Comment définirais-tu ton amour du foot ?
Comment dire… C’est assez basique. Gamin, je jouais tout le temps : le matin avant l’école, à l’heure du repas, après les cours, la nuit chez moi et même simplement dans ma rue contre un mur. J’avais aussi un bon copain qui adorait Arsenal et je suis donc souvent allé voir des matchs avec lui à Highbury.
Les différentes scènes musicales londoniennes – reggae, hip-hop, soul, etc.- sont-elles encore reliées au foot ?
Je ne pense plus franchement. Je me rappelle, quand j’étais plus jeune, il s’agissait vraiment et avant tout d’une affaire de gangs : l’ICF, les Chelsea Headhunters, C Mob, Bushwhackers… Puis vous aviez des styles de musiques liées à des gangs ou des subcultures comme les mods, skins, soul boys… Tout était à l’époque divisé et décidé par les gangs et tu devais juste choisir ton camp !
Au regard de ton expérience, dans quel pays la connexion entre foot et musique se révèle-t-elle désormais la plus forte : l’Angleterre ou le Brésil ?
Je dirais le Brésil, car ils y ont produit de superbes morceaux sur le football, et même aujourd’hui, ils sortent encore de belles pop songs à ce propos… Tandis que, je dois bien le reconnaître, les chansons anglaises sont habituellement horribles.
Tu es un fan de West Ham, le club punk par excellence. Comment demeurer un amoureux de musique latine et brésilienne à Boleyn Ground ?
Et bien, j’ai toujours aimé West Ham pour une bonne raison : à mes yeux, ils sont la seule équipe britannique qui possède un style proche et les compétences brésiliennes du « GINGA » . Donc, de ce point de vue, ils incarnent les Brésiliens de l’Angleterre. Pour le reste, la seule chose que je puisse rajouter, c’est que je hais le fascisme.
Justement, est-ce que tu ne serais pas tenté de produire une reprise brésilienne de I’m forever blowing bubble ? Une idée de l’artiste ?
Pour ce type de chansons que j’aime vraiment, je peux uniquement imaginer une version davantage dans le genre rengaine de marin fortement alcoolisé, ou de pirate, un truc plus irlandais…
Quel fut ton meilleur ou ton plus fort souvenir de match ?
J’ai eu la chance de pouvoir assister à un Fla/Flu au Maracanã avec toute la pyrotechnie, les fumigènes, une sacrée et démente fête brésilienne avec tellement de gens en transe, le bruit, etc. Les matchs argentins peuvent aussi se révéler complètement fous et fun… Je me souviens aussi d’un Arsenal contre West Ham à Highbury au début des années 80 : une énorme baston, des gaz lacrymogènes, quelqu’un de tué… Dieu merci, cette époque est révolue.
Pour revenir à ta fonction de DJ, as-tu déjà croisé des joueurs lors d’une soirée ?
J’ai mixé une fois au MTV Awards à Lisbonne, j’y ai vu Abel Xavier. Et à une autre occasion, au festival « Cannes Lions » durant lequel j’ai rencontré Edmundo Alves de Souza Neto.
D’autres grands DJ’s londoniens sont aussi très branchés foot. Giles Peterson ne se cache pas d’être Gunner, Norman Jay un Spur. Vous en discutez entre vous parfois ?
Oui, effectivement il y a toujours matière à plaisanterie, mais heureusement sans violence. Il demeure évidemment une grande rivalité entre les clubs de Londres… Pour ma part, je suis un peu un puriste. Donc maintenant, je trouve qu’il y a trop de matchs, trop d’argent, etc. La FIFA a ruiné le plus beau jeu au monde.
Jamais de bagarres, comme autrefois autour des Cockney Rejects, grands supporters des Hammers ?
Mon dieu, cela remonte à loin… Je me rappelle que je fréquentais un gars dont le frère était un Headhunter. Bref, nous avions toujours peur quand nous venions chez lui pour un thé et des scones, que si son frangin traînait dans le secteur, il voudrait nous emmener dans le jardin pour « a ruck » , une sorte de mêlée, ce qui signifiait saisir ce prétexte afin de nous taper juste pour le fun…
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