à 29 ans, de tenter une expérience dans un club plus huppé…C’est clairement mon objectif. Peut-être pour ça que j’ai été plus égoïste cette année devant le but, pour montrer mes qualités. Après, s’il y a qualification européenne et un effort financier du club, on pourra toujours réfléchir. Mais l’objectif est un départ, oui. Vers un grand club comme Anderlecht, Genk, Bruges… Bon, pas le Standard hein, mais un gros club belge. Ou l’étranger.

La France ?Un retour en France pour y terminer ma carrière, ce serait merveilleux, pour moi et ma famille. Après, je ne crois pas que ce soit la meilleure destination pour exprimer mes qualités.

Tu entrevois donc de grosses différences, entre les championnats français et belge ?En France, c’est vraiment tactique, fermé aux 20 mètres, pour ça qu’il n’y a pas de gros scores. En Belgique, c’est beaucoup plus ouvert, et il y a beaucoup d’espaces. A quasiment tous les matchs, y a un minimum de trois buts. Un peu comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, des championnats qui, je pense, me conviendraient mieux.

Tu n’es pas le premier Français à réussir à percer en Belgique, alors que tu n’y étais pas parvenu dans ton propre pays. Aujourd’hui, il y a 30 Français en Jupiler Pro League. Un championnat idéal pour les Français qui souhaitent percer ?Oui, pour un joueur titulaire en National qui ne voit pas la possibilité de percer, la Belgique est un super tremplin. Et puis ce qui est bien, c’est que les grands clubs belges recrutent d’abord chez les petits du championnat. C’est un tout petit pays, tous les matchs sont regardés, il y a des recruteurs belges à chaque rencontre… Voilà, pour un Français de 22-23 ans qui n’entrevoit pas de possibilité en France, la Belgique, c’est l’idéal.

Pourtant, on ne te découvre véritablement que cette saison, grâce au parcours de ton club. Or, ça fait plusieurs années que tu régales du côté de Zulte Waregem. La preuve que la Jupiler Pro League est peu observée en dehors de ses frontières, non ?C’est vrai qu’elle n’est pas beaucoup observée en dehors. On voit des recruteurs de Lens et Valenciennes de temps en temps, qui viennent voir nos matchs. Mais c’est tout. Il n’y a qu’à voir Jérémy Perbet, qui a fait une super saison à Mons l’an dernier, et qui n’a pas de contact en France alors qu’il claque sa vingtaine de buts dans l’élite belge (le goleador a rejoint Villarreal en janvier, ndlr)… Je ne dis pas que c’est un grand championnat, mais il y a des choses intéressantes, au-delà des Anderlecht-Standard. Nous, bon, on réalise une saison historique, mais on est un club qui termine régulièrement dans les 7 premiers, et qui joue au ballon. On n’a pas grand-chose à envier à certains clubs de Ligue 1, quoi.

Propos recueillis par Alexandre Pauwels

*Depuis la saison 2009/2010, le fonctionnement de la Jupiler Pro League a changé : les 16 participants se disputent premièrement un championnat sous une phase classique, confrontation aller/retour. A son terme, les 6 premiers disputent les play-offs 1 (là où les clubs classés de la 7e à la 14e position jouent le play-off 2, les deux derniers le play-off 3), mini-championnat se jouant en aller/retour également. L’ensemble des points récoltés durant la première phase sont divisés par deux, avant le début des éliminatoires. Ce sont ces play-offs, qui déterminent le classement final.

Nicolas Seube : « Ici à Caen, les gens s’en foutent qu’on joue comme le Barça »

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