Benfica, ce diesel…
Pour Benfica, les choses s'annoncent donc mal face au tenant de la Coupe du Portugal qui partira a priori favori. Orphelins de l'entraîneur qui les a remis sur le droit chemin – avec qui beaucoup de joueurs avaient des affinités - ainsi que de leur vice capitaine Maxi Pereira – l'autre traître, parti au FC Porto -, les aigles doivent se réinventer. En Amérique, Rui Vitória a tenté beaucoup de choses, principalement dans le secteur offensif. Derrière, les idées sont claires. En alignant constamment quatre défenseurs et deux 6, il fait le choix de la solidité, sans pour autant remettre totalement en cause l'héritage légué par son prédécesseur. Devant, trois offensifs, dont deux faussement portés sur les ailes (Gaitan, Carcela), soutiennent Jonathan Rodríguez (qui rejoindra le banc une fois Mitroglou intégré à l'effectif), préféré à Jonas en pointe pour sa mobilité. Le Brésilien, habile et intelligent, luttera sans doute avec Taarabt pour un poste de faux 10. Pour le moment, l'efficacité et la confiance manquent, mais le jeu des encarnados n'en demeure pas moins intéressant.
L'autre gros souci de Benfica, c'est que, à l'instar du mercato estival de 2014, son président fait ses courses un peu trop tard. Si Luis Filipe Vieira a été réactif sur les dossiers Taarabt et Carcela, il fait preuve de procrastination sur celui du latéral-gauche – Eliseu est bien gentil mais n'a pas le niveau des grandes joutes européennes. Coentrão ou Siqueira sont attendus à gauche, mais on ne sait pas quand ce renfort arrivera. Même Mitroglou arrive trop tard. Le championnat commence dans une semaine et le Grec en mettra plusieurs à s'adapter à son nouvel environnement. Loin d'être rédhibitoire, cette situation pourrait coûter des points en début de championnat et peut-être même la Supercoupe. Toute autre conclusion hâtive serait faire preuve de méconnaissance envers ce diesel qu'est Benfica.
Le Sporting a faim de titres
En face, le plan du Sporting de Jesus est rodé. Bruno de Carvalho et son coach ont ciblé des renforts qu'ils se sont empressés de faire signer rapidement, comme Gutiérrez, Bryan Ruiz ou Naldo, tout en conservant leurs meilleurs éléments, à l'image d'Adrien, Carillo et Slimani. L'Algérien devrait d'ailleurs rester le boss de l'attaque leonina en dépit de l'arrivée de Gutiérrez, qui sera en concurrence avec son compatriote Freddy Montero, même si ce dernier devrait rafler la mise à l'occasion du derby lisboète. Les autres postes-clés sont eux aussi bien garnis. Sur les ailes de l'attaque, Ruiz, Carrillo, Mané et Gélson Martins assurent à Jorge Jesus une certaine sécurité en cas de blessures ou de fatigue. Vu le gros calendrier qui attend le troisième de la dernière Liga Nos, ça peut toujours servir. Alberto Aquilani et Bruno Paulista, eux, viennent de signer pour renforcer l'entrejeu lisboète, provisoirement orphelin de William Carvalho mais déjà occupé par les excellents João Mario et Adrien Silva. La défense jouissant également de la même profondeur de banc (Naldo, Tobias, Paulo Oliveira, João Pereira, Jeferson, Esgaio). Au final, seul Rui Patrício est à peu près tranquille. Et ça n'a rien à voir avec ses qualités…
Bref, le Sporting a en sa possession une énorme machine de guerre conçue pour rafler des titres. Parce que le Sporting est affamé. S'il se remet à peine de son succès en Coupe du Portugal face à Braga, le club n'a sans doute pas envie de revivre les sept années vierges de titres dont il sort tout juste. Mieux, le président Bruno de Carvalho nourrit l'ambition de mettre un terme à une autre disette. Voilà 13 ans qu'ils ne remportent plus la Liga portugaise. Jorge Jesus, lui, n'y pense pas pour le moment, et n'a d'yeux que pour la Supertaça. Et il a bien raison. Car cela fait tout de même sept ans qu'elle échappe aux Sportinguistas…
Par William Pereira
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