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Dave Haslam, DJ culte et fan de WBA
L'un des DJ les plus célèbres de la scène musicale de Manchester est un immense fan de... WBA. Une histoire de tradition familiale.
« Du côté de ma mère, j’ai un proche parent qui fut boulanger en haut de la rue où se situe le terrain de football originel de West Bromwich Albion quand le club fut fondé en 1878. Il en est même devenu un des dirigeants. » Voilà comment Dave Haslam vit le football. Une affaire de tradition, nichée au cœur des Midlands, qui impose la fidélité et un attachement irrémédiable. « Je suis plutôt sentimental, très attaché à l’idée d’une famille qui reste unie derrière une équipe, dans les difficultés ou les succès, et c’est un peu cet état d’esprit qui rend vraiment WBA important à mes yeux. » Nous voilà confronté au football anglais dans sa plus stricte définition, celui qui se transmet de manière héréditaire aussi certainement que la couronne britannique. « Quand mon fils s’est sérieusement intéressé au ballon. C’était presque un devoir pour moi de m’assurer qu’il serait avant tout un fan de WBA, lui aussi ! J’ai pris l’habitude de l’emmener au stade. »
Imaginez que le fiston se soit fourvoyé du coté de Chelsea ou pire Liverpool ? Pas de souci, le bonhomme est ouvert. Si Haslam a grandi à Birmingham – WBA est un club situé en banlieue de cette ville -, son véritable foyer reste Manchester. Une patrie musicale d’adoption dont il fera danser la jeunesse et décrira les chroniques dans deux livres cultes. Toutefois, malgré cet indéniable affinité mancunienne, son amour pour les Baggies – le surnom des joueurs du club bleu et blanc – ne faillira jamais. Même après être devenu une des figures de la scène locale et un des DJ résident de l’Hacienda, boite mythique fondée par les gars de New order et du label Factory, il ne se sentira jamais concerné par la grande rivalité locale entre City et United. Il a nourri sa passion de pluie et de matchs boueux, avec cette petite notion presqu’élitiste qu’on retrouve chez tous ceux qui supportent les anciennes gloires du championnat – le dernier titre remonte à 1920- et le sentiment certain d’être dépositaire du « vrai foot » .
Et tant pis si personne ne vous aime, ne vous croit ou ne vous comprend : « Je pense que 99% des fans doivent résider dans un périmètre qui n’excède pas vingt-cinq kilomètres autour du terrain. Quand vous vous rendez dans les tribunes, tout le monde s’exprime avec le même accent et ce n’est pas franchement une expérience très glamour. Ce que j’aime, c’est que c’est réel » . Le brave Dave, qui enseigne aujourd’hui le journalisme musical à l’Université de Salford et donne des conférences à l’Université de Manchester, ne cessera donc jamais de tourner son regard vers The Hawthorns, une enceinte inaugurée en 1900, laissant ses oreille à Manchester. L’occasion de vivre de grands moments. « Je me souviens de cette rencontre où nous avons battu United 5-3 à Old Trafford. Même les supporters des Reds peuvent raconter que c’était un de leurs matchs favoris cette saison-là ! Nous avions trois joueurs noirs dans l’équipe et, en 1978, c’était plutôt rare. Tu peux très bien entendre dans la retransmission télé que ces « blacks » furent hués au début de la confrontation. Mais ils ont joué si bien que les cris se sont arrêtés et nos gars furent même applaudis depuis les gradins à la fin de la rencontre… » Il ne lui reste plus qu’à rédiger la grande épopée de son équipe de coeur.
Nicolas Kssis-Martov