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Edinson Cavani, le vent pour lui
Meilleur buteur du club en Ligue des champions (6 buts), recrue la plus chère de l'histoire du club et de la Ligue 1 (64 millions d'euros), Edinson Cavani est pourtant méprisé et sifflé par une partie du Parc des Princes. Ou comment un numéro 9 de classe mondiale est parfois considéré par ses propres supporters comme un moins que rien.
PSG-Rennes. Le public du Parc des Princes est insondable. Alors que Sylvain Armand, côté rennais, et Clément Chantôme, qui vient de quitter le club, sont longuement acclamés par le public de la porte de Saint-Cloud, Edinson Cavani, lui, est copieusement sifflé lorsqu’il quitte la pelouse. Par ses propres supporters donc. Edinson Cavani, c’est 42 buts en 78 matchs depuis son arrivée dans la capitale. Voilà un peu plus d’un an que l’Uruguayen est méprisé par une partie de son propre public. On lui reproche ses dribbles ratés, ses buts manqués et sa faculté à être rarement décisif dans les grands rendez-vous.
Chelsea, le dénominateur commun
Globalement, le divorce remonte au match retour de Chelsea. Le matin de quart de finale retour, le Matador s’épanche longuement dans les colonnes de L’Équipe. En substance, il balance qu’on lui a menti sur l’organisation tactique et qu’il souhaite évoluer en pointe. Contre les Blues, Cavani joue à son poste – Ibrahimović étant blessé – et passe à travers. Comme tout le PSG. Première crispation. La suite ne va pas aider le joueur à se faire une place au chaud dans le vestiaire de la capitale. Entre ses feuilles de matchs mangées (18 occasions franches ratées cette saison, personne n’a fait « mieux » en Europe), ses vacances de Noël longuement prolongées au pays et son spleen quotidien, la sauce commence à sérieusement s’épicer. Certains cadres auraient eu la folle envie d’emplâtrer le numéro 9 selon plusieurs rumeurs.
Laurent Leroy vs Edinson Cavani
Et puis Chelsea est arrivé. Un gros match au cours duquel l’ancien Napolitain s’est offert une grosse prestation ponctuée d’un but de la tête. Un but qui maintient aujourd’hui le PSG au-dessus de la ligne de flottaison. Un caramel qui a refait de Cavani un joueur rare et précieux aux yeux des supporters parisiens. Le public du Parc des Princes a souvent été comme ça. Difficile, versatile, impatient, méprisant et toujours dans le bon sens du vent. Mais voilà, Cavani n’est pas Ibrahimović. Alors qu’on pardonne tout au Z, à la fois de la part des dirigeants, mais aussi des supporters, Cavani se doit d’être irréprochable. Parce qu’au fond, le joueur est venu au PSG pour permettre au club de franchir un cap. Est-ce le cas ? Non. Mais tout n’est pas entièrement de sa faute. Au contraire. Dans un club où le public a magnifié Laurent Leroy et Guillaume Hoarau, Cavani apparaît pourtant comme un vulgaire punching-ball. C’est comme si les aficionados de Flunch se mettaient à cracher sur du Lafayette Gourmet. À tel point qu’on en revient à se dire que le PSG ne mérite pas le Matador.
Quel avenir ?
Cela tombe bien, la moitié de l’Europe cherche à s’offrir l’Uruguayen. Récemment, le joueur était envoyé à la Juventus, mais aussi à Madrid où Diego Simeone aimerait faire du joueur son futur gros numéro 9. Un scénario que tout le monde sait plausible. Mais voilà, au PSG, on n’a pas tellement envie de vendre son attaquant. Surtout que le joueur est programmé pour assurer la succession d’Ibrahimović qui, à bientôt 34 ans, n’est pas éternel. D’ailleurs, après avoir soufflé le chaud et le froid durant l’été, Cavani a récemment affirmé qu’il « commençait à trouver sa place au PSG » dans un entretien accordé à Sky Italia. Une phrase lourde de sens. Après tout, qui pourrait lui offrir un tel salaire et un tel projet sportif en même temps sans se coltiner une autre star à ego XXL ? Ce dimanche soir face à Monaco, Cavani jouera sans Ibrahimović en pointe. Son poste préféré. Une énième opportunité de tuer le père. Et de se faire aimer par son public qui, à la prochaine mauvaise performance, ne se privera pas de lui chier dans le cou. Alors que Guillaume Hoarau, lui, aura son totem à vie au Parc des Princes.
Par Mathieu Faure