RIP Legend. You will stay in the history of football forever. Thanks you for all the pleasure you gave to the whole world ????❤️ AÏE AÏE AÏE F*CKING 2020 ??? pic.twitter.com/8xc1CDKDg2
— Kylian Mbappé (@KMbappe) November 25, 2020
Pour la majorité des vingtenaires et autres millennials, Maradona tel qu’il leur a été présenté, c’était cet oncle un peu gênant, bedonnant, qu’on voyait envoyer des doigts dans les tribunes de Russie. C’était un personnage exubérant, un héros sorti tout droit d'un film, dont l’aura laissait supposer un passé bien rock’n’roll. C’était le prédécesseur de Lionel Messi, et pas l'inverse. C’était un type avec un gros nœud papillon pas très à l’aise pour faire des tirages au sort. C'était un nom qu'on voyait collectionner les échecs sur les bancs de touche de sa sélection ou de clubs plus anecdotiques. Et puisqu'on a toujours besoin d'antagonisme pour situer les choses, c’était aussi le gars qu’on opposait à Pelé, comme on comparait Louis XIV à Napoléon dans les livres d’histoire au rayon « quel était le souverain le plus puissant ? » , sans que l’on sache exactement ce qu’ils avaient fait de leur règne. Mais heureusement, tout ce que Maradona représente ne peut se résumer à une page Wikipedia.
Le monothéisme du football
Pourtant, c'est une tout autre image qui restera dans les mémoires. Ce sera celle d'un homme qui s'est extirpé de la misère dans laquelle vivaient ses parents, qui s'est forgé une légende à Boca Juniors avec ses bouclettes et son pied gauche, qui s'est cramé sous les feux médiatiques de Barcelone, qui a ressuscité de plus belle à Naples pour y être érigé en icône, qui a incarné à lui seul l'Argentine, et qui a payé cher l'ensemble de ses excès dès les années 1990. Pourtant, il restera immortel. Parler de religion quand on parle de Maradona n'est en rien exagéré. Parce qu'il représente tout le paradoxe du football : être porté aux nues par les foules, faire croire en l'intervention divine pour marquer un but de la main avant de prouver l'existence d'une puissance supérieure au bout d'un slalom mythique face à l'Angleterre. Le football ne connaîtra jamais plus d'autres joueurs comme El Pibe de Oro. Et si tout le monde, quelle que soit la génération, quel que soit l'âge, peut aujourd'hui se reconnaître en lui, c'est parce que n'importe qui peut se retrouver en un homme qui est mort d'avoir eu trop de vies. Et c'est en ça qu'il est diablement inspirant.
Par Mathieu Rollinger, 30 ans et 160 jours
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