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Diawara : « Aujourd’hui, je me surprends à faire du bricolage »

Propos recueillis par Romain Canuti
Diawara : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Aujourd&rsquo;hui, je me surprends à faire du bricolage<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Peut-être parce qu'il ne déçoit jamais dans ce registre, on se contente souvent d'un bon mot de Souleymane Diawara. Pourtant, revenu en novembre après six mois de blessure et à l'aube de son après-carrière, le Marseillais est en train de muer. C'est en tout cas ce qu'il dit.

Après la défaite contre Sochaux pour la reprise de Ligue 1, tu n’as pas été épargné.Quand tu fais un mauvais match, quand tu reviens d’une blessure, on dit de suite que tu n’as pas récupéré, que c’est l’âge. À Sochaux, je pense que je n’ai pas été le seul à faire un mauvais match, il y a des jeunes qui n’ont pas été top. Eux, c’est sûr, on ne va pas leur parler de leur âge. Contre Montpellier, ça n’a pas été super non plus, mais là on a parlé de « manque d’expérience » . Il faut toujours une excuse quand il y a un mauvais résultat… Mais je ne calcule pas tout ça. Je rate mon match, je ne peux pas empêcher les journalistes de parler de mon âge. Je sais aussi que si je fais un bon match, il n’y a personne qui dira « il est vieux mais il est bon » .

Tu trouves qu’on ose plus avec toi ?Les journalistes savent que moi, je fais un mauvais match, j’assume. Quand t’es bon, tu prends les éloges. Quand t’es pas bon, faut le dire. Si on me critique, ça ne va pas m’empêcher de venir en conférence de presse le lendemain. Donc c’est peut-être plus facile de me critiquer moi que certains joueurs qui vont les ignorer derrière pendant trois mois. Mais ce n’est pas grave. Quand je ne suis pas bon de toute façon, je suis le premier à le savoir. C’est sûr que ça ne fait pas plaisir à entendre, mais c’est le métier qui veut ça. J’irai toujours à la rencontre des journalistes avec le sourire, pour montrer que ça ne m’atteint pas.

Même quand c’est des blagues sur ton goût pour les soirées ?Ah, l’hygiène de vie, les sorties… Quand j’étais champion, je sortais encore plus. Maintenant, au contraire, j’ai une vie casée. Alors bon…

C’est pas bon signe si l’on se réfère à l’anecdote de Jean-Louis Gasset à ton arrivée à Bordeaux…Ah, tu la connais ? C’est la preuve que ça veut rien dire tout ça. Il m’avait fait rire Jean-Louis. Ça faisait deux-trois matchs que je n’étais pas au top à Bordeaux. J’étais en soins, il était venu me voir et il me dit : « Oh papa ! Qu’est-ce qui se passe, je te sens pas ? » Au moment où je lui dis que je ne sors plus, il pète les plombs : « Dépêche-toi, va t’amuser, va te défoncer la gueule et reviens-nous en forme. » OK. Le match derrière, on joue contre le PSG, on gagne 3-0 et je marque. Il y en a qui ont besoin de se reposer pour bien jouer, d’autres de sortir. Après, ce n’est pas pour ça que je sors tous les jours comme peuvent le dire certains. Je ne serais pas à l’OM à cette heure-ci sinon.

Tu es conscient qu’en France, c’est difficilement compris ? Les récents déboires de Yann M’Vila le prouvent.Comme ça n’allait pas en équipe de France, même des gens qui ne comprenaient rien au foot lui sont tombés dessus. Les Espoirs auraient gagné, personne n’en aurait parlé. C’est le football : quand ça gagne, on ferme les yeux, quand ça perd, il faut des coupables, quitte à chercher la petite bête. À Sochaux, j’ai été nul, pourtant je ne suis pas sorti la veille, ni pendant les fêtes de Noël. J’ai joué en Angleterre, je ne vais pas citer les noms, mais j’en voyais certains qui jouaient dans de très grands clubs, je me disais : « S’ils arrivent en France, même avec le quart de ce qu’ils font, ils sont morts. » Les mecs, ils sont chiffons, il faut les aider à marcher pour qu’ils rentrent chez eux. Mais le week-end, ils sont à 200%. Ici, on va te parler d’argent tout le temps, de respect… Ce n’est pas un manque de respect que de sortir. L’argent, je ne l’ai pas ramassé par terre. Attention, je ne suis pas un médecin, je ne sauve pas des vies. Mais je n’ai volé personne non plus. Un footballeur n’est pas voué à rester chez lui.

Tu dis que maintenant, tu as une vie posée…C’est vrai qu’avant, sitôt le match terminé le week-end, je sortais. Maintenant, j’ai eu la chance de rencontrer une belle femme qui me stabilise donc mes besoins ont évolué. Je prends du plaisir à aller régulièrement au cinéma, à faire les boutiques, à aller au restaurant, prendre une bonne bouillabaisse. Je me surprends même à faire du bricolage désormais, de la déco… des trucs de couple.

Plus de virées ?Ça m’arrive encore de sortir attention, mais je m’intéresse à d’autres choses. Je suis parrain d’une association, Graines 2 Tournesol, et ça me prend du temps. Je vais deux fois par mois dans les hôpitaux voir les enfants malades. Parfois, la présidente de l’association m’appelle parce qu’un enfant va mourir et qu’il faut passer. Ce n’est pas une simple visite de courtoisie, il y a un suivi… Avant, je préférais rester chez moi, garder des forces pour enchaîner le week-end. Je commence à voir au-delà de la bulle du footballeur. Quand tu vois ces enfants qui n’ont pas la santé… Cet été, quand j’étais blessé, je me disais que je n’avais pas le droit de pleurer pour un croisé vis-à-vis d’eux.

« Après, j’irai dans un championnat moins relevé, histoire de jouer numéro 10, claquer des buts »

Tu as dit récemment que tu avais aussi beaucoup pensé au parcours de Ronaldo pour revenir.J’ai pris l’exemple de Ronaldo en conférence de presse, mais j’ai aussi appelé Yahia de Lens ou Ouadah (Abdelnasser, ndlr) que j’ai souvent au téléphone. Ils me disaient qu’au début, ça allait être difficile pour la vitesse, pour la détente. Pour moi, c’est dur parce que le physique, c’est mon football. Après, j’ai travaillé deux fois plus aux entraînements. Quand j’ai été indisponible pendant 7 mois et demi, il y en a pas mal qui m’ont oublié. C’est normal, c’est le football. On ne retient que la fin. Desailly, on oublie que ça a été le meilleur à son poste. On parle du fait qu’il a fini au Qatar, qu’il a fait des pubs pour le téléphone, les chips… Moi je suis prêt à ça. Je sais qu’un autre joueur va prendre ma place un jour. Mais je ne vais pas faire l’année de trop. J’ai 34 ans, mais j’ai la patate. Après, j’irai dans un championnat moins relevé, histoire de jouer numéro 10 ou attaquant, pour claquer des buts.

Et la sélection ? On a l’impression qu’il y a encore des problèmes dans l’équipe du Sénégal. Ce n’est pas propre au Sénégal d’ailleurs.C’est toujours compliqué en Afrique. Ça ne va pas être maintenant qu’une équipe africaine va gagner une Coupe du monde. Parce qu’au-delà des joueurs de qualité, il y a les gens de l’ombre. On n’est pas encore professionnels. Il y a toujours un problème avec les équipements, les primes. Parce que oui, on est patriotes tout ce que tu veux, mais c’est notre métier donc… Ça crée toujours des tensions. J’ai l’impression que dans chaque fédération, il y a les mêmes problèmes, toujours des dirigeants qui se tirent dans les pattes.

Un peu comme à l’OM…Non l’OM, il y a eu des problèmes qui ont débouché sur un déficit, mais ça a été bien géré. Je pense que tu mets les problèmes de l’OM en Afrique, ils mettent des dizaines années pour refaire surface.

À Marseille, tu as un rôle de grand frère auprès des jeunes.Moi je m’entends bien avec tout le monde. Jeune, les anciens type Alain Caveglia ou Alexander Vencel m’ont énormément aidé. Donc j’essaie de donner à mon tour. Je sais ce que c’est. Ils ont du mal à montrer leurs qualités. J’essaie de les prendre sous mon aile.

Tu t’entends bien avec les joueurs, tu t’entends bien avec les journalistes… tu vas finir agent de joueurs.Agent, c’est avec le président que tu dois bien t’entendre ! A la limite, je me verrais plus comme un conseiller du président. Mais je parlais tout à l’heure de mon engagement dans les assos, je ne compte pas lâcher. Je vais commencer le 25 février, avec une journée de lutte contre la faim. C’est la première fois que je prends ce genre d’initiatives, et je suis soutenu par Action contre la faim. L’objectif, c’est de récolter un maximum de sachets nutritifs pour les enfants en bas âge. Ça sera à Marseille, je fonde de gros espoirs dessus. J’ai un peu la pression, l’organisation, c’est pas évident. Mais j’ai vraiment envie de m’inscrire là-dedans. Le déclic, c’était au Havre. Il y avait un SDF. On le connaissait tous, on lui disait bonjour, quand on allait au grec, il venait avec nous, on lui offrait à manger. Une fois, on est venu nous trouver pour nous dire qu’il était mort à cause du froid. Ça nous a touché. Du coup, dès qu’on voyait un SDF, on lui donnait de l’argent. Bon, c’était une erreur, parce que les mecs, ils sont jamais allés s’acheter un manteau. Plus à boire, je pense. Mais sur le coup je m’étais dit que si j’avais la chance de bien gagner ma vie, j’essaierai de les aider de manière structurée, pas sur le court terme. Le moment est venu.

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