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Flower of Scott

Par Maxime Brigand
5 minutes
Flower of Scott

Il fallait s'y préparer : mercredi dernier, Scott Parker a annoncé la fin d'une carrière débutée en 1997. Mais, à 36 ans, le Londonien, longtemps incompris du football de haut niveau, a déjà préparé une suite qui se jouera en costume.

Un rendez-vous au théâtre des souvenirs : la Donbass Arena, à Donetsk. Avec un autre destin, Scott Parker aurait pu faire tomber Bridget Jones dans ses bras, mais, à cette ligne de vie trop simple, la belle gueule a préféré se salir. Il faut le voir cavaler dans le soleil couchant de cette nuit de juin 2012, le voir tomber, se relever, replacer ses partenaires, donner des ordres à Steven Gerrard, mordre, animer. Si Richard Strauss estimait que ce n’est pas au chef d’orchestre de transpirer – mais « au public » –, Scott Parker, lui, a décidé de renverser cette vision. Simple, il n’est pas là pour les apparences, mais plutôt pour donner de l’équilibre à un ensemble : il a le charisme, il a l’autorité naturelle, il a une capacité d’organisation mentale supérieure et il a cette gueule sortie d’un autre temps qui anime un buste relevé. À cet instant, Parker a déjà presque tout connu, mais commence seulement à montrer sa véritable grandeur. Il a dépassé la trentaine, dénote par son approche du jeu, un maillot en permanence coincé dans le short et des chaussures noires, brillantes. Cette fois, l’Angleterre se rend compte du joyau qu’elle a entre les mains depuis près de quinze ans. Mieux vaut tard que jamais.

Alors, sur le tableau, Scott Parker hurle. Il hurle cinq fois. « I’m OK ! » Voilà près de soixante-dix minutes que l’Angleterre et la France se regardent dans les yeux, c’est le début de l’Euro 2012, et le milieu de cire ne souhaite pas s’arrêter. En levant la tête, il a vu Jordan Henderson s’échauffer, mais il estime sa mission encore incomplète. Il lui faut encore huit minutes, histoire de voir jusqu’où son corps peut tenir. Puis, il lève le bras et sort de scène. Scott Parker vient enfin de signer un pacte avec la reconnaissance de son talent par son pays.

The game is about work

Ses débuts en Premier League avec Charlton ont alors déjà quinze ans. Son envol raté à Chelsea a déjà huit ans. Lorsqu’il s’offre sa première sélection avec les Three Lions, le compteur pointe à 23 ans, mais il devra attendre neuf piges de plus pour porter, un jour, le brassard de capitaine. La génération de Gerrard, Lampard, Carrick prend toute la place et il faudra attendre Fabio Capello, en 2011, pour que les projecteurs bougent un peu. Son statut de meilleur jeune du pays a alors sept ans, celui de meilleur joueur du championnat est, lui, tout frais. Scott Parker est comme ça, il s’illumine sur le tard, soit près de dix ans après un titre de champion de deuxième division avec Charlton.

S’il fallait trouver un responsable, ce pourrait d’abord être cette Premier League sans cœur qui réfléchit avant tout avec des chiffres et qui fait bien souvent oublier ce qui fait vraiment triper le supporter de foot : un geste, un mot, un homme qui se dépouille. Aller à White Hart Lane voir jouer le Tottenham d’Harry Redknapp il y a quelques années était ainsi devenu une expérience formidable. Là-bas, on nous explique souvent que « le jeu est une question de gloire » , puis Scott Parker est un jour arrivé pour expliquer que le jeu est avant tout une question de travail. Parker ne fait pas gagner un match, il permet de le contrôler et de lui donner une autre dimension. Cela a été le cas à Charlton, à Newcastle, à West Ham, à Tottenham et à Fulham. Pas à Chelsea où il est venu se casser les dents en 2004 sur la révolution. Un an pour rien, donc.

Le nouveau chapitre

À 36 ans, Scott Parker a donc décidé de mettre fin à son voyage. Soit, deux décennies de foot, un peu moins de 600 matchs, 18 petites sélections et quelques larmes. Harry Redknapp parle de lui comme d’un « leader, un vainqueur, un porte-parole. Il faudrait trois ou quatre mecs comme lui dans chaque groupe. Malheureusement, j’ai peur que le foot ne revoie plus de Scott Parker avant un moment. » Alan Curbishley, son mentor à Charlton qui passera sa vie à alerter le monde sur les qualités évidentes de sa perle, préfère l’évoquer comme « un fils à qui l’on peut demander n’importe quoi. C’est un rêve pour chaque entraîneur. » Au milieu, Parker était alors dans son élément : l’orientation, la gestion, la récupération.

Comment sera la suite ? Évidente. Venir à Fulham en 2013, c’était avant tout préparer l’avenir, retrouver Curbishley et commencer à apprendre. En janvier 2016, Scott Parker s’ouvrira alors au Guardian sur ses envies : « Mon destin, ma passion, est d’apprendre à entraîner une équipe, d’influencer les choses par mes décisions et de rendre fier les gens. » Voilà donc ce « nouveau chapitre » ouvert, les premières lignes s’écriront à Tottenham, où Scott Parker va reprendre entre ses mains les U18. Il faut donc dire au revoir au joueur, apprendre à découvrir l’entraîneur et se dire que, peu importe le début, la fin restera la même : le jeu et la vie n’ont pas réussi à le coucher. Demain, avec sa mèche impeccable, Scott Parker sera probablement derrière la ligne, agitant sa main comme le gosse qu’il pouvait être sur un terrain et fera certainement encore chialer ses auditoires. C’était aussi ça, Scott Parker : l’émotion.

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