L'héritage du bilardisme
Une réputation qui doit beaucoup à un homme : Carlos Bilardo. Et à sa philosophie de jeu, devenue une science, le « bilardisme » . En 1967, El Narigon (le gros nez) faisait partie de l'Estudiantes champion d'Argentine, qui mettait fin à 36 ans de domination totale des cinq grands de Buenos Aires (Boca, River, Independiente, Racing et San Lorenzo). El Pincha enchaînait à l'internationale avec trois Copa Libertadores consécutives (68, 69, 70) et une Intercontinentale face au Manchester United de George Best (1968). Bilardo, aussi l'homme à la tête de l'Argentine de Diego Maradona en 86, ne manquait jamais d'imagination pour faire plier l'adversaire. Comme joueur, il se baladait avec une aiguille dans la chaussette et n'hésitait pas à charcuter les rivaux sur les corners. Comme entraîneur, il proposait aux joueurs adverses des bidons d'eau remplis de laxatif. Son Estudiantes, défensif, rugueux et dérangeant car triomphant, était surnommé à l'époque « l'anti-football » . Mais le bonhomme s'en cogne. Sur le banc du Pincha, le Docteur (son deuxième surnom) remportera un autre titre de champion en 1982, et son héritier, Alejandro Sabella - le duo qui vient de conduire l'Argentine jusqu'à la finale brésilienne, dans un système ultra défensif -, apportera une quatrième Libertadores au club en 2009, puis un cinquième titre de champion en 2010, avec comme capitaine Juan Sebastián Verón.
« Le club est comme ça »
La Brujita, qui n'a pas la cote en Argentine depuis le Mondial 2002, mais qui est idole dans sa ville, est depuis l'année dernière le président d'Estudiantes. Et après quelques années de flottement, les Rouge et Blanc sont redevenus candidats aux choses sérieuses. Grâce à un entraîneur stable et compétent (Mauricio Pellegrino), un recrutement malin (Seba Domínguez, Luciano Acosta, Sánchez Miño, Álvaro Pereira, entre autres) et deux beaux objectifs : le championnat et la Libertadores. Dans cette dernière, El Pincha est celui dont on parle le moins (normal, les autres équipes argentines engagées, hormis Huracán, sont quatre grands de Buenos Aires), mais dont il faut se méfier le plus. Parce que de la direction à l'effectif, tous les voyants sont au vert. Mais aussi parce que le mythe pèse de tout son poids. Estudiantes veut gagner, peu importe la manière. La preuve avec ce début de saison parfait : un 3-0 face à Barcelona de Guayaquil en Libertadores et trois succès à l'arrache en championnat, dont le dernier sur la pelouse du pauvre Gimnasia (3-1), après une rencontre sans étincelles, mais avec beaucoup de réussite et de courage. Buteur formé au club - et très convoité par le Vieux Continent -, Guido Carrillo s'est imprégné depuis tout petit de l'héritage maison. « On s'est battus comme des chiens, mais le club est comme ça. On a encore fait honneur à la mystique d'Estudiantes. C'est l'attitude plus que le jeu qui a fait la différence » , lâchait-il au coup de sifflet final. Sous le regard dépité d'Alberto Raimundi, dont le Gimnasia a souvent séduit, mais n'a jamais gagné.
Par Léo Ruiz
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