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Falcao, buteur devenu boulet ?
Prêté à Manchester United à la fin du mercato estival, Radamel Falcao pensait conquérir la Premier League comme il l'avait fait en Liga. Cinq mois plus tard, le Colombien déchante et ne sait plus de quoi son avenir sera fait. Manchester United, Monaco ou ailleurs, difficile d'imaginer quel club voudra assumer son salaire pharaonique et les incertitudes sur son état de forme la saison prochaine.
Samedi 30 août 2014, Louis-II, l’AS Monaco accueille Lille. Dans les travées du stade, Radamel Falcao vient de troquer sa tenue sportive contre un costume cravate. Blessure ? Non, car le Colombien a le sourire. En réalité, il a déjà la tête ailleurs, au Real ou à Manchester United, où son agent Jorge Mendes s’active pour le caser. Ce sera finalement le Nord de l’Angleterre, et cinq mois plus tard, on peut se demander si l’ancien serial buteur a fait le bon choix : 13 matchs sur 22 possibles en championnat, seulement 8 titularisations et 3 malheureux buts pour autant de passes décisives. En restant à l’AS Monaco, où il en était déjà à deux buts en trois matchs, le Tigre aurait eu l’assurance d’être titulaire, de disputer la Ligue des champions – à moins qu’il ne la fuit – et surtout, n’aurait pas entamé une valeur marchande qui commence à s’éroder à Old Trafford. Dans l’effectif de MU, le Colombien souffre des tâtonnements tactiques de Louis van Gaal et de son manque de régularité personnelle. Depuis le 1er janvier et un match nul arraché à Stoke City (1-1), Falcao n’a plus trouvé le chemin des filets. Pire, pour l’une des rares rencontres qu’il a disputées de bout en bout, contre QPR le 17 janvier, le Colombien est resté muet, puis a vu le jeune avant-centre James Wilson planter le but du KO sous son nez.
Falcao, symbole des faiblesses de la nouvelle politique mancunienne
Maigre bilan pour un joueur qui, salaire et indemnité de prêt combinés, va coûter 26 millions d’euros à Manchester United sur la saison… Pourtant, Falcao reste le troisième buteur de son club, derrière Wayne Rooney (8 buts, 4 passes décisives) et Robin van Persie (8 buts, 2 passes décisives), preuve qu’au-delà de ses lacunes personnelles, il paie les difficultés de tout le collectif mancunien. Un collectif mis à mal par le changement de politique du club qui, cet été, a fait chauffer son chéquier pour recruter une flopée de joueurs confirmés (Di María, Falcao, Blind, Rojo, Herrera…) quand la politique sous Sir Alex Ferguson consistait à faire sortir des jeunes du centre de formation en se contentant d’ajustements ou paris d’avenir. Même si l’ère David Moyes est également en cause, cette révolution a coûté aux Red Devils une partie de leur fonds de jeu et de leur identité, perte symbolisée par le récent transfert de l’emblématique Darren Fletcher à West Ham. En contrepartie, ils ont aussi réussi à retrouver des résultats dignes de leur standing avec une quatrième place pour le moment synonyme de Ligue des champions. À sa manière néanmoins, Radamel Falcao représente les faiblesses de la nouvelle « philosophie » de MU.
Qui veut de Falcao ?
Reste la question de l’avenir du Tigre. Dans la situation actuelle, on imagine mal Manchester United lever une option d’achat fixée à 55 millions d’euros ni même proposer un transfert définitif à l’AS Monaco. Or, en le prêtant en Angleterre fin août, les dirigeants russes de l’ASM pensaient probablement se délester définitivement d’un salaire devenu pesant en raison du fair-play financier. Sur Sky Sport Italia, Jorge Mendes avait déclaré que son client serait dans l’un des meilleurs clubs du monde la saison prochaine, « Manchester ou non » . Impossible à contredire il y a deux ans, cette hypothèse n’est plus aussi certaine aujourd’hui, les clubs susceptibles d’assumer son salaire princier (Real Madrid, PSG…) n’étant plus forcément intéressés par ses services. À moins que Louis van Gaal ne s’inspire de Sir Alex Ferguson, toujours prompt à relancer ses attaquants en difficulté contre des équipes de bas de tableau. La venue de Leicester samedi pourrait donc être l’occasion de laisser rugir le Tigre à nouveau. Et qui sait, peut-être relancer l’instinct de tueur qui le caractérisait il y a encore quelques mois ?
Par Nicolas Jucha