Une question de suprématie domestique. Le Bayern, et ses dirigeants si modestes, ne goûtent guère que le club le plus puissant du pays passe deux saisons sans empocher le titre. Une première depuis seize ans. Pire : Dortmund est une équipe en devenir qui pourrait développer une dynastie. De jeunes joueurs dégoulinant de talent (Götze, Subotic, Hummels, Grosskreutz, Gündogan, Lewandowski, Bender…), un vrai projet de club cornaqué par Michael Zorc, une authentique vision du jeu magnifiée par un entraîneur bigger than life, Jürgen Klopp. Les Schwarz-Gelben souffreteux et maladroits du début de saison ont cédé la place à une formidable machine de guerre qui a repris sept points au Bayern avant de le laisser à huit unités à la fin du championnat, la semaine dernière. Un différentiel de quinze points depuis novembre sur le finaliste de la C1. S’il devait retrouver Marseille en ce moment, le BvB en ferait de la chair à saucisse. Il y a seize ans, c’était déjà Dortmund qui avait réalisé le doublé avant de gagner la Champions douze mois plus tard. Avis…
« Un objectif majeur »
Une victoire des coéquipiers de Kagawa l’a foutrait encore plus mal si, d’aventure, les Munichois venaient à gagner une cinquième C1 à quelques centaines de kilomètres de là, à l’Allianz-Arena dans une semaine tout pile. Ils seraient les premiers à Rome (en Europe) mais seconds dans leur village (en Allemagne). On parierait alors que le board bavarois casserait sa tirelire pour se renforcer, attendu que Marco Reus, une des sensations de la Bundesliga depuis deux saisons, a déjà signé dans la Ruhr. Comme si le centre de gravité de la ligue s’était déplacé de quelques centaines de kilomètres vers l’Ouest. On ne serait pas plus surpris que les Hoeness et compagnie soudoient quelques champions d’Allemagne pour les enrôler au sein de la multinationale bavaroise. Qu’elle s’appelle Hambourg, Cologne, Schalke 04, Leverkusen ou Brême, le Bayern Munich n’a jamais supporté la concurrence, a fortiori si elle dure dans le temps. Bayern-Dortmund d’aujourd’hui, ça ressemble foutrement à Bayern-Mönchengladbach des 70’s, un clash de titans, un affrontement entre deux des meilleures équipes d’Europe. Ce qui se joue aussi dans les années qui viennent, c’est la place de l’Allemagne en Europe, entendu que la Bundesliga donne désormais quatre places pour le grand huit de la Champions (ciao Italia). L’objectif ? Déboulonner l’Angleterre et l’Espagne des deux premières places de l’indice UEFA et retrouver la place qui était la sienne auparavant, la première. Comment pourrait-il en être autrement pour le pays dominant (politiquement comme économiquement) sur tout le continent ? Pas mal pour un championnat mineur.
Le Bayern a toujours gagné la coupe une année sur deux -au moins- depuis 2002. Le Borussia n’a jamais fait le doublé. Les Bavarois aligneront leur équipe sans tenir compte des trois suspendus pour la finale de Munich (Alaba, Badstuber, Luiz Gustavo) tandis que les Schwarz-Gelben qui restent sur quatre succès consécutifs sur leur rival honni sont gonflés à bloc. Heynckes certifie que « la coupe demeure un objectif majeur » pendant que Klopp affirme que son BvB « n’est pas rassasié et qu’il jouera avec toute l’intensité requise dans ce genre de circonstances » . Götze sera sur le banc ; Kagawa et Lewandowski sur le pré, jouant peut-être leur dernier match avec le paletot des champions d’Allemagne (recordmen du nombre de points, 81 sur 102 possibles). Une joute fastueuse, on vous dit…
Par Rico Rizzitelli
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