À qui la bonne affaire ?
Il suffit de remonter à la première conférence de presse de Siniša Mihajlović au Milan AC, en compagnie de Silvio Berlusconi, le 3 juillet dernier, pour s'en convaincre. « Conseillé » par le Cavaliere, le nouvel entraîneur des Rossoneri s'épanchait alors sur le besoin d'un repositionnement tactique d'El Shaarawy, sans jamais l'avoir vu à l'œuvre : « El Shaarawy est un ailier, mais on pourrait le replacer au milieu. Il faut voir sa motivation. Il m'a donné sa pleine disponibilité. Il faut voir si on arrivera à le faire. » Pas franchement une déclaration de confiance. On avait d'ailleurs déjà bien compris que l'Italo-Égyptien aurait du mal à trouver sa place dans le système de jeu en 4-3-1-2 de Mihajlović, confirmé par les arrivées de Bacca et Luiz Adriano. Encore fallait-il trouver un point de chute au Pharaon, ou plutôt un point de rebond, à un prix correct. Pas une mince affaire pour un joueur qui a disputé en tout et pour tout 1684 minutes (soit moins de 19 matchs complets) en cumulé sur les deux dernières saisons.
Ce sera à Monaco, qui s'est donc attaché ses services avec un prêt payant, à hauteur de 2 millions d'euros, assorti d'une option d'achat obligatoire, à 16 millions, dès lors que le natif de Savone aura disputé 15 rencontres. Certainement une garantie pour prévenir une éventuelle rechute de Stephan et de nouvelles blessures à répétition. L'ASM remplace ainsi Ferreira Carrasco, à un coût abordable, par un joueur au moins tout aussi prometteur si son physique le laisse en paix. L'élément fondamental qui déterminera la réussite ou non d'El Shaarawy sur le Rocher. Côté Milan, on se satisfait, aujourd'hui, d'avoir réalisé une jolie plus-value sur un joueur qui n'a quasiment pas joué depuis deux ans. Avec un risque assez évident : le voir retrouver son meilleur niveau et doubler sa valeur marchande. Une spécialité d'ailleurs très « made in Monaco » ces derniers temps.
Adieu mon pays
Pas étonnant, donc, que les tifosi rossoneri soient très partagés sur le sujet. D'autant plus que ces derniers s'étaient liés d'affection pour El Shaarawy, qui revendiquait être un des leurs, depuis son enfance. Le numéro 92 a ainsi toujours bénéficié d'un soutien inconditionnel de la part des supporters peinés par ces maudites blessures. Car comme Pato avant lui, El Shaarawy a dégusté du côté de Milanello. Depuis septembre 2013, il a effectivement enchaîné les galères : rupture d'une fibre musculaire à l'adducteur, fracture du pied gauche, rechute, vertèbres touchées à l'entraînement, fracture du pied droit. Des malheurs qui ont inévitablement entamé son moral et stoppé sa progression.
Que de regrets quand on se souvient de ces quatre mois absolument fabuleux réalisés par le Pharaon de septembre à décembre 2012. Quatre mois au cours desquels El Shaarawy avait tenu le Milan à bout de bras, avec la bagatelle de 16 buts inscrits. Mais la belle promesse d'avenir ne sera jamais tenue. Du moins, pas à Milan. La faute à une direction qui ne s'est donc pas privée de le pousser vers la sortie, pour un peu de cash frais. Des propos attribués à El Shaarawy par le Corriere della Sera ( « Je vais où on me veut vraiment » ), mais démentis par son agent, tendent d'ailleurs à montrer que l'Italo-Égyptien ne part pas le cœur léger. Le Milan « jeune et italien » prôné par Berlusconi pourra attendre longtemps. Comment pourrait-on sinon justifier le départ d'un international italien qui fêtera ses 23 ans en octobre prochain ?
Par Eric Marinelli
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