Chef d'orchestre
La suite est un véritable conte de fées. Enfin libéré, Felipe Anderson réalise des performances ahurissantes. Il terrasse la Sampdoria à lui seul (3-0, un but, deux passe dé'), puis il fait trembler la Roma lors du derby (2-2, un but, une passe dé), et ainsi de suite : du 15 février au 12 avril 2015, la Lazio enchaîne huit victoires consécutives en Serie A, et Felipe Anderson marque à cinq reprises. Il est pratiquement toujours décisif, c'est lui le chef d'orchestre de cette Lazio qui vient titiller la Roma pour la lutte pour la deuxième place. Sa fin de saison est un peu plus discrète, il passe notamment à côté de quelques matchs décisifs (finale de Coupe d'Italie, derby), mais quelques éclairs de génie à des moments importants permettent de confirmer qu'il est sans nul doute LE joueur de la saison côté Lazio.
Forcément, pendant l'été, les grosses écuries s'activent. Manchester United semble disposé à mettre sur la table une offre de 35 millions d'euros. Claudio Lotito refuse. Impossible de laisser partir sa pépite. Ce que le président ne sait pas, malheureusement, c'est que le magnifique joueur admiré pendant six mois est resté coincé au centre d'entraînement de Formello, le 31 mai dernier, lors de la fête organisée pendant la nuit avec les tifosi pour célébrer la qualification au tour préliminaire de la Ligue des champions. Depuis ce jour, on cherche désespérément à retrouver Felipe Anderson. La blague en vogue à Rome en ce moment dit même qu'il est resté au Brésil cet été, et que c'est son cousin qui est venu le remplacer.
Retour à San Siro, un an après
De fait, depuis le début de la saison 2015/16, Felipe Anderson est redevenu le joueur qu'il était lors de sa première saison à Rome : un joueur lent, timide, sans aucune inventivité, irritant, presque désabusé sur la pelouse. Lors des matchs décisifs de début de saison (tour préliminaire de C1, Supercoupe d'Italie), ceux où il aurait dû transcender son équipe comme il a su le faire la saison dernière, il a été fantomatique. Pas un geste, pas une idée, rien. Son talent a bien tenté de refaire surface ci et là : une frappe en lucarne face au Genoa le 23 septembre, un doublé contre le Torino le 25 octobre (dernière victoire en date des Biancocelesti en Serie A). Mais c'est tout. Felipe Anderson n'est plus. Stefano Pioli, qui en avait fait un titulaire indiscutable et indispensable, s'est même résigné à le mettre sur le banc à plusieurs reprises ces dernières semaines.
Comment expliquer une telle « désévolution » ? À Rome, évidemment, de nombreux observateurs comparent le phénomène Felipe Anderson à celui de Mauro Zárate. L'Argentin, monstrueux lors de sa première saison à Rome (2008-09) a sombré dès la deuxième année et n'est plus jamais redevenu le joueur qu'il était. FA semble souffrir du même syndrome. Il est dépendant du reste de l'équipe, et l'équipe est dépendante de lui : quand la Lazio était toute naze en 2013-14, lui était nul ; quand la Lazio était brillante en 2014-15, lui était étincelant. Et réciproquement. Ce soir, un an quasiment jour pour jour après le match qui l'a révélé, Felipe Anderson retrouve San Siro. Les données ne sont plus tout à fait les mêmes : l'Inter est désormais leader de Serie A et compte déjà 16 points d'avance sur les Biancocelesti. Il faudra au moins le meilleur Felipe Anderson pour que les Laziali viennent faire un résultat comme la saison dernière. Pour que Guido De Angelis ait à nouveau envie de hurler à la gloire de son petit prodige brésilien.
Par Éric Maggiori
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