Revenons-en déjà aux faits : au micro de Canal Plus Sport, jeudi dernier, Evra a exprimé ses doutes sur la capacité d'Arsenal à tenir la distance, expliquant que le vrai rival de United pour le titre était Chelsea : « Arsenal aujourd'hui, c'est un centre de formation. (...) Je regarde le match, je prends du plaisir, mais est-ce que je vais gagner un titre après ? C'est ça que les gens retiennent. (...) Les gens se font endormir sur le jeu d'Arsenal. (...) Un grand club comme ça, ça fait cinq ans qu'ils ont rien gagné, pour moi, c'est la crise, c'est n'importe quoi. On peut perdre contre eux le 13, mais à l'arrivée il y a quoi ? » . Voilà. Premièrement, rappelons que Patrice Evra a prononcé ces paroles devant un média français. Le défenseur n'avait donc pas comme objectif de déstabiliser son adversaire en s'adonnant au trashtalking, souvent de rigueur chez les Anglo-Saxons. Ne pas voir dans cette interview un message du type “On va les exploser, comme d'habitude”, juste un constat.
Secundo, il reconnaît lui-même qu'Arsenal est un grand club, qu'il pratique un beau football et qu'il représente quelque chose, historiquement comme symboliquement, en Angleterre. Sauf qu'il a beau se cacher derrière une quelconque philosophie de jeu, une traversée du désert longue d'une demi-décennie, à peine sauvée par une finale de C1 en 2006, ça fait un peu tache lorsque l'on veut compter sur l'échiquier européen. Bien jouer, c'est bien, gagner, c'est mieux. Et gagner en jouant bien, c'est grosso modo ce que fait Manchester United depuis vingt ans. Cet Arsenal-là a malheureusement prouvé à maintes reprises qu'il lui manquait un truc pour le très très haut niveau. Comme du caractère lorsque les choses se corsent, en témoigne le naufrage du Camp Nou en quarts de Champions l'an passé (4-1). En bref, tant qu'Arsenal n'aura pas remporté le championnat avec la génération que tonton Wenger pouponne depuis plusieurs saisons, le club sera toujours assimilé à un centre de formation géant. Seulement, à en voir le nombre de fois où l'on a pu se dire “Cette année sera la bonne” en septembre, pour se rendre compte après les fêtes qu'il s'agissait d'un pétard mouillé, rien ne dit que ce jour arrivera dans un futur proche.
Cela dit, à quatre jours d'un choc entre Manchester et Arsenal, peu dire que les propos du Français sont malvenus, en plus d'être maladroits. Ce n'est ni la bonne semaine, ni même peut-être la bonne année pour dézinguer Arsenal. Car pour la première fois depuis un bail, Arsenal n'a pas perdu de joueur clef lors du mercato estival. Après avoir dû se séparer successivement de Vieira, Henry, Ashley Cole, Adebayor ou encore Kolo Touré, le club a su convaincre Fabregas de poursuivre l'aventure. Assimiler Arsenal à une nursery pour grands clubs est un petit peu moins évident aujourd'hui. Reste encore aux Baby-Gunners à prouver sur le terrain que Patrice Evra se trompe.
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