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Et Offenbach gagna la Pokal

Par Côme Tessier
5 minutes
Et Offenbach gagna la Pokal

Offenbach, club de 4e niveau, accueille le Borussia Mönchengladbach en 8e de finale de Pokal. Un duel certes déséquilibré, mais qui rappelle de beaux souvenirs à l'Allemagne du football, ceux d'un temps où les Kickers jouaient les trouble-fêtes et gagnaient un titre inattendu : l'étrange Pokal de l'été 1970.

Les Kickers d’Offenbach n’appartiennent plus au monde professionnel du football allemand. À l’été 2013, un problème de licence leur coûte leur place en 3. Liga. Leaders de leur poule de Regionalliga cette saison, ils sont loin d’être assurés d’une remontée proche en D3 car, pour cela, il va falloir se frotter en barrage aux autres clubs des divisions régionales, dont certaines Traditionsvereine comme Rot-Weiß Essen et l’Alemannia Aix-la-Chapelle. La route pour retrouver le plus haut niveau est encore longue. Alors, il n’y a bien que la Pokal pour rêver des sommets quand on vient d’Offenbach, 45 ans après le premier et seul titre du club dans cette compétition.

Derby et western spaghetti

En 1970, la Coupe du monde au Mexique est programmée dès la fin du mois de mai et chamboule le calendrier habituel. Les Allemands choisissent ainsi de décaler leur Coupe nationale, la DFB-Pokal, à l’été 1970, en dehors d’un premier tour joué l’hiver. Ce remaniement est favorable à Offenbach : le club obtient sa promotion en Bundesliga suite à une victoire contre Bochum et se renforce avant son huitième de finale contre Dortmund. Le tout-nouveau champion d’Allemagne Winfried Schäfer signe notamment au club en provence de Mönchengladbach ; un nouvel entraîneur doit venir de Regensburg, Aki Schmidt. Malheureusement, celui-ci est victime d’un accident de la route. Kurt Schreiner, habitué aux intérims chez les Kickers, prend la relève temporairement. En un mois tout rond, il mène Offenbach à un sommet imprévu.

Sur leur route vers la finale, les Kickers souffrent quelque peu, sans surprise, mais passent tous les obstacles : Dortmund est défait en prolongation (1-2), de même que Nuremberg (4-2) en demi-finale. Entre les deux, le match le plus important est réussi avec brio. Le tirage au sort a réservé une jolie confrontation avec l’Eintracht Francfort, le club voisin, l’ennemi juré, le rival. L’objectif du président Canellas est d’ailleurs simplissime à l’époque : « Tout ce qu’on veut, c’est être moins mauvais que Francfort » . Offenbach, du haut de ses 117 000 habitants, s’impose sereinement 3-0 à l’extérieur. Un coup d’éclat qui assure déjà la pleine réussite des Kickers dans la compétition. Et pourtant, il reste le point d’acmé : une finale contre l’immense FC Cologne, à Hanovre, le 31 août 1970. Arrivés sur place, les joueurs d’Offenbach vivent la belle vie. Pour leur première soirée, ils ont le droit à une virée ciné avec la projection du western spaghetti Django, interprété par Franco Nero. Un western violent, aux armes de destruction massive. De quoi les inspirer ? Alors que la Bundesliga est tiraillée par les bandes rivales de Mönchengladbach, du Bayern et de Cologne, cet OFC vagabond qui s’est faufilé jusqu’à la finale règle sa mire sur son ultime objectif : devenir le premier club de D2 (officiellement, la compétition ayant commencé en janvier 70) à remporter la Pokal.

Un succès bien Aki

Le Niedersaschsenstadion n’est pas plein, malgré tout de même 50 000 spectateurs au total, à une époque où le match n’est pas diffusé en direct. Ils sont environ 8000 à venir soutenir Offenbach, contre 15 000 en faveur de Cologne, avec un slogan clair : « On n’a pas besoin d’un Overath » , du nom de la star offensive adverse. Il y a de l’espoir. Même dans un stade acquis majoritairement à la cause des Boucs, même si les favoris sont de l’autre côté, l’OFC peut gagner. Du côté des joueurs, toutefois, on y croit moins. Le défenseur Seppl Weilbächer explique avant le match que l’objectif est « de ne pas perdre trop largement » . Très rapidement, les hommes d’Aki Schmidt – de retour de son séjour hospitalier, même si Schreiner reste sur la feuille de match – se rendent pourtant compte qu’ils peuvent faire mieux. Ils peuvent jouer et prendre leur chance. Klaus Winkler s’y essaye et ouvre le score après 20 minutes. Pas de quoi fanfaronner encore, le leitmotiv demeure : défendre et tenir. Des mots d’ordre d’autant plus respectés qu’après la pause, les Geißböcken font un intense forcing pour obtenir l’égalisation. Insistants, les Kölner s’exposent logiquement, et ce qui devait arriver arriva : sans personne en défense, après un corner, le FC Cologne laisse filer Horst Gecks sur 60 mètres. À 2-0, les débats sont clos.

Cologne n’abdique pourtant pas. Huit minutes plus tard, Löhr trouve la force de réduire l’écart, avant qu’un penalty – généreux – semble être sur le point de faire basculer la rencontre dans l’autre sens. Les supporters d’Offenbach craquent, envahissent la pelouse. La police est contrainte d’intervenir. Werner Biskup, préposé habituel aux tirs de 11m à Cologne, se prépare devant une ligne formée par Volz, le gardien des Kickers, et une série de policiers. Volz repousse la frappe, Offenbach garde définitivement son avantage et ramène le trophée à la maison. Entre-temps, le génie d’Aki Schmidt est passé par là. Comme il l’explique en 2010, un journaliste de Cologne lui avait vendu la mèche un peu plus tôt : « S’il y a un penalty, le Biskup le tire toujours sur sa gauche. » Dans le tumulte, le mot circule jusqu’à Volz. Il doit absolument plonger sur sa droite. Il le fait, Schmidt râle parce que son gardien n’a pas capté la balle ( « il savait pourtant où il allait tirer » ), mais la fête commence. « Une folie sans fin » dans les rues d’Offenbach pour la présentation du trophée. Sans fin… jusqu’à l’été suivant, et une relégation au goal average suivie de la garden party du scandale.

À lire : Quand une garden party dynamitait la Bundesliga

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