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Di Nallo : « Je n’oublierai jamais le stade de Gerland »

Propos recueillis par Gabriel Cnudde
Di Nallo : « Je n’oublierai jamais le stade de Gerland »

Alors que l'Olympique lyonnais s'apprête à disputer son dernier derby à Gerland, Fleury Di Nallo a accepté de partager ses souvenirs du stade dans lequel il a construit sa légende. Si Gerland disparaît, l'attaquant restera à jamais son petit prince.

Quels souvenirs gardez-vous du quartier de Gerland ? Vous y avez grandi et y avez vécu pendant votre carrière.

Quand j’étais jeune, ma famille et moi habitions à 200 mètres du stade. J’allais à l’école avenue Jean Jaurès, à deux pas du stade également. J’ai passé ma vie dans ce quartier. J’allais voir l’OL quand j’avais dix ans avec les copains. Et je me suis toujours dit : « Un jour, c’est moi qui jouerai là. » Depuis tout gamin, c’était mon rêve. Avec les copains, on habitait dans des HLM et on se retrouvait pour jouer dans la cour et on allait voir les matchs ensuite. Quand on était gamins, la mairie avait installé un petit coin avec des babyfoots, des tables de ping-pong, tout ça. Quand je me suis marié, j’ai quitté le domicile familial et j’ai pris un appartement à Gerland, avenue Jean Jaurès. Aujourd’hui, je n’y vis plus, mais j’ai voulu garder un pied-à-terre là-bas, alors j’ai acheté un studio.

Jusqu’à ce que vous vous retrouviez vous-même joueur de cette équipe que vous alliez voir jouer…

Oui. Je me souviens très bien de mon premier match avec Lyon. C’était à Reims (le 21 août 1960, ndlr). À l’époque, Reims, c’était la grande équipe française. J’ai joué contre mon idole de jeunesse, Roger Piantoni. C’est inoubliable. À l’époque, on n’avait pas de télévision, mais j’arrivais à suivre ses exploits. J’aimais beaucoup ce joueur. C’était la grande équipe… Ils étaient champions, ils jouaient contre le Real…

Cette saison 1960-1961, c’était votre première. Ça devait être quelque chose de fouler la pelouse de Gerland pour la première fois, non ?

Alors, il se trouve que cette pelouse, je l’avais déjà foulée avant d’être professionnel. J’avais joué une année en CFA, puis il y avait eu les matchs de la coupe Gambardella. J’étais jeune. Mais en professionnel, oui, j’avais joué ce premier match en août et j’étais revenu sur les pelouses pour les huit derniers matchs. Et c’est à partir de là que j’ai su que ma carrière était lancée dans ce stade.

Un stade bien différent de celui d’aujourd’hui…

Ah ça oui ! Il y avait encore les grands virages en demi-cercle, et puis cette piste cyclable autour du terrain. Chaque année, le Tour de France passait par Lyon, et l’étape se terminait toujours par le tour du stade de Gerland. Et puis, c’est devenu un vrai stade de football. À l’époque, ce n’était pas tellement une enceinte de football. Il avait été construit comme un stade omnisports. Et puis il a évolué. Et aujourd’hui, c’est fini (il marque une pause). Ça va devenir un stade de rugby…

Vous semblez peiné de voir l’OL quitter son antre.

Je le suis, comme beaucoup. Je ne suis pas le seul. Les gens aiment ce stade, le connaissent. La plupart ont découvert le stade avec leurs parents. Et puis bon… (Il souffle) Quitter ce stade… Je pensais que ça n’allait jamais arriver. Et finalement, si.

Vous pouvez tout de même vous consoler en sachant que vous resterez à jamais le petit prince de Gerland.

Oui, c’est vrai. Je suis heureux de savoir que je ferai toujours partie de l’histoire du club, que je resterai le prince de ce stade et le meilleur buteur de l’OL. Je ne pense pas que mon record sera un jour battu. Donc je peux mourir tranquille, même si cette histoire se termine.

Quelles étaient vos petites habitudes à Gerland ?

Je ne m’échauffais jamais sur la pelouse. Je n’aimais pas ça. J’aimais bien m’échauffer seul, pour me concentrer. Et puis je n’avais pas besoin de beaucoup m’échauffer, moi. Je le faisais dans les vestiaires. Aujourd’hui, c’est différent. Les joueurs s’échauffent ensemble, sur le terrain.

D’ailleurs, les Bad Gones vous ont rendu un hommage magnifique sur leur dernière bâche. Qu’est-ce que vous avez ressenti ?

Oh, j’étais très surpris. Très surpris et très honoré. Vraiment… (Il cherche ses mots) Ça m’a fait quelque chose. Imaginez bien : je ne joue plus depuis quarante ans, mais les gens pensent encore à moi. Ça veut dire ce que ça veut dire. J’ai vraiment marqué l’histoire du club. La plupart de ceux qui ont fait ça ne m’ont même pas vu jouer. Beaucoup de supporters sont trop jeunes et pourtant ils me rendent hommage.

Il faut dire que vous en avez fait trembler des filets. Et contre Saint-Étienne particulièrement. 21 derbys, vous devez avoir un paquet de souvenirs, non ?

Il y en a un bien particulier dont je me souviens, en 1971 (le 9 avril 1971, ndlr). C’était un huitième de finale retour de la Coupe de France. On avait perdu deux buts à rien à l’aller. On a gagné trois buts à zéro au retour, et j’avais inscrit les trois buts. J’avais même marqué deux buts de plus, mais ils avaient été refusés pour hors-jeu. Je n’étais même pas hors jeu. C’est un souvenir exceptionnel, qui restera gravé à jamais dans ma mémoire. Battre Saint-Étienne à cette époque, c’était géant. Ils étaient très largement au-dessus de nous. Donc pour les supporters et les joueurs, c’était exceptionnel.

Surtout qu’à l’époque, l’esprit derby était peut-être encore plus cultivé qu’aujourd’hui…

Ah oui, mais c’est assez logique. Aujourd’hui, l’OL joue beaucoup de gros matchs, comme celui de demain (le match contre le Zénith en LDC, ndlr). Mais nous, à l’époque, on n’en avait pas autant, des grands matchs. Les seuls qu’on disputait, c’était les derbys. On ne pouvait pas les louper. On ne pensait qu’à ça.

Vous avez quand même disputé des grands matchs qui n’étaient pas des derbys. Lequel vous a le plus marqué ?

Bien évidemment, je me souviens de la finale de la Coupe de France, en 1964. Trois jours après, on recevait le Racing. À l’époque, c’était une grosse équipe. J’avais marqué trois buts, et on avait gagné assez largement. J’avais marqué un joli but, ce qui renforce ce beau souvenir.

Trois coupes de France, c’est assez spectaculaire également…

C’est vrai. Disons que la première nous avait un peu surpris. En 1967, c’était également la fête, mais on avait fini 16es ou 17es en championnat (15es, ndlr). Mais même en 1973, nous étions très contents. On revenait à la gare qui était noire de monde. Les gens étaient partout dans les rues. On passait par la rue de la République et on remontait jusqu’à l’hôtel de ville. On montait au balcon et on faisait la fête, comme les joueurs dans les années 2000.

Le général De Gaulle lui-même vous avait félicité en 1967, n’est-ce pas ?

Voilà un autre souvenir que je n’oublierai absolument jamais. Il m’a remis la coupe et m’a dit exactement ces mots : « C’est bien, petit. » Il n’a pas remis deux coupes, ni trois. Il n’en a remis qu’une seule, et c’était celle-ci.

Comment dire au revoir à Gerland après tant d’années passées dans ses travées ?

Je ne sais pas. J’ai tellement de souvenirs dans ce stade et dans ce quartier. Les HLM sont encore debout, les trois cours dans lesquelles je jouais aussi. Bien sûr, le quartier a changé, il est plus industriel, il y a plus de restaurants. Les abattoirs ne sont plus là, aussi. Les premiers matchs dans le grand stade seront compliqués. Mais quoi qu’il arrive, je n’oublierai jamais le stade de Gerland.
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Propos recueillis par Gabriel Cnudde

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