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Et si le football perdait la tête ?

Par Gabriel Cnudde
Et si le football perdait la tête ?

Les études se multiplient, les avis divergent, le débat est lancé : doit-on ou non interdire le jeu de tête aux plus jeunes joueurs de football, voire même à tous les joueurs ? Les amoureux du jeu répondent « jamais de la vie », certains médecins et scientifiques pensent, eux, qu'il s'agit d'une question de santé publique.

À quoi aurait ressemblé le France–Brésil du 12 juillet 1998 si Zinédine Zidane n’avait pas eu le droit de reprendre deux corners de la tête ? Aurait-on retiré le surnom de « Flying Dutchman » à Robin van Persie s’il n’avait pas eu la possibilité d’inscrire son but d’une tête plongeante incroyable face à l’Espagne, lors de la dernière Coupe du monde, au Brésil ? Un club français aurait-il remporté la fameuse Ligue des champions si Basile Boli n’avait pas pu marquer de la tête face au Milan AC, en mai 1993 ? Plus globalement, à quoi ressemblerait le football si on retirait à ses pratiquants toute possibilité de jouer le ballon de la tête ? À un sport complètement différent, sans aucun doute. Et si cette perspective semble aujourd’hui n’être rien de plus qu’une simple fantaisie, quelques personnes œuvrent pour qu’elle devienne une réalité, au moins chez les plus jeunes joueurs, alors que d’autres s’indignent et répondent que cette solution ne permettrait pas d’éliminer les risques de commotion.

Safer Soccer Campaign

Sous l’égide du Sports Legacy Institute – une organisation à but non lucratif créée par l’ancien catcheur Chris Nowinski et le docteur Robert Cantu – et de l’Institut des lois et de l’éthique du sport de l’université de Santa Clara, la Safer Soccer Campaign a été lancée en 2014. Le principe est simple : des spécialistes et des sportifs vont prêcher la bonne parole dans toutes les écoles du pays, expliquant aux coachs et aux parents que les têtes doivent être bannies du football chez les jeunes de moins de quatorze ans. Et les chiffres présentés parlent forcément pour eux. « Jouer le ballon de la tête est de loin le risque n°1 de commotion chez les jeunes, causant plus de 30 000 commotions par an » , peut-on lire sur le site internet de la campagne. Alors, pour convaincre, il a fallu s’armer du soutien de quelques champions. Ou plutôt championnes. Brandi Chastain et d’autres membres de la Team USA féminine de 1999 se donnent corps et âmes à cette cause. Et elles n’évoquent pas que les risques liés aux commotions.

« En tant que coach, je préférerais que mes joueurs se concentrent sur leur niveau balle au pied pour progresser en tant que footballeur. Je suis persuadée que cela créera un football à la fois meilleur et plus basé sur la sécurité » , écrit Brandi Chastain sur le site internet du mouvement. Ainsi donc, si les jeunes arrêtent d’apprendre à jouer de la tête, on se dirigerait doucement vers un football qui collerait enfin parfaitement à la signification de son nom : on ne jouerait plus qu’avec les pieds. À terme, l’objectif de cette campagne est fixé et simple. Il s’agit de forcer l’American Youth Soccer Organization et la Fédération américaine à interdire l’usage de la tête chez les moins de quatorze ans. Et pour y arriver, tous les moyens sont bons. Même l’exagération des propos. « Dès que je jouais de la tête, je voyais des étoiles. J’avais tout le temps mal à la tête, à la mâchoire, j’étais fatiguée. J’ai encore besoin d’un GPS pour conduire dans mon propre quartier sans me perdre » , confiait Parlow Cone, une ancienne joueuse, à HBO, il y a quelques jours. Mais au final, le risque est-il vraiment si élevé ?

Garder la tête sur les épaules

À force de crier au loup, la Safer Soccer Campaign a éveillé l’intérêt de plusieurs médecins, dont celui du docteur Dawn Comstock, spécialiste à l’école de santé publique de l’université du Colorado. « Je ne voulais pas aller contre leur campagne, je veux moi aussi la sécurité des enfants, mais j’aime que les preuves avancées soient complétées par des chiffres » , expliquait-elle à JAMA Pediatrics, ce lundi. Après une étude approfondie, son équipe et elle en sont arrivées à la conclusion que le jeu de la tête n’était pas responsable d’autant de commotions que l’affirmait la campagne. « Si on enlève le jeu de tête, on pourra éradiquer quelques risques, mais pas les plus gros. Mais le véritable problème, ce n’est pas le jeu de tête, mais le jeu trop physique » , confiait-elle en analysant ses résultats. « Nous pouvons contrôler le niveau d’agressivité dans le jeu. C’est aux coachs et aux arbitres de s’assurer du bien-être des enfants. »

Protéger les enfants est évidemment le premier but de cette campagne. Le problème est que pour servir cette noble cause, les arguments employés sortent du simple contexte médical. Et c’est là qu’est le problème. Affirmer que les têtes sont dangereuses pour les jeunes enfants est acceptable, puisque vrai, dans une certaine mesure. En revanche, affirmer que sans le jeu de tête, le football progresserait et deviendrait encore plus plaisant à jouer comme à regarder, c’est oublier que des pans entiers de l’histoire du ballon rond ont été écrits à grands coups de casques. Et que d’autres pages s’écriront encore certainement à l’aide de ce fabuleux instrument qu’est la tête de l’être humain.

Après la trêve internationale, place au festin !

Par Gabriel Cnudde

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