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Dassier prend l’eau
Jean-Claude Dassier n'a pas résisté à son passage devant le conseil de surveillance. Pour se consoler, il pourra toujours se dire qu'il a duré quatre fois plus longtemps que son ancien copain de TF1, Charles Villeneuve.
Quand un nom – celui de Vincent Labrune, en l’occurence – revient avec insistance dans la presse, que cette personne annonce qu’elle va mettre les mains dans le cambouis, ce n’est jamais bon pour l’équipe dirigeante en place. Jean-Claude Dassier et Antoine Veyrat n’ont pas fait exception. Ce jeudi, le conseil de surveillance du club s’est réuni et a décidé de se passer de ses deux intermédiaires pour dessiner le nouvel organigramme du club. De fait, c’est mathématique, les personnes en place, Deschamps et Anigo, prennent plus d’importance. De là à penser que le remaniement vient d’eux, hein…
La dernière intervention publique de Jean-Claude Dassier a donc eu lieu ce matin, lors de la pose de la première pierre du nouveau stade Vélodrome. A cette occasion, il reçoit un hommage qui sonne déjà comme un adieu de la part du maire de la Ville, Jean-Claude Gaudin. Pour autant, à ce moment de la journée, Dassier sait très bien ce qui se trame. On rembobine : il y a quelques semaines, lors de la réunion de fin d’année avec les employés du club, il avait déjà avoué qu’il ne mettrait pas les pieds dans le nouveau stade en qualité de président. Malgré tout, l’éviction doit faire mal à cet homme de média. Le déchaînement de L’Equipe ces derniers jours, un journal avec lequel il s’est pourtant toujours efforcé d’être le plus collaboratif possible, doit être ressenti comme un coup de poignard par Jean-Claude Dassier. Mais au fil du temps, il a peut-être apporté trop d’eau au moulin de ceux qui voyaient Anigo et Deschamps comme des ennemis sans merci. Les deux hommes, qui œuvrent avant tout pour le bien du club bien entendu, se sont demandés plus d’une fois à quoi jouait l’homme qui était sensé vendre l’unité. La gestion du cas Deschamps, qui englobait l’avenir au club de Guy Stephan et Nicolas Dehon le coach des gardiens, a été l’erreur de trop pour un dirigeant qui n’aura pas réalisé une seule plus-value à la tête du club. Deschamps aura donc indirectement eu sa tête, lui qui ne cessait de déclarer de manière de moins en moins implicite qu’il attendait un signe de la direction du club, la « vraie » , pour continuer l’aventure. En le désavouant, Vincent Labrune enlève toute légitimité à Jean-Claude Dassier. Et 70 000 € mensuels, ça fait cher la vitrine – bien dépoussiérée sous son règne avec deux Coupes de la Ligue, un Hexagoal et un trophée des Champions -, surtout dans un club où on prône la réduction de la masse salariale, en rognant sur le personnel administratif pour faire assurer le boulot par des stagiaires.
Le départ d’Antoine Veyrat, ex-directeur général du club phocéen, interpelle d’ailleurs également, même s’il était lui aussi dans les tuyaux depuis quelques semaines. Grand vainqueur de la dernière redistribution de cartes il y a deux ans avec le départ du trio Diouf-Paoli-Fournier, le « frère de » n’avait qu’une réelle mission au club : tenter de le valoriser au maximum. En langage clair : le rendre sexy et sans histoire pour le vendre du mieux possible pour faire plaisir à la famille Louis-Dreyfus. Mais Margarita (ou Labrune, c’est selon et c’est pareil) a finalement opté pour une nouvelle stratégie : s’il faut vraiment le valoriser, autant que ce soit par le sportif. Donc par Deschamps et Anigo. Ces derniers qui auront plus de place pour s’exprimer, auront quelque part une marge d’erreur réduite. Un bordel sans nom, bien moins simple qu’il n’y paraît,s’annonce. A croire que Robert Louis-Dreyfus n’est pas mort, et que c’est encore lui qui tire les ficelles.
Romain Canuti, à Marseille
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