- Etats-Unis
Foot US : America, America !
USA, number one ? Pas encore, y'a du boulot... Pourtant ça bouge outre-Atlantique. On reparlera une autre fois de la sélection nationale, finaliste de la dernière Coupe des Confédérations (2-3 contre le Brésil) et qualifiée pour la Coupe du Monde en Afsud. Place aujourd'hui au championnat américain et gros-plan passager sur la MLS.
L’actu chaude au sujet du foot US, c’est quoi, là, récemment ? Deux choses. Landon Donovan vient de quitter le LA Galaxy pour Everton, prêté pour six mois. OK, c’est pas le transfert le plus sexy du mercato. Et puis Everton n’est que 12ème de Premier League. Mais, bon, à 27 ans, le (très bon) capitaine des States se voit offrir une deuxième chance européenne après son expérience manquée en Allemagne, Bayer Leverkusen en 2005 et au Bayern de Bavière l’hiver dernier (testé uniquement lors de matchs amicaux). Brandon Donovan situe à lui tout seul le niveau actuel du foot US : entre deux eaux. Mais avec service à suivre, tant les progrès réguliers du soccer sont prégnants, impactant et ohalants. Et c’est là qu’on arrive au deuxième événement du foot US, un truc qui scie : la création d’un championnat US de D2 ! C’est tombé jeudi dernier. Vous en avez bien sûr rien à tiquer mais vous vous trompez… Une D2 nouvelle
Cette saison 2010 verra donc une D2 composée de 12 équipes, six dans la Conférence USL (Austin, Minnesota, Portland, Porto Rico, Rochester et Tampa Bay) et six autres dans la Conférence NASL (Baltimore, Carolina, Miami, Saint-Louis et les formations canadiennes de Montréal et Vancouver). Une preuve supplémentaire qu’aux Etats-Unis le soccer se structure petit à petit, par le bas, et non plus par le haut afin encore d’éviter l’échec cinglant de la NASL. La NASL des années 70 avait misé uniquement sur l’importation chic de stars (Pelé, Cruyff, Beckenbauer, Eusebio, Best,…) au détriment des structures (stades, championnat, formation). Avec faillite au bout, au début des années 80… On rappelle qu’après, en refilant la Coupe du Monde 94 aux USA, la FIFA avait exigé qu’il y soit institué un championnat professionnel digne de ce nom. Ce qui fut fait en 1996 avec la MLS, championnat américain qui s’est développé plus intelligemment, sans griller les étapes. Avec aujourd’hui 15 clubs répartis en deux conférences Est et Ouest en 2009, 2010 verra l’arrivée de Philadelphie et 2011 les deux nouvelles franchises Vancouver et Portland. L’objectif de la MLS étant de parvenir à 20 équipes à l’horizon 2012-2013. A cette date, en plus de la nouvelle D2, le foot US aura achevé son maillage plus homogène du territoire. Chaque chose en son temps… La MLS en 2009 et en 2010
Le bilan de la MLS, saison 2009, a apporté son lot de signaux encourageants. On passera sur l’échec de Beckham à Hollywoo… euh, non !… au LA Galaxy. On passera aussi sur l’échec de la MLS à séduire dans le sillage de Beckham, justement, des stars du foot mondial, en préretraite (voir Claudio Lopez à Kansas City ou Ljunberg à Seattle). On retiendra que malgré la très légère baisse de fréquentation des stades (propre à tous les sports US, crise économique oblige !), la nouvelle franchise des Seattle Sounders a affiché une fréquentation moyenne record de 30 897 spectateurs, soit l’équivalent à peu près des meilleur clubs de L1 (OM non compris). Plus important, vital même, la diffusion TV. Quasiment inexistante il y a 15 ans aux USA, la médiatisation télévisuelle du soccer US connaît une importance accrue sur plusieurs chaînes foot et surtout sur ESPN et son émission quotidienne, « Sports Center » , qui repasse les moments forts des matchs de MLS. Quand on sait que le développement du foot US est basé sur un business plan tributaire de la TV, la bataille perdue hier par la NASL (lâchée en 1984 par les grands networks du pays) semble se gagner aujourd’hui. « Semble se gagner » car en l’absence de stars réelles, qu’elles soient du pays ou venues d’ailleurs, le modèle économique risque de patiner. Et puis le soccer reste pour l’instant l’apanage des jeunes et des universitaires, des femmes (avec la WPS, ligue quand même professionnelle) et des minorités ethniques. Ce sont d’ailleurs de ces minorités ethniques que l’essor du foot US peut se confirmer. Aussi bien en tant que vivier de joueurs (notamment les Latinos), comme du public : Toronto, dont la moitié de la population de la ville est étrangère, possède 16 000 abonnés, et Houston avec sa large communauté hispanique a vu sa moyenne de spectateurs augmenter.
Voilà. L’Amérique avance pas à pas. Avec une MLS sportivement au niveau moyen et aux moyens nivelés (voir le Salary Cap, qui plafonne à 1,8 millions d’Euros par club), le foot US est toujours essentiellement tiré vers le haut par sa sélection nationale, participante intéressante et finaliste pas crade de la dernière Coupe des Confédérations. A suivre en Afsud, où les Etats-Unis confrontés à l’Angleterre, Algérie et Slovénie peuvent décrocher les 8èmes. Surtout, l’Amérique est en lice pour l’organisation de la Coupe du Monde 2018. Un Mondial US 2018, une sélection plus que crédible au plan international (comme aujourd’hui) et une MLS en progrès, tant au niveau du jeu des joueurs, du bizness et de l’engouement populaire : voilà qui créerait peut-être (sans doute ?) le véritable déclic d’une nation toujours en instance de rejoindre la cour des grands. Time will tell…
Chérif Ghemmour
Pour plus de références sur le foot US, voir aussi l’article du 18 juillet 2007 sur sofoot.com de votre serviteur
PS : Le Togo, bien sûr… Pensées amicales et soutien à la délégation togolaise meurtrie par le mitraillage de son car, hier soir en Angola.
Par