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Estudiantes et sa drôle de mystique

Par Léo Ruiz
4 minutes
Estudiantes et sa drôle de mystique

En Argentine, une étiquette colle à la peau d'Estudiantes de La Plata : celle d'une équipe prête à recourir à tous les moyens pour l'emporter, si peu moraux soient-ils. Aujourd'hui très bien géré par le duo Veron-Pellegrino, El Pincha ne rejette pas cet héritage. Surtout pas quand il s'agit d'humilier Gimnasia, le rival de ville. Ou de viser une cinquième Copa Libertadores.

Le 22 septembre 2013, Alberto Raimundi faisait son entrée dans les commentaires de match les plus célèbres d’Argentine. L’équipe dont il est fan, Gimnasia de La Plata, mène 1-0 dans le Clásico face à Estudiantes de La Plata, quand l’arbitre croit voir une main de Facundo Oreja devant sa surface. Deuxième jaune pour le défenseur du Lobo, expulsion, coup franc dangereux et égalisation d’Estudiantes, qui finit par remporter le match. Le ralenti confirme ce que le direct laissait penser : Oreja a touché le ballon de la poitrine. Face à son micro, Raimundi devient fou et part dans une envolée lyrique que les Argentins aiment réécouter quand ils se réunissent entre footeux. « Évidemment, ils vont fêter ça, parce qu’ils sont comme ça, à Estudiantes. Ils aiment fêter le mensonge, ils aiment être un mensonge. Ils ont vécu de ça toute leur vie. Gimnasia s’est toujours battu avec ses armes, avec noblesse, et ces fils de putes ont toujours vécu de l’arnaque, de la tromperie, des arbitres. Cette merde, c’est Estudiantes de La Plata, et c’est tout ce que l’on ne veut pas être, d’aujourd’hui jusqu’au dernier jour de notre vie. » Violent et partisan, le discours parle néanmoins aux Argentins. Car El Pincha vit accompagné de sa réputation, celle d’un club machiavélique, peu préoccupé par la morale dans la quête de la victoire.

L’héritage du bilardisme

Une réputation qui doit beaucoup à un homme : Carlos Bilardo. Et à sa philosophie de jeu, devenue une science, le « bilardisme » . En 1967, El Narigon (le gros nez) faisait partie de l’Estudiantes champion d’Argentine, qui mettait fin à 36 ans de domination totale des cinq grands de Buenos Aires (Boca, River, Independiente, Racing et San Lorenzo). El Pincha enchaînait à l’internationale avec trois Copa Libertadores consécutives (68, 69, 70) et une Intercontinentale face au Manchester United de George Best (1968). Bilardo, aussi l’homme à la tête de l’Argentine de Diego Maradona en 86, ne manquait jamais d’imagination pour faire plier l’adversaire. Comme joueur, il se baladait avec une aiguille dans la chaussette et n’hésitait pas à charcuter les rivaux sur les corners. Comme entraîneur, il proposait aux joueurs adverses des bidons d’eau remplis de laxatif. Son Estudiantes, défensif, rugueux et dérangeant car triomphant, était surnommé à l’époque « l’anti-football » . Mais le bonhomme s’en cogne. Sur le banc du Pincha, le Docteur (son deuxième surnom) remportera un autre titre de champion en 1982, et son héritier, Alejandro Sabella – le duo qui vient de conduire l’Argentine jusqu’à la finale brésilienne, dans un système ultra défensif -, apportera une quatrième Libertadores au club en 2009, puis un cinquième titre de champion en 2010, avec comme capitaine Juan Sebastián Verón.

« Le club est comme ça »

La Brujita, qui n’a pas la cote en Argentine depuis le Mondial 2002, mais qui est idole dans sa ville, est depuis l’année dernière le président d’Estudiantes. Et après quelques années de flottement, les Rouge et Blanc sont redevenus candidats aux choses sérieuses. Grâce à un entraîneur stable et compétent (Mauricio Pellegrino), un recrutement malin (Seba Domínguez, Luciano Acosta, Sánchez Miño, Álvaro Pereira, entre autres) et deux beaux objectifs : le championnat et la Libertadores. Dans cette dernière, El Pincha est celui dont on parle le moins (normal, les autres équipes argentines engagées, hormis Huracán, sont quatre grands de Buenos Aires), mais dont il faut se méfier le plus. Parce que de la direction à l’effectif, tous les voyants sont au vert. Mais aussi parce que le mythe pèse de tout son poids. Estudiantes veut gagner, peu importe la manière. La preuve avec ce début de saison parfait : un 3-0 face à Barcelona de Guayaquil en Libertadores et trois succès à l’arrache en championnat, dont le dernier sur la pelouse du pauvre Gimnasia (3-1), après une rencontre sans étincelles, mais avec beaucoup de réussite et de courage. Buteur formé au club – et très convoité par le Vieux Continent -, Guido Carrillo s’est imprégné depuis tout petit de l’héritage maison. « On s’est battus comme des chiens, mais le club est comme ça. On a encore fait honneur à la mystique d’Estudiantes. C’est l’attitude plus que le jeu qui a fait la différence » , lâchait-il au coup de sifflet final. Sous le regard dépité d’Alberto Raimundi, dont le Gimnasia a souvent séduit, mais n’a jamais gagné.

Au fait, c’est quoi cette Coupe intercontinentale ?

Par Léo Ruiz

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