Enfin un créneau pour Radamel
La thèse germait depuis novembre, lorsque Chelsea se cachait à peine de chercher un nouveau numéro 9, mais Monaco était alors formel : Radamel est persona non grata. Un mois et quelques cauchemars offensifs plus tard, les Monégasques ont tout intérêt à se montrer moins obtus. Et la prophétie est arrivée le 16 décembre par Gilles Favard, ancien recruteur et consultant sur L'Équipe 21, qui assènait sans sourciller sur la chaîne : « Falcao va rentrer à Monaco. » Pourquoi forcément imaginer un retour sous les soupirs de gêne ou d'agacement des Monégasques, plus tristes qu'autre chose de voir revenir leur ex-prodige devenu paria du football européen ? Car être monégasque en 2016, c'est être un homme de plaisirs simples. Fini l'époque où les Rouge & Blanc se voyaient comme une nouvelle Byzance, aujourd'hui ils ne demandent au père Noël qu'un attaquant capable de marquer plus que Loïc Perrin. Car si le défenseur vert a déjà planté trois pions cette saison, Lacina Traoré, attaquant le plus prolifique de la Principauté, compte les siens sur deux doigts.
Comble, cinq Monégasques dont deux défenseurs se partagent le titre de meilleur buteur du début de saison avec trois petites unités sur chacun de leurs compteurs. Les cajoleurs de ballons, Anthony Martial, Dimitar Berbatov, sont bien loin, et le phénix déplumé El Shaarawy et son zéro pointé en Ligue 1 sont le pétard mouillé de l'année. Dans ce contexte apocalyptique, un retour de Radamel Falcao pourrait être salutaire. Comme un type recalé de toutes les boîtes devant lesquelles il se présente, ou à peine invité à prendre un verre de jus au bar, le Colombien est devenu un spécialiste de la porte fermée. Il arriverait donc pour la première fois en deux ans dans une équipe qui a besoin de lui. Parfait pour sortir du terrible cercle vicieux : « Il faut que je joue pour retrouver la confiance, mais comme je joue peu, je joue mal, et donc je perds confiance. »
Le fantasme
Certes, le classique « Falcao n'entre pas dans les plans de Mourinho » avancé depuis le début de saison n'a plus lieu d'être après le départ du Mou. Mais même si Guus Hiddink est venu observer le Colombien dimanche dernier à l'entraînement afin de juger de son état de forme, comme le rapporte le Telegraph, rien n'indique que le nouveau boss de Chelsea a des ambitions pour son attaquant. Ayant pour exigence principale du temps de jeu, Falcao aurait certainement beaucoup plus de minutes à jouer dans le Monaco actuel que dans le futur Chelsea. Se frotter à un championnat moins relevé lui permettrait en outre de réapprendre à marquer, et dans une Ligue 1 bien triste derrière l'ogre parisien, Monaco, actuel dauphin, peut lui offrir l'occasion de participer à une campagne en C1. Et même si la terre entière l'a vu traîner comme une âme en peine à Old Trafford, Stamford Bridge ou en sélection, Falcao fait encore naître chez les coachs le fantasme d'être celui qui arrivera à le remettre sur les rails.
À Monaco, propriétaire du joueur, de saisir cette opportunité qui ne représente qu'une prise de risques limitée des deux côtés, si ce n'est bien sûr la question épineuse du salaire démentiel de Falcao (environ 200 000 euros nets par semaine). Du côté du Rocher, opération silence radio. « Je ne parle pas des joueurs qui ne sont pas là » , répondait encore Jardim récemment en conférence de presse. Le principal intéressé, lui, semble laisser couler. Et s'il a dégainé son compte Twitter il y a trois jours, c'est uniquement pour venir en soutien à la miss Colombie annoncée gagnante par erreur de miss Univers. Avec ce message simple : « Tous les Colombiens vous entourent d'affection et vous aiment » , comme un souvenir du bon vieux temps où c'était lui l'enfant chéri de tout un peuple.
Par Alexandre Doskov
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