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ACTU MERCATO

Everton et contre tous

Par Romain Duchâteau
Everton et contre tous

Parce qu’il n’y a pas que le Derby de Manchester au centre de cette 31e journée de Premier League. Un alléchant Tottenham-Everton, décisif dans la course à l’Europe, se dispute cet après-midi (15h05) à White Hart Lane. Et c’est une demi-surprise de retrouver la formation de David Moyes se mêler à ces places, elle qui alterne sans cesse exploits et débandades inattendus.

« Une fois qu’Everton vous a touché, rien n’est plus pareil » . Les mots sont signés feu Alan Ball, ancienne idole evertonianne de la fin des années 60. C’est en substance, aussi, ce que ressentent les supporters de l’équipe couleur bleue de Liverpool. De l’ambiance survoltée de Goodison Park au profond abattement, en passant par des exploits improbables aux déconvenues les plus incompréhensibles, chaque semaine, les supporters d’Everton ne savent jamais sur quel pied danser. De l’émotion, mais une sale habitude, presque prévisible dans leurs esprits avant qu’une nouvelle saison de Premier League ne se profile. « Quand vous êtes Evertonian comme moi, vous craignez toujours le pire. Parce que le club n’a pas un très grand budget, n’a pas les moyens de faire venir de grandes vedettes. Normalement, la saison s’annonce difficile pour tous les Evertonians. Mais, une fois de plus, ils nous ont réservé des surprises… » , résume Ric George, consultant à Canal + et supporter revendiqué de l’autre club de Liverpool. Oui, les Toffees cultivent leurs paradoxes. Outsiders au visage séduisant, ils demeurent toutefois incapables de s’évertuer à changer un scénario écrit d’avance.

Champion de l’inconstance

Les objectifs de David Moyes étaient jalonnés, fixés, martelés en début de saison. Everton se devait de faire un bon parcours en Cup et, surtout, titiller le Big Four. Le message semblait être entendu par tous ses poulains. Sur les 19 premières journées de championnat, les Toffees marchaient au rythme de 1,7 point par match. De quoi bousculer cette vieille habitude de toujours mal débuter avant de se reprendre en deuxième partie de saison. Sauf que l’embellie s’est montrée fugace. Depuis, l’escouade anglaise a quelque peu baissé de pied avec 1,3 point. L’irrégularité, justement, c’est là que le bât blesse. Illustration même il y a un mois de cela. Le 9 mars dernier, en quarts de finale de la FA Cup, Everton a l’occasion d’accéder au tour suivant face à la modeste formation de Wigan. Largement favoris, les pensionnaires de Goodison Park prennent, à la surprise générale, une gifle lamentable (3-0). De quoi nourrir des regrets, encore plus quand on sait que c’est Millwall (D2) qui les attendait en demi-finale à Wembley… Alors, quand une semaine plus tard, ils reçoivent Manchester City, tout le monde craint la fessée. Que nenni. Le champion en titre d’Angleterre se fait presque logiquement froisser par une troupe evertonianne transfigurée (2-0).

Même si la lecture du classement actuel – 6e de Premier League à cinq points d’Arsenal (4e) et quatre de Chelsea (5e) – suggère que le nonuple champion d’Angleterre a encore ses chances, son inconstance immuable constituerait un écueil trop important pour espérer briguer les places européennes. « Il n’y a qu’Everton capable de faire les deux extrêmes. L’irrégularité de ce club est trop régulière pour moi. Champion’s League, ils n’ont aucune chance. L’Europa League, ça va être très difficile aussi parce que la concurrence est rude pour les places qualificatives. Moi je signe tout de suite s’ils terminent 5e. À mon avis, ils vont terminer entre la sixième et huitième place » , confie catégoriquement Ric George. Forcément, avec une telle réputation de club irrégulier, Everton a été contraint de vivre dans l’ombre des succès raflés par ses rivaux intimes, les Reds de Liverpool. Une situation dure à avaler pour tous les fans et qui n’a pas changé depuis l’avènement de Moyes, comme le regrette le journaliste britannique. « Il y a souvent deux points sur lesquels on critique Moyes. Le premier est qu’il n’a jamais gagné à Anfield en onze ans. C’est très agaçant ça. Le second : il n’a pas remporté le moindre trophée » . Et ce n’est pourtant pas les occasions qui ont manqué ces dernières années. Une finale en 2009 et une demi-finale de Cup lors de l’exercice précédent perdue… contre Liverpool. Fuckin’ bad luck.

Moyes, l’architecte

Certes, David Moyes n’a pas rajeuni une armoire à trophées bien poussiéreuse. Mais à la décharge du manager écossais de 49 piges, il ne bénéficie pas de moyens financiers considérables comparés à ses concurrents. Pour preuve, le nombre de biftons claqués depuis quatre ans sur le marché des transferts par les cadors Manchester City (585 millions d’euros), United (172 M€) et Chelsea (316 M€), ainsi que les autres prétendants au Big Four que sont Arsenal (151 M€), Tottenham (206 M€), Liverpool (264 M€) voire Newcastle (84 M€). Everton n’a, lui, dépensé « que » 62 millions d’euros. Le plus gros transfert de l’histoire du club reste d’ailleurs Marouane Fellaini, acheté 20 millions d’euros. C’est dire le gouffre abyssal entre le club de la Mersey et les équipes avec lesquelles elles luttent. Du coup, il pallie ce fossé en pratiquant une politique bien à lui : le prêt de joueurs. Avec le peu de moyens à sa disposition, Moyes a donc réussi à ériger Everton comme une équipe capable d’emmerder les poids lourds du Royaume. Mancini, qui n’a jamais gagné à Goodison Park avec City, et Ferguson, qui a imputé la perte du titre la saison dernière après un nul (4-4) contre les Toffees, peuvent en témoigner. Et les résultats historiques en championnat de l’ancien coach de Preston North End plaident de surcroît en sa faveur. « Cela fait maintenant onze saisons que David Moyes est là. Lorsqu’il est arrivé au club en 2002, Everton risquait de descendre. Grâce à lui, ils ont terminé 15e donc assez loin des places relégables. Depuis, il a su s’imposer au club et a bien travaillé durant toutes ces années. S’il termine dans la première partie du tableau, cela fera sept fois de suite qu’Everton terminera dans les dix premiers. Ce serait encore un miracle pour lui, pour nous aussi » , étaye Ric George.

Outre les résultats probants, celui que beaucoup considèrent comme l’un des meilleurs entraîneurs outre-Manche a su imposer une touche attrayante au jeu de son équipe. Ce qui n’était néanmoins pas le cas au début. Mais au fil des années, les Toffees ont réussi à se distinguer par leur propre style. Le parfait amalgame entre un Stoke City, adepte du kick & rush flanqué de joueurs très physiques, et un Swansea, au profil plus technique où l’on pose le cuir au sol et cherche davantage les espaces. « Dans le passé, c’est vrai qu’Everton balançait un peu trop le ballon. Depuis deux, trois saisons maintenant, ils jouent bien au ballon, assez offensivement, avec des attaques placées. Ils mélangent la technique avec le physique. La force d’Everton reste sa combativité, continue le membre de l’émission The Specialists sur Canal + Sport. Ils n’ont pas peur de rentrer dedans parce qu’ils ont des joueurs capables de cela. Comme Fellaini, Jagielka, Gibson… Ils aiment le jeu physique. Et dans le championnat anglais, c’est très important. Il y a aussi un côté technique qui peut faire peur aux équipes adverses. Fellaini, par exemple, peut faire les deux. C’est le style idéal pour le football anglais. Il manque juste de meilleurs joueurs afin de se montrer hyper performants » . C’est là, aussi, l’un des points louables du patriarche Moyes. Tirer le meilleur de son effectif alors qu’il ne compte aucune véritable star. Treize internationaux garnissent les rangs, seulement six étant issus de nations dans le top 20 du classement Fifa (Baines, Jagielka et Osman pour l’Angleterre, Fellaini et Mirallas pour la Belgique, Jelavic pour la Croatie). Dans les hauteurs du classement de Premier League, la formation de Liverpool fait ainsi bel et bien figure d’ovni.

Vers des départs majeurs cet été ?

Inconsciemment, le roublard britannique a installé son écurie parmi celles qui comptent au sein de la perfide Albion. Ce genre de team avec ce brin de folie dont les supporters raffolent. Mais la fin de saison semble annoncer une période charnière dans l’histoire d’Everton. En fin de contrat en juin prochain, Moyes a laissé son avenir dans l’expectative. Même si Ric George a, lui, déjà sa petite idée sur le sujet. « Il va partir, c’est quasiment certain. Au mois d’octobre, il a dit qu’il allait parler de son contrat au mois de décembre. Puis, arrivé décembre, il a repoussé les discussions jusqu’en fin de saison. Pourquoi ? Parce qu’il veut savoir où il en est avec le club. Il misait sur la Coupe d’Angleterre, c’est foutu maintenant. Sur des places européennes également, ça s’annonce difficile même si c’est toujours possible. Il en a marre de travailler sans arrêt pour rien. Il estime que son travail avec Everton mérite soit un club plus huppé, soit un budget plus élargi » . Quitter le navire, oui, mais pour aller où ? Il n’a jamais caché son attirance envers la Bundesliga d’où un intérêt de Schalke évoqué, sauf qu’on l’imagine mal s’expatrier hors des frontières de Sa Majesté. Mais, là encore, le doute subsiste. Car quelle équipe de plus haut standing accepterait d’engager un coach sans aucune expérience en C1 et qui n’a pas remporté un seul titre ? D’autant que rejoindre des clubs comme Chelsea ou City induirait un certain manque de stabilité et signifierait cohabiter avec les désidératas de ses employeurs. Ce qui est tout l’inverse à Everton. Le technicien a noué d’excellentes relations avec le président Bill Kenwright. Surtout, il a toute latitude en ce qui concerne le domaine sportif. Une éventuelle prolongation contractuelle n’est donc finalement pas à exclure.

Bien ancré au club, son probable départ a de quoi effrayer le peuple evertonian, lui qui sait ce qu’il lui doit. « Quand vous êtes là depuis onze ans, on s’habitue à vos méthodes, à votre management. Le point fort de David Moyes, c’est son habileté à faire venir des joueurs. De bons joueurs qui ont un prix assez bas. Il a un bon flair sur le marché des transferts. Alors, si son successeur n’est pas aussi fort que lui et dispose toujours des mêmes moyens, j’aurais peur » , redoute George. Parce qu’au-delà de la période post-Moyes annoncée, Everton va sans doute être confronté aux départs de joueurs majeurs cet été : Fellaini et Baines. Car en plus d’avoir les looks les plus improbables de l’escouade, les deux Toffees s’illustrent en tant que top-class players de la formation. Le Belge à la coupe afro est le plus courtisé et serait l’une des priorités de Chelsea au mercato estival. Même son de cloche pour le gaucher à la coupe façon seventies du côté de Manchester United où son profil plairait. « Il y a trop de rumeurs sur Fellaini qui me font croire qu’il ne va pas rester. Il fait une très bonne saison et juge qu’il mérite un club dans le Big Four. D’ici le mois d’août prochain, il va rejoindre probablement Chelsea. Baines, on l’annonce à United depuis deux, trois ans déjà. C’est le joueur le plus régulier au club, peut-être le meilleur. Il est plus fort qu’Ashley Cole pour moi actuellement et mérite d’être numéro un au poste d’arrière gauche en sélection anglaise » . L’été ne présage rien de bien reluisant près de Goodison Park. Mais les quelques lueurs présentes dans les alentours viendront rappeler qu’Everton n’entend pas encore baisser les armes. Comme toujours. En attendant de donner enfin raison à la devise intemporelle du club : Seul le meilleur est suffisant.

Après la trêve internationale, place au festin !

Par Romain Duchâteau

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