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Darwin, Majorque et sorcellerie
A Majorque il y a la mer, des plages et plusieurs milliers d'allemands (7% de la population). Il y a aussi l'équipe surprise de la première partie de Liga. Le Mallorca est quatrième du championnat alors que le club est au bord de la banqueroute. Seul un sorcier est capable d'un tel miracle. Ça tombe bien à Majorque, il y a aussi Gregorio Manzano, peut-être le meilleur coach espagnol en ce moment. Il se rend ce soir à Bernabeu.
Le Mallorca en septembre 2009 avait le CV parfait pour la relégation en classe touriste : quatre présidents en un an, salaires impayés, deux millions à rendre au fisc espagnol, une campagne de déstabilisation par medias interposés, une cour des miracles en pleine tribune présidentielle et une dette supérieure au budget du club (44 millions d’euros). « Plus personne n’osait plus miser un rond sur nous. La seule façon de revaloriser le club, c’était par de bons résultats » dixit Valero, milieu offensif. Facile à dire.
Pourtant le miracle a bien eu lieu en « petite Bavière » . Mallorca c’est maintenant : la troisième attaque de la Liga (derrière Real et Barça), la quatrième place – classificatrice en Champions , 8 victoires consécutives à domicile (record partagé avec le Real) et surtout Gregorio Manzano, un entraîneur qui marche sur l’eau.
Alors que son équipe s’est séparée de six de ses titulaires en juin dernier après une saison honorable (7ème), on ne donnait pas cher de la peau de l’entraîneur andalou. El Profesor, référence à son ancien boulot de prof au lycée, entamait sa cinquième saison au club et était condamné au miracle. L’andalou d’origine ne s’est pas dégonflé. Faut dire que faire des miracles, c’est son fonds de commerce au sorcier andalou spécialisé dans le sauvetage de clubs en perdition.
Pour lui le foot est basé sur la psychologie, la concentration et l’adaptation. Son idée de jeu ? « Donnez-moi des joueurs à 20 millions d’euros et je vous le dirai » . Or, Mallorca ne roule pas vraiment sur l’or. Du coup, le coach insulaire invente le darwinisme footballistique : « dans ce métier il faut s’adapter aux ressources et aux personnes. Le Foot, comme dans la vie, soit tu t’adaptes, soit tu disparais » . Pour l’instant personne ne manque à l’appel et avec 30 buts en 16 matchs, les îliens sont bel et bien dans la place.
Ses meilleurs miracles
En 2008 Mallorca finit septième avec des victoires au Camp Nou, à Santiago-Bernabeu, à Mestalla et à Bilbao dans la besace. Son plus grand miracle : faire de Dani Güiza le meilleur buteur de la Liga (27 buts, aucun pénalty tiré) et soulier d’argent européen (derrière Ronaldo). L’année suivante, Mallorca est reléguable à la trêve et prépare déjà sa saison prochaine en D2. Trente-sept points engrangés plus tard (record partagé avec le Real de Juande Ramos), l’équipe fait mieux que se sauver et termine neuvième.
Du coup, sa stratégie contre le Real ce soir : « le secret contre un gros comme le Real c’est la conservation du ballon. Il ne faut surtout pas reculer. On les pressera très haut pour créer le surnombre au milieu et les priver de ballon » / Faut pas l’énerver le prof. Son objectif à Bernabeu : « la gagne » . Évidemment.
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