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Del Bosque, le sélectionneur normal

Par Thibaud Leplat, à Madrid
Del Bosque, le sélectionneur normal

Il en faudrait beaucoup moins au reste de la planète pour fondre les fusibles. Mais Vicente del Bosque a beau entrer ce soir dans l’Histoire, c’est surtout un type normal et bien élevé. Ce qui est déjà exceptionnel.

Être gentil, est-ce un défaut ou une qualité dans le football ? Le jour où Vicente del Bosque reçoit le prix Prince des Asturies des sports, sorte de prix Nobel à la sauce espagnole, il ne remercie ni son producteur, ni son agent, ni ses fans. Il invite Luis Aragonés, son prédécesseur, à l’accompagner. Vincent du Bois est un type simple, qui aime les choses simples. Être des gens bien, c’est déjà une victoire. L’Espagne « a fait de la modestie une arme aussi puissante et fascinante que son jeu, explique-t-il,cette sélection est porteuse de valeurs qui vont bien au-delà des victoires ponctuelles ou des choses matérielles. Elle est aussi l’héritière d’une tradition dont nous pouvons être fiers. Ces valeurs sont impérissables et déterminantes. » Ces valeurs sont « l’effort, le sacrifice, le talent, la discipline, la solidarité et la modestie » . L’équipe d’Espagne ne parle pas d’image, de carrière ou d’égo. Elle parle de choses qui ne peuvent s’acheter, ni se vendre, ni se compter. L’Espagne jouera sa troisième finale d’affilée parce qu’elle croit en quelque chose et que ce sont ces valeurs qui font gagner les hommes. Pas les plans de communication.

Vicente del Bosque aurait pu faire comme d’autres sélectionneurs ou joueurs et abandonner le navire. Après tout, il n’y aura jamais rien de mieux que d’être champion du monde. Mais s’arrêter au sommet est le fantasme narcissique des héros auto-proclamés. Del Bosque a des choses plus intéressantes à faire que de pantoufler dans une direction technique et contempler une coupe en or sur une étagère. Le moustachu aime le sport et les gens. Alors il continue à lire Marca jusqu’à la dernière page (celle des résultats des jeunes) et à assister à tous les entraînements des sélections inférieures. Parce que, dans la vie, gagner ne sert à rien. Ce qui compte, c’est de transmettre. Ce matin, Ramon Besa, immense journaliste catalan, remercie le madrilène Del Bosque dans El Pais : « Écrire sa légende de personne affable nous aide à nous rappeler des valeurs en pleine décadence, comme le respect ou le bon sens, (…) son éloge ne doit pas néanmoins être un prétexte pour ne pas parler de son œuvre ou oublier qu’il s’agit d’un très grand entraîneur. » Si l’Espagne l’emporte ce soir, il aura gagné tout ce qu’un homme de foot peut gagner : Championnat, Coupe, Champions League, Intercontinentale et Mondial. Il ne lui manque plus qu’une perle.

Le renversement des valeurs

Pourtant, il a bien du faire face aux inévitables polémiques et questionnements existentiels. Avant l’Euro, il y a eu l’affaire Torres, le Niño de l’Espagne, non-convoqué pour un amical trois mois avant l’Euro. Del Bosque éteint l’incendie : « Ça ne veut pas dire qu’il ne viendra pas à l’Euro. Il reste encore quelques mois. Nous avons beaucoup d’estime pour lui et l’apprécions beaucoup. Moi, j’ai beaucoup de considération pour lui comme footballeur, mais aussi comme gamin (sic). Mais je dois être juste avec les autres qui arrivent derrière. Nous ne pouvons pas les freiner. » Finalement, le Niño ira en Ukraine. Pendant l’Euro, l’Espagne gagne, mais ennuie le bon peuple. Mais le foot, c’est surtout en parler. Le débat de bistrot, c’est l’essence même de ce phénomène social : « Tout le monde a un peu raison dans ces critiques. La seule chose, c’est que je ne peux pas répondre à toutes. Tout le monde pense avoir raison, mais notre rôle à nous est de prendre des décisions et je pense qu’elles sont justes. » Le bon sens d’un homme qui a vécu est désarmant. En Grèce, on appelle ça la sagesse.

Être normal tient de l’exploit dans la grande foire aux bestiaux du football international. L’Espagne est déjà entrée dans l’Histoire parce qu’elle n’a insulté personne, ne s’est pas enfermée dans un bus et n’a jamais rechigné à débrancher ses casques. Iker Casillas a passé sa vie à gagner des titres et recevoir des éloges. Mais son truc à lui, c’est de donner du bonheur aux gens : « Nous sommes tous conscients dans l’équipe que les gens font d’énormes efforts. J’aime bien me mettre sur YouTube et voir comment les gens ont vécu les finales en Espagne. J’ai revu mille fois les pénalties contre l’Italie il y a quatre ans, les retransmissions sur toutes les places en Espagne, sous les tentes à Madrid, Bilbao, Séville… Je suis de ceux qui, lorsqu’ils terminent un match, pensent au bonheur des habitants de Navalacruz (le bled de ses parents). Dans chaque coin du pays, on vit le football différemment : avec les enfants et une bière à la maison, entre amis au bar du village, 30 000 personnes autour du Bernabeu… C’est ce que je faisais avant. » Les Guignols ne font peut-être pas rire Casillas et Del Bosque, mais eux peuvent soulever leur troisième trophée international consécutif ce soir. Ou pas. Peu importe, en fait. Ils ont gagné depuis longtemps.

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Par Thibaud Leplat, à Madrid

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