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Faites place au prince Henry

Par Maxime Brigand
4 minutes
Faites place au prince Henry

Cible prioritaire de l'AS Monaco pour remplacer Leonardo Jardim, qui a quitté la Principauté jeudi dernier, Thierry Henry a décidé comme prévu de prendre le banc du Rocher. Il a signé un contrat de trois ans. Sa carrière d'entraîneur peut enfin débuter.

Leçon de la semaine : ne jamais confier un secret à Thomas Meunier. Thierry Henry s’est pointé en début de semaine au centre national de Tubize, cœur de vie de l’Union belge, comme si de rien n’était, du moins c’était l’idée. Professionnel jusqu’au bout des ongles, le premier adjoint de Roberto Martínez a posé des plots, taquiné ses Diables, bossé sur la préparation de la réception de la Suisse, et a laissé les autres raconter sa vie, lui ne souhaitant toujours pas s’exprimer. Ce qui a finalement donné une mèche vendue, entre les questions, par le défenseur du PSG : « On n’en parle pas avec lui et il évite d’en parler… on lit ce qu’il y a dans la presse, j’espère juste pour lui qu’il trouvera un bon club et qu’il parviendra à s’imposer en tant que coach…(…)Bon on s’attend quand même à une séparation. » C’était attendu, nous y voilà : cible prioritaire pour remplacer Leonardo Jardim, roi Midas de la Ligue 1 déchu officiellement jeudi après-midi après quatre années de règne, Henry a finalement quitté Bruxelles, après un dernier tour de piste dans l’ombre face à la Suisse, pour s’engager avec l’AS Monaco. Monaco, là où tout a commencé. Monaco, club auquel Henry appartenait en 1998 lorsqu’il soulevait la Coupe du monde, à 20 ans. Monaco, terre sur laquelle Titi a bossé son plat du pied entre 1993 et 1999. Monaco, là où tout va donc recommencer, dix-neuf ans après son départ du Rocher.

« Il est prêt »

C’est l’histoire d’un homme de 41 ans qui ne pouvait plus attendre, dont la relation avec son pays est bancale depuis une dizaine d’années, et qui va donc se lancer dans le coaching au même endroit que Didier Deschamps, dix-sept ans plus tard. Interrogé cette semaine dans L’Équipe, Roberto Martínez, qui louait lors du Mondial « l’apport essentiel » du meilleur buteur de l’histoire des Bleus, ne disait pas autre chose : « C’est un obsédé du jeu. Il vit pour ça et avec le jeu. Il est prêt à s’engager. » Personne n’en doute et les derniers mois l’ont prouvé : Bordeaux a tenté le coup en août en lui offrant la suite de Gustavo Poyet, Henry a refusé poliment, faute d’obtention des garanties sportives nécessaires et d’un environnement stable ; Aston Villa s’est également mis sur le dossier début octobre pour remplacer Steve Bruce, mais Dean Smith a finalement récupéré le poste… Alors, pourquoi Monaco ? Car Thierry Henry connaît la maison déjà, une institution qui lui a ouvert les portes à plusieurs reprises pour venir donner des conseils aux jeunes du centre de formation et qui semble prête à lui offrir tout ce qu’il souhaite, financièrement comme sportivement. Entre autres, l’ancien joueur d’Arsenal souhaiterait poser sa patte sur le recrutement monégasque et réaxer la tranche d’âge des recrues, l’ASM, 18e de Ligue 1 et assise sur une série de dix matchs consécutifs sans victoire toutes compétitions confondues, manquant clairement d’expérience cette saison.

Le joueur d’échecs

Place à la découverte, désormais, car l’arrivée de Thierry Henry sur un banc parle avant tout de mystères : que donnera en tant qu’entraîneur ce type qui réfléchissait sur un terrain, selon Sol Campbell, « comme un joueur d’échecs. Avec quatre, cinq, six coups d’avance » ? Tout ça est un début de voyage, riche en attentes, et c’est la force de la chose, même si la force d’Henry aura été d’apprendre et d’écouter avant de plonger. Et de parler, aussi, souvent avec brio, ce qui a contribué à faire monter la sauce, par exemple lors d’un entretien devenu must avec le basketteur J.J. Redick, dans lequel le Français évoqua en longueur l’importance du cerveau : « Si tu vois l’action avant l’autre – peu importe qu’il soit plus costaud ou plus rapide –, il est mort. » Ça, Thierry Henry l’a appris à Monaco, aux côtés de Claude Puel surtout, mais aussi de Youri Djorkaeff comme il l’expliqua dans L’Équipe Magazine il y a treize ans : « Un jour, Youri m’a dit : « Quand tu as la balle, on ne dirait pas que c’est ton ballon. Tu l’as, tu cours, mais tu ne sens pas que le ballon t’appartient. Je n’ai pas peur de toi, car si je veux te le prendre, je suis sûr que je l’aurai. » Depuis, quand je reçois la balle, je décide que c’est mon ballon, ma propriété. » Une idée du Henry tueur, survivant, construit sur l’envie de « mettre un sourire sur le visage » d’un père premier juge, extrémiste. Ce que sera sans aucun doute le Thierry Henry coach, même si l’homme n’a encore jamais dirigé une séance en temps qu’entraîneur numéro un, sans expérience et dont la composition du staff sera logiquement essentielle. Première réponse samedi, à Strasbourg.

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