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Falette : « Jouer le maintien, ça forge le caractère »

Propos recueillis par Alexis Billebault
6 minutes
Falette : « Jouer le maintien, ça forge le caractère »

Fils d’Albert, un ancien défenseur, Simon Falette (24 ans) découvre vraiment la Ligue 1 avec Metz cette saison. Au sein d’une équipe dont la défense est une des plus poreuses de l’élite (59 buts), le Guyanais a fait son trou, puisqu'il est, avec vingt-neuf matchs, le joueur le plus utilisé de l’effectif messin après Thomas Didillon. Et en plus, il marque...

On est défenseur de père en fils, chez les Falette ?Oui, ça doit être dans les gènes. Remarquez, j’ai commencé attaquant. Je me débrouillais plutôt bien, d’ailleurs. Et à 16 ans, quand j’étais à Lorient, on m’a repositionné milieu gauche. Puis latéral gauche. Et Christian Gourcuff a finalement estimé que j’apportais plus dans l’axe. C’est aussi ce que je pense, même si j’aime bien évoluer aussi à gauche, car cela offre plus de champ offensif.

Votre paternel, qui a joué à Angers, Rennes, au Mans et à Sedan, entraîne désormais Le Pontet (CFA). Occupe-t-il une place importante dans votre carrière ?C’est évidemment quelqu’un de très important pour moi. Il a joué au niveau professionnel. C’est moi qui lui donne cette place dans ma vie. Je lui demande des conseils. J’aime avoir son ressenti. Même si c’est toujours moi qui décide à la fin. Quand Metz s’est intéressé à moi, j’en ai parlé avec lui. Il m’a dit que c’était un bon club pour moi, que j’aurais sans doute un temps de jeu élevé. Car j’aurais pu aller ailleurs. J’avais des contacts en Belgique, en Allemagne, en Turquie.

L’exil ne vous tentait pas ?Partir pour partir ? Je pense que c’était important de passer par la Ligue 1. Je ne suis pas en train de vous dire que je n’envisage pas de jouer un jour à l’étranger. On verra. Mais si cela devait se produire, ce serait pour aller dans un bon championnat européen. L’été dernier, je ne m’imaginais pas partir comme ça. Je suis marié, j’ai deux enfants, je dois faire aussi des choix par rapport à ma famille.

Vous avez acceptez l’offre messine également parce que vous y connaissiez du monde ?C’est vrai. Je suis très proche de Cheikh Doukouré, que j’ai connu à Lorient. Je connaissais également Yann Jouffre, avec qui je m’entends bien, ainsi que Philippe Hinschberger, notre entraîneur, qui m’avait dirigé à Laval. On avait joué le maintien à l’époque, et j’avais apprécié sa façon de travailler. Cela m’a facilité les choses pour m’intégrer dans le groupe. Doukouré, c’est vraiment un ami. Mais mon choix était avant tout sportif. Il était temps, pour moi, de vraiment découvrir la Ligue 1. J’avais fait un match avec Lorient, il y a cinq ans, mais là, c’est différent. Je suis titulaire, dans une équipe qui joue le maintien. C’était un défi que j’avais envie de relever. On apprend beaucoup de choses dans ce contexte. Je savais très bien que Metz, en tant que promu, allait se battre pour rester en L1.

Si vous battez Caen samedi, vous aurez accompli une grande partie de votre contrat…On comptera 38 points. Le maintien serait presque acquis. Depuis le début de la saison, contre les équipes qui luttent pour ne pas descendre, on ne s’en sort pas trop mal. Même si, à l’aller, Caen avait largement gagné (3-0). D’ici la fin du championnat, on jouera aussi contre Nancy et Lorient. On peut vivre une belle fin de saison si on gagne samedi. En revanche, en cas de défaite…

Ce qui ne rend pas totalement optimiste, c’est la défense du FC Metz. Cinquante-neuf buts encaissés, quelques raclées contre Monaco (0-7, 0-5), Lyon (0-5, 0-3), Bordeaux (0-3, 0-3), Nancy (0-4), Caen (0-3), ça fait beaucoup…Ok, mais vous remarquerez que ces défaites ont été concédées la plupart du temps contre des grosses équipes. Mais c’est vrai que c’est embêtant. On prend beaucoup trop de buts. Il faut défendre tous ensemble. Si on a encaissé autant de buts, ce n’est pas seulement à cause des défenseurs. Tout le monde est concerné. Les erreurs collectives et individuelles nous coûtent parfois cher. Et puis, nous n’avons pas été épargnés par les blessures. On a fait de très bons matchs. D’autres très mauvais. C’est vrai que nous ne sommes pas très réguliers.

Et vous ? Avec vingt-neuf matchs et trois buts, pour une première vraie saison en L1, c’est plutôt encourageant, non ?J’étais venu pour jouer, mais encore fallait-il que je gagne ma place… Le coach me fait confiance. J’ai eu la chance de vite m’adapter au club, à l’équipe, à la ville. J’ai fait de bons matchs, d’autres moins bons. On apprend encore plus vite quand on joue dans une formation qui lutte pour le maintien. C’est une expérience que j’avais vécue à Laval. C’est usant mentalement, mais ça forge le caractère. Je vous dirai à la fin de la saison ce que je pense de mes performances, si on descend ou non. Mes trois buts ? Oui, c’est pas mal, pour un défenseur. Metz ne m’a pas fait venir pour ça, d’ailleurs. Mais je pense que je pourrais en mettre un peu plus.

Pourquoi n’êtes-vous pas resté à Lorient, qui vous a fait signer votre premier contrat professionnel ?Le club m’avait prêté deux saisons de suite à Laval, puis à Brest. Entre-temps, Gourcuff avait quitté le club. Quand je suis revenu de mon prêt à Brest, Sylvain Ripoll m’a fait comprendre qu’il ne pouvait pas me garantir un temps de jeu suffisant. J’étais un peu déçu, énervé, mais au moins, c’était clair. J’aurais aimé jouer en Ligue 1 avec mon club formateur, celui qui m’avait fait signer pro. J’ai donc été transféré à Brest. Je ne le regrette pas, car ça m’a beaucoup apporté.

Puisqu’on parle de Brest, êtes-vous surpris que ce club, où beaucoup de choses ont changé ces derniers mois, se retrouve si tôt aux portes de la Ligue 1 ? Après tout, on imaginait qu’une phase de transition s’imposerait naturellement…Tout ou presque a changé à Brest : les dirigeants, le staff technique, l’effectif a été pas mal bouleversé. Ce qui se passe cette saison ne m’étonne pas tant que ça : oui, ça va vite, mais ce qui manquait au club, c’est d’être un peu mieux structuré, avec notamment un vrai centre d’entraînement. Moi, je suis persuadé que l’équipe va monter à la fin de la saison. Ce serait vraiment mérité.

Au mois de juillet, la Guyane va disputer la Gold Cup, aux États-Unis. Comptez-vous y participer ?On m’a contacté à ce sujet. Évidemment, c’est intéressant : c’est une bonne compétition, qui va se jouer dans des supers stades. La Guyane est tombée dans un groupe assez fort (Canada, Honduras, Costa Rica). Pour l’instant, il est trop tôt pour prendre une décision. Je pense d’abord à ma fin de saison avec Metz. Il faudra également que j’en discute avec le staff. La Gold Cup aura lieu en juillet, en pleine période de préparation. On ne sait pas encore dans quelle division jouera Metz. Bref, c’est encore un peu loin…

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Propos recueillis par Alexis Billebault

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