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Donnarumma, le faux plan galère
Libre de tout contrat, Gianluigi Donnarumma vient d’être récupéré par le Paris-SG à la sortie d'un Euro victorieux où le jeune gardien de 22 ans a donné la victoire à son pays avant d’être couronné MVP. Il arrive dans la capitale en roue arrière... pour s’installer sur le banc de touche, puisque Keylor Navas sort d’une saison gargantuesque et semble indéboulonnable. Vraiment ?
Le PSG, au 15 juillet, possède neuf gardiens de but sous contrat professionnel : Keylor Navas, Sergio Rico, Alexandre Letellier, Alphonse Areola, Marcin Bulka, Garissone Innocent, Denis Franchi, Lucas Lavallée et donc Gianluigi Donnarumma. Quatre internationaux, un champion d’Europe, un champion du monde, un triple vainqueur de la Ligue des champions. Bref, c’est ce qu’on appelle avoir le choix. Début septembre, quatre gardiens auront sans doute plié bagages (Rico, Areola, Bulka et Innocent), deux iront garder les cages des U19 (Franchi et Lavallée), Letellier est et restera ce qu’il est, à savoir le numéro 3, et demeurera donc le seul véritable souci de Mauricio Pochettino : la gestion de Keylor Navas et Gianluigi Donnarumma pour le poste de titulaire. C’est plutôt drôle, car on peut se dire que le club de la capitale s’est constamment planté quand il a fallu gérer une concurrence entre deux portiers depuis 2011. Que ce soit entre Sirigu et Trapp, Trapp et Areola ou encore Areola et Buffon. Un fait qui ne date pas de QSI si on se souvient de la gestion des duos Alonzo-Letizi, Apoula-Coupet ou encore Revault-Fernandez et Lama-Casagrande.
Un gardien indiscutable, enfin. Maintenant ça fait deux
Alors que le PSG avait enfin résolu son principal problème en mettant le grappin sur Keylor Navas en 2019, voilà qu’on lui colle le MVP du dernier championnat d’Europe dans les pieds, alors qu’il vient de faire sa meilleure saison avec le Paris SG. C’est ballot. Sauf que Donnarumma représentait ce qu’on appelle une opportunité de marché que Leonardo a actionné bien avant l’Euro monstrueux du portier transalpin. Gigio, c’est 22 ans au CV, 1,96m au garrot, titulaire en équipe nationale et déjà 250 matchs avec l’AC Milan, club où il a déboulé dans les cages à l’âge de 16 ans.
Surtout, Donnarumma est libre de tout contrat et il est représenté par Mino Raiola, un homme qui a toujours eu son rond de serviette sous QSI, puisqu’on lui doit depuis 2011 les gestions de Zlatan Ibrahimović, Maxwell, Blaise Matuidi, Xavi Simons, Marco Verratti, Moise Kean, mais aussi Mitchel Bakker et l’immense Gustavo Hebling. S’assurer, pour cinq ans dans un premier temps, les services de Gigio sans aucune indemnité de transfert (oui Mino a été gracieusement rincé en commissions) en 2021 est une vraie bonne idée. C’est juste un peu con de s’offrir une concurrence extrêmement compliquée à gérer sur une saison entre deux gars qui ont l’étoffe et le CV pour être un numéro 1 indiscutable. Surtout quand on connaît la capacité du PSG à se mettre dans la merde tout seul.
Navas a 35 ans… mais n’est pas si usé que ça
Alors oui, Navas file sur ses 35 ans et ne représente pas forcément l’avenir, même si le PSG a eu la bonne idée de le prolonger jusqu’en 2024 en avril dernier. Mais le Costaricien demeure un gardien relativement peu usé par son âge (500 matchs en professionnel, soit à peine 200 de plus que Donnarumma alors que les deux hommes ont 13 ans d’écart).
Autrement dit, la passation de pouvoir, rapide, parfaite et idyllique entre le « vieux sage » et le « jeune padawan » est plutôt une utopie qu’une réalité. Il faudra faire un choix rapidement. Paris a eu le nez creux en s’adjugeant Donnarumma avant son Euro XXL, c’est vrai. Mais le coller en concurrence avec l’un des rares postes où le titulaire ne posait absolument aucun souci, sans oublier son poids dans le vestiaire, est une petite coquetterie qui aura forcément des conséquences à court terme. Car on parle quand même de bencher le MVP du dernier Euro, alors qu’il semble déjà avoir les épaules pour être le taulier dans les cages parisiennes. Bref, le plus dur commence : trouver une forme de compromis entre les deux hommes pour que cette cohabitation se passe le plus sereinement possible. Le poste de numéro 1 est amené à tomber entre les mains de l’Italien, c’est le sens de son recrutement. Reste à savoir quand et comment. En attendant, vivement le gros plan sur le visage du remplaçant quand le titulaire aura fait une boulette lors d’un Reims-PSG disputé un samedi à 17h que la France regardera sur IPTV. La ligue des talents.
Par Mathieu Faure