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Démesure, records et Amérique
Le mercato hivernal a fermé ses portes. Les millions de livres ont afflué, comme prévu, du côté de Chelsea, City et Liverpool. Il annonce aussi la fin de carrière de certains et la mode des milieux américains.
Coup de plumeau sur les records
Manchester City peut se la raconter. Le record de dépenses du Chelsea 2003-2004 est tombé en 2011. La toise s’élève désormais à 187 millions d’euros contre 176 auparavant. Mais les Blues peuvent au moins se consoler sur une chose. En faisant de Fernando Torres le joueur le plus cher de l’histoire de la PL (58,1 millions d’euros), Chelsea a contribué à faire tomber un autre record datant de 2008 : le montant des emplettes de la Premier League lors d’un mercato hivernal. La marque était à 215 millions d’euros. Elle est aujourd’hui à plus de 274 millions. Bien sûr, les pensionnaires de Stamford Bridge ne sont pas les seuls bienfaiteurs. Gloire à Liverpool, qui, sans doute bloqué par les millions provenant de la vente de Torres, ont banqué n’importe comment pour Andy Carroll : 41 millions d’euros, c’est tout de même plus que Torres à Liverpool en 2007, que Berbatov ou Rooney à MU respectivement en 2008 et 2004, et surtout que Dzeko à City cette année. Elle ferait presque passer l’arrivée de Suarez, 26,5 millions d’euros, pour une dépense de pauvres.
Les jolis coups
Passons sur les érections en chaîne que doit subir le board de Newcastle pour la vente ultra-réussie de Carroll à Liverpool. Trois clubs ont bien réussi leur entreprise hivernale. Tottenham tire son épingle du jeu avec 3,5 pauvres petits millions pour Steven Pienaar, un joueur rompu aux us et coutumes de la Premier League. L’association avec Modric vaudra sans doute le détour. Bolton s’en sort aussi plutôt bien. On annonçait des finances dans le rouge, une masse salariale au-dessus de leurs moyens et la quasi-certitude de perdre Gary Cahill et Johann Elmander cet hiver. Au final, les Wanderers se renforcent avec la venue sous forme de prêt de Daniel Sturridge. Reste à savoir si le gaucher pourra dégonfler son boulard qui a énervé plus d’une fois Ancelotti et les Blues en début de saison. Enfin, on ne peut pas passer sous silence la formidable vente de Sunderland concernant Darren Bent. Avec 22,1 millions d’euros dans les poches, les Black Cats se sont construits un joli trésor de guerre, un trésor qui ne servira cependant pas à grand chose si la qualification européenne ne vient pas sanctionner leur, jusqu’à présent, meilleure saison depuis la création de la Premier League.
Pouvaient être élus dans cette catégorie : Vela (West Bromwich), Kakuta (Fulham) voire Ireland (Newcastle)
Les recalés
Les losers de ce mercato hivernal se trouvent tous dans le nord de l’Angleterre. El-Hadji Diouf était peut-être modestement « dans la meilleure forme de (sa) vie » mais était surtout considéré comme l’ennemi public numéro un en Angleterre, « un rat de gouttière » pour le coach des Queens Park Rangers, ulcéré par l’attitude du Sénégalais lors du troisième tour de Cup début janvier (insultes sur un joueur couché sur une civière, double fracture tibia-péroné). Direction le soleil de Glasgow et des Rangers pour l’ancien Sochalien. De Rangers, il en est aussi question pour Pascal Chimbonda, qui poursuit sa descente vers l’oubli. Il est loin le temps où l’attraction de Domenech était le meilleur latéral droit de la ligue anglaise. Pascal va désormais sévir à l’échelon inférieur, chez QPR. Enfin, parlons de Paul Konchesky. Il était déclaré M. Propre sous les ordres de Roy Hodgson à Fulham la saison dernière. Après une belle saison, Hodgson embarque l’arrière gauche dans ses bagages pour Anfield. Mais Roy n’est désormais plus là, Dalglish préfère même un droitier (Glen Johnson) ou un puceau (Kelly) à son poste. Konchesky est prié de dégager et est aujourd’hui échoué à Nottingham Forest. Dur.
Pouvaient être élus dans cette catégorie : Carew (Stoke), Gudjohnsen (Fulham), Robbie Keane (West Ham), Giovanni Dos Santos (Santander)
[page] Le galérien gallois
On appelle ça un chemin de croix. Aaron Ramsey était l’année dernière, tout comme Wilshere, un des meilleurs espoirs de la formation d’Arsène Wenger. Mais les crampons de Ryan Shawcross sont passés par là et le jeune Gallois sort du terrain de Stoke City sous assistance respiratoire et une jambe sous le bras. Remis sur pied en novembre, Ramsey peine, mais accepte un prêt de deux mois à Nottingham Forest pour retrouver ses sensations. De retour dans l’effectif Gunner début janvier, Wenger ne peut lui promettre du temps de jeu et a donc une nouvelle fois prêté son Gallois, pour un mois seulement. Direction la maison et Cardiff City, où sévissent Craig Bellamy et, paraît-il, un attaquant international anglais (Bothroyd).
La classe américaine
Les mauvaises langues le disaient “fils à papa” en sélection US pendant la Coupe du Monde. Michael Bradley est depuis ce mercato venu garnir les rangs, en prêt, d’Aston Villa, en provenance de Mönchengladbach. Michael a annoncé la couleur dans les colonnes du Guardian : « Je veux être le Roy Keane d’Aston Villa. La manière avec laquelle il a été le moteur et le coeur de Manchester United, et avec réussite, est une source d’inspiration pour moi » . Soit. Dans le style “on met du coeur à l’ouvrage les yeux fermés”, Blackburn a également fait son marché en Allemagne, à Schalke 04, avec l’arrivée de Jermaine Jones, allemand-américain selon son passeport. Il a la trogne de Wendel, la mâchoire de Kombouaré, le nez de Fabrice Bénichou, la bouche de Matt Moussilou, les oreilles de Gourvennec, le tacle facile à la Van Bommel et apporte une WAG pleine de fraîcheur, Sarah Gerht (Miss Germany 2005) en Premier League.
Ronan Boscher
Par