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Domenech s’étouffe
Un bide. Le jeu de l'été proposé par France 3 a connu une audience famélique pour son premier épisode hier soir. Du coup, seules 896 000 personnes ont pu apprécier la performance de Raymond Domenech.
Allumer la télé avec l’envie de savoir où file la redevance. France 3. Mercredi, 20h35. “L’étoffe des champions” servie par Alexandre Ruiz. Le jeu de l’été. Parfait. Le principe de l’émission est simple. Durant 21 jours, des sportifs amateurs – chômeurs, flics, mères au foyer – s’échinent à réussir des épreuves en équipe. A la clé : une coupe de foire de campagne et un chèque. Ça sent le Koh Lanta du pauvre. Sauf que « trois légendes du sport français » secondent les participants, les aident à dépasser leurs limites tout en transmettant « leurs savoirs et les valeurs sportives » . A savoir l’immense Jean Claude Perrin, l’ex chiraquien Thierry Rey et Raymond Domenech sorti de sa pige à Boulbi à la recherche du cacheton. « Vous le connaissez tous » . Le portrait de Ray ne pouvait mieux débuter. Quelques images du temps de la moustache et une voix off bien emmerdée au moment de livrer un palmarès d’entraîneur venu buter à deux reprises en finale.
« Les femmes sont toujours plus collectives »
Les épreuves se déroulent à Luchon. Un refuge de 1800 m². Les montagnes brumeuses, ça le connaît le Domenech. Plutôt les Alpes. Des images de Tignes doivent lui revenir en mémoire : le coup de sang de Coupet, Landreau en hélico, la diarrhée de Diarra. Tiens d’ailleurs parmi les candidats se cache un mauvais sosie d’Alou Diarra. Avant une première épreuve de sélection, le technicien met la pression directe : « Si vous êtes venus ici pour le faire en passant un moment tranquille, c’est pas avec nous » et dégaine le pétard – celui là-même qui a allongé Nasri et Benzema – « on ne peut pas laisser passer des dilettantes » . L’œil de l’expert rompu à la détection brille à nouveau, Domenech observe, relit ses notes tandis que les participants se débattent avec des sacs de sable. « Les femmes sont toujours plus collectives » , grince-t-il à l’adresse de Perrin, coiffé d’une casquette brodée d’un Jean-Claude Perrin Coach rassurant de simplicité. Une fois le parcours du combattant achevé, Domenech doit faire sa sélection. Il semble perdu sans Mankowski. En plus, il n’a pas Trezeguet à emmerder. Pas de Chimbonda ou de Savidan à coucher sur le papier. Tant pis. Sans conseil astrologique, il monte l’équipe rouge (la production lui épargnant le bleu) : Sandrine, Bridget, Brigitte, Sabri, Ludovic et Gaël. Ce dernier étant « un vrai pari » , selon Raymond. Le temps du coaching peut débuter.
« Deux éléments qui peuvent nous perturber »
Il est temps de préparer l’épreuve éliminatoire. Un parcours du combattant. Terrain vague, quelques rondins, des tas de sable et des palettes. Le tout parait droit sorti de l’esprit tordu d’un animateur de colo de La Bourboule. Enfin, Domenech va pouvoir montrer ce qu’il a dans le bide. Ça commence au réveil. En homme avisé, il sait que la victoire se joue sur des détails c’est pourquoi il conseille à ses ouailles de déjeuner plus tôt. Puis, il met en pratique sa méthode pour cimenter le groupe. La communication. « Pour aller loin, il faut qu’il se passe quelque chose » , lâche-t-il sans l’aide d’Astorga. Il revit. Que les Prud’hommes semblent loin, lorsque les Rouges s’interviewent les uns les autres pour créer une symbiose. Gaël lâche un compliment rare : « c’est un bon coach, sa pédagogie m’a bluffé » .
Les sourires s’effacent à l’entraînement. Chrono autour du cou façon Duverne, Raymond profite d’un exercice mal réalisé pour mettre à l’aise : « l’équipe a échoué » ou « j’ai repéré deux éléments qui peuvent nous perturber » . Déjà. Le naturel prend le dessus au premier jour de compétition. Finalement, la symbiose est retrouvée quand il fait gambader l’équipe saucissonnée par une corde. C’est un échec. Malgré les consignes, les encouragements, l’équipe rouge termine troisième. « On est en train de chercher un travail de cohérence » , se dédouane Raymond, sans demande de mariage. Vient le temps de l’élimination. Domenech sauve Sabri – « je te mets des responsabilités, c’est pas un cadeau » – et assiste à l’élimination de Brigitte. « Voir partir quelqu’un ça fait jamais plaisir » . Quelques larmes humidifient les sourcils broussailleux sur fond de notes de piano dépressives. “L’étoffe des champions” a décidément tout de l’étoffe grossière.
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