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France-Pays-Bas : Les Bleues ne sont plus des bleues

Par Julien Duez, à Rotherham
France-Pays-Bas : Les Bleues ne sont plus des bleues

Cinq ans après le début de son mandat, un Mondial raté et de nombreux choix contestés, Corinne Diacre a franchi un cap hautement symbolique en emmenant l'équipe de France disputer la première demi-finale d'un Euro de son histoire. De quoi alimenter le crédit de la sélectionneuse tricolore, surtout avec un Mondial et des Jeux olympiques prévus sur les deux prochaines années.

Il est vrai que les Pays-Bas n’avaient plus battu la France depuis 2015 et il est vrai que la dernière fois que les deux équipes s’étaient rencontrées, lors du Tournoi de France en février dernier, les secondes avaient aisément battu les premières (3-1). Sauf que dans le contexte d’un Euro, surtout face aux championnes en titre et surtout quand on n’a jamais soi-même passé le cap des quarts de finale, c’est une autre limonade. Mais ce samedi 23 juillet, les Bleues n’ont pas tremblé en allant s’imposer au terme d’une partie compliquée, lors de laquelle des Néerlandaises expérimentées ont donné du fil à retordre à des Françaises qui, pour la plupart, disputaient leur premier tournoi avec le maillot des A et ont brillé par leur fougue et leur envie, à défaut de se montrer efficace face au but (victoire 1-0 sur un penalty venu compenser 33 tentatives infructueuses).

Elles, tu leur parles pas d’âge

Donc oui, ce fut dur, mais finalement, la meilleure équipe l’a emporté. Le tout en démarrant avec un quatrième onze de départ différent en quatre matchs disputés. Au total, toutes les joueuses de la liste des 23 (réduite à 22 depuis le forfait de Marie-Antoinette Katoto) ont eu du temps de jeu, à l’exception de la défenseuse Hawa Cissoko et des deux gardiennes remplaçantes, Mylène Chavas et Justine Lerond. De quoi donner raison à Corinne Diacre lorsque la sélectionneuse réaffirme que « ce n’était pas que pour noircir du papier que je vous disais qu’on avait un groupe. Il y a certains profils qui peuvent apporter en entrant. Quand on voit les qualités de Selma Bacha et Clara Mateo [toutes deux ont démarré sur le banc face aux Pays-Bas, NDLR] et d’autres, je ne vais pas toutes les citer, elles pouvaient démarrer. Et on sait que quand elles entrent, elles font le travail et elles apportent un plus. »

Bacha et Mateo, deux exemples de ces Bleues qui n’étaient pas de l’aventure lors du Mondial 2019. D’ailleurs, ce samedi soir, la charnière centrale Renard-Mbock ainsi que Kadidiatou Diani en attaque faisaient figure d’exception. D’autres, à l’image de la gardienne Pauline Peyraud-Magnin ou de la buteuse Eve Périsset, ciraient alors le banc, tandis que sur le couloir gauche, Marion Torrent a depuis endossé le costume de (super)sub au profit de Sakina Karchaoui. « Ce sont des choses qui se construisent sur le long terme, on apprend des expériences passées. On savait qu’une équipe avec une profondeur de banc, c’était plus intéressant et quand on joue 120 minutes, c’est encore plus important, analysait Corinne Diacre, au moment de lui demander quel regard elle portait sur ses cinq années à la tête des Bleues. Quand vous voyez Palis entrer avec tout son culot, alors qu’elle n’était pas titulaire dans son club [Bordeaux, NDLR], c’est la force du collectif. Torrent qui était titulaire il y a quelques mois, quand on voit toute l’énergie de son entrée [pour la deuxième période de la prolongation, NDLR], il n’y a pas d’amertume. Les filles font partie de ce groupe qui a envie de réussir quelque chose ensemble. »

Récolter les fruits

Corinne Diacre n’est pas du genre à se montrer démonstrative, en tout cas pas face aux médias qu’elle regarde toujours avec une certaine défiance. Mais au sortir de cette victoire historique qui qualifie les Bleues pour la première demi-finale de leur histoire, l’émotion était, certes, discrète, mais bien palpable. Peut-être parce qu’avoir brisé le plafond de verre lui a malgré tout ôté un poids des épaules : « Je persiste à dire que[la malédiction des quarts de finale]n’est pas notre histoire. Nous, le staff et les joueuses, voulons écrire la nôtre. Maintenant, il nous reste encore un peu de chemin à parcourir », s’est-elle défendue. Peut-être alors parce que la sélectionneuse voit cette qualification comme une réponse aux critiques liées à son choix de se priver de cadres historiques, Gaëtane Thiney, Amandine Henry et Eugénie Le Sommer en tête (auxquelles s’ajoute la décision de Sarah Bouhaddi de rester en retrait de la sélection tant que Diacre serait aux manettes) pour franchir un cap, tourné vers l’avenir.

Un cap déjà partiellement franchi et qui rendrait hors de propos d’affirmer que ce dernier succès ne serait que celui de l’innocence sur l’expérience : «  [Dire cela], c’est faire offense aux compétitions de jeunes. On a une équipe très expérimentée de ce côté. Je n’ai pas demandé de jouer sans complexe, mais de se faire plaisir et d’être performantes. […] Le groupe d’aujourd’hui s’est construit il y a douze mois et il a envie de réussir quelque chose ensemble. Les anciennes encadrent très bien les jeunes, les jeunes sont à l’écoute et apportent leur lot de fraîcheur et d’insouciance. Ce tout fait un très bon mélange. On a franchi une étape ce soir, mais ce n’est pas une fin en soi. On a vraiment envie de jouer cette finale. Quand on a affiché notre volonté d’être au rendez-vous du 31 juillet, ce ne sont pas que des paroles en l’air. »

Le meilleur est avenir

Histoire de mettre les choses au clair : il est trop tôt pour parler de ce quart de finale comme d’un match-référence. « Ce n’est qu’une étape en vue de la victoire finale et c’est vrai qu’elle a été longue à se dessiner. On aurait pu marquer plus tôt, mais ce soir, on est tombé sur une gardienne néerlandaise plus qu’en état de grâce. Je vous savais inquiets sur l’aspect athlétique ; je pense qu’on vous a donné beaucoup de réponses ce soir. Je vous savais inquiets sur l’aspect défensif ; je pense qu’on vous a donné beaucoup de réponses ce soir. Mais on ne vous a pas donné beaucoup de réponses sur l’aspect offensif, en tout cas pas sur l’efficacité. En revanche, en matière d’occasions et de situations dangereuses, on est largement devant. »

Face à l’Allemagne le 27 juillet, il faudra impérativement rectifier le tir. Pas d’inquiétude, les Bleues savent ce qu’elles ont à faire et ont prouvé qu’elles savaient le faire, du moins en théorie et sans se voir trop belles. De bon augure pour les deux prochains rendez-vous à venir : la Coupe du monde 2023 et les JO de Paris l’année suivante. Avec ou sans Diacre ? À la question de savoir si Noël Le Graët, présent à Rotherham et qui avait récemment laissé entendre une prolongation de contrat de la sélectionneuse, avait déjà dégainé son stylo, l’intéressée a répondu avec un gimmick devenu sa signature : « Vous savez, mon cas personnel importe peu. »

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