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Daniel Brühl : «J’ai même vu des flics jouer au foot avec des punks…»

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Daniel Brühl : «J’ai même vu des flics jouer au foot avec des punks…»

Après Good bye, Lenin ! et Inglourious Basterds, Daniel Brühl a tourné dans Rush, injustement sous-coté. L’acteur allemand sera à l’Institut Lumière de Lyon dimanche, dans le cadre du Festival Sport, littérature et cinéma (du 13 au 16 mars) pour présenter le film, et qui sait, peut-être parler du FC Cologne…

Interview publiée dans le SO FOOT numéro 63

Allez, pour commencer en fanfare, fais-nous rêver : parle-nous du FC Cologne…

C’est une équipe où les supporters ont toujours été parmi les plus fidèles, même en deuxième division. Podolski, c’est typiquement le mec de Cologne : pas trop fait pour la concurrence, pas très malin non plus, mais gentil, qui revient au club après avoir refusé de belles offres, enfin, des gros montants d’équipes moyennes en fait. C’est ça, Cologne. J’ai plein de potes là-bas qui ne bougeront jamais et que je suis sûr de retrouver dans le même bar dans trente ans.

C’est surtout un vrai club de losers, qui a le record de minutes sans marquer (ndlr, 1034)…

La dernière fois que le club a été champion, en 1978, mon père m’a dit qu’en fait, c’était pathétique. En 1965, en quart de finale de la Coupe d’Europe, on a perdu après un match nul contre Liverpool et après que la pièce avait été jetée une deuxième fois en l’air, après être tombée auparavant sur la tranche dans la boue. Mais on assume d’avoir ce statut de losers romantiques, c’est dans l’esprit local, l’amour des blagues nulles et du carnaval. Les gens de Cologne sont marrants et s’amusent d’être qualifiés de losers. C’était une grande ville d’art, mais ce n’est plus le cas. On accepte avec le sourire cette perte de grandeur.

Et Barcelone ?

Je suis né à Barcelone parce que ma mère n’avait pas confiance dans les hôpitaux allemands. Le seul truc qui m’a déçu au Camp Nou, c’est l’ambiance des tribunes : c’est un peu snob. Je venais de tourner dans Salvador dont le producteur Jaume Roures, un ancien communiste, dirige Mediapro et a les droits télévisuels du foot en Espagne. Lors de Barcelone-Chelsea, Jaume m’a pris dans sa voiture avec Van Basten et Cruijff pour aller au stade, un truc de fou. Je devais aller en tribune officielle, mais ils ne m’ont pas laissé entrer parce que j’étais en jeans. Je leur ai expliqué qu’il fallait que j’entre parce que j’allais suivre le match à côté de deux légendes, mais les mecs n’ont rien voulu savoir.

Vas-tu au stade à l’étranger ?

À l’occasion du festival du film espagnol à Manchester, je suis allé voir un match de United à Old Trafford, contre une équipe assez moche, Bolton. J’ai regardé autant les tribunes que la pelouse, moi qui adore la musique de Manchester, comme The Stone Roses, New Order et Joy Division. J’ai vibré quand les mecs ont célébré Ryan Giggs sur l’air de Love will tear us apart. La grande classe. En rentrant du match, j’ai pris un taxi, tout excité, en lui disant que c’était un grand jour. Et le mec, sans quitter les yeux de la route, m’a dit de me calmer car il était pour City. Puis il a ajouté, superbe : « Je ne pisserais même pas sur le stade d’Old Trafford s’il était en train de brûler… »

En Allemagne, il y a pléthore de nouveaux stades ultra modernes. Ça a changé l’esprit ?

Tu peux même te marier au stade, et bientôt, il faudra peut-être deux ans d’attente pour ce genre de connerie. C’est n’importe quoi. Et puis, la politique de billetterie fait que les mecs dans les loges ne viennent pas toujours, alors que des supporters maquillés et déguisés n’importe comment matent les matchs sur des écrans géants à l’extérieur. D’ailleurs, c’est toujours en loges que tu entends le plus gros ramassis de conneries balancées avec suffisance. Et c’est pire qu’à la télé, car en loges, t’es tout seul avec les cons.

Chaque nation a son footballeur romantique, une icône populaire et fragile. Existe-t-il, ce joueur allemand alternatif ?

Mehmet Scholl était un joueur populaire et en même temps très méconnu. Il avait de très bons goûts musicaux, atypiques et subversifs. Je crois d’ailleurs qu’il a fait des compilations assez décalées. On a des amis communs qui m’ont aussi dit qu’il leur avait parlé de certains de mes premiers films, des trucs très arty et assez obscurs pas évidents et que personne n’a vus. Mario Basler était aussi à part, à sa façon, plutôt porté sur la fumette. J’ai rencontré David Seaman, lors d’une avant-première, avec sa moustache et j’ai aussi fait un vol entre Nice et Berlin en jet privé à l’occasion du Festival de Cannes avec Samuel Eto’o. Il était invité à un événement caritatif par Puma à Berlin. C’est un mec marrant et intelligent. Pendant le vol, je voulais lui parler du Barça, mais lui ne me parlait que d’une actrice que je connais qu’il avait matée assez indécemment auparavant.

Dans Good Bye, Lenin!, il y a, à un moment, une image de la célébration de la victoire en Coupe du monde 90, sensée symboliser la réunification. Le football est-il un fait culturel et social en Allemagne ?

Après avoir perdu deux guerres, la Coupe du monde 1954 en Suisse a été un grand moment, mais tout a commencé à changer lors de la Coupe du monde en 2006. En allant au stade olympique, j’ai même vu des flics jouer au foot avec des punks… C’était un été magique, il a juste manqué une finale. On a toujours eu le complexe du drapeau et de l’hymne jugés trop nationalistes, mais en 2006, on a dépassé ce blocage car on l’a utilisé très librement et normalement. Pour la victoire en 1990, c’était un moment magique, peu après la réunification, mais différent car il y avait aussi des images assez tristes d’Allemands de l’Est, pauvres, qui ne partageaient pas cette joie. Et parmi les supporters de Dresden et de Leipzig à l’époque, il y avait de purs hooligans, les skinheads les plus violents d’Allemagne.

Pourquoi, dans le foot allemand, y a-t-il plus de beaufs qu’ailleurs ?

Le plus drôle en Bundesliga, ce sont tous les mecs qui se la racontent, mais qui sont ridicules. Torsten Frings roule en Hummer et a adopté un style hip-hop sans trop comprendre de quoi il s’agit. À Munich, on m’a dit que certains joueurs sortaient dans un club horrible super vulgaire, le P1, Oliver Kahn y ramènerait souvent des blondes horribles, des nanas littéralement intouchables. Un autre mec qui gagne à être connu, c’est Schweinsteiger. Je l’aime bien, c’est une grande gueule, un brave mec dont personne ne comprend l’humour. J’étais assis avec lui et des dirigeants du Bayern, il neigeait dehors, et il a sorti une blague sur Asamoah qui faisait du ski. Dis comme ça, c’est bizarre, mais ça se voyait que ce n’était pas raciste, c’était une blague, rien de plus. Il se marrait tout seul super fort, sans pouvoir s’arrêter, devant des mecs assez sinistres, et la scène m’a fait hurler de rire. Chez les coachs, j’ai une affection particulière pour Otto Rehhagel. Un mec délicieux, surtout lorsqu’il donne des interviews, parce que ça n’a aucun sens. On ne comprend pas un mot de ce qu’il dit, mais c’est un bon coach. De toute façon, les joueurs ou entraîneurs qui montrent leurs faiblesses, comme Christopher Daum et ses problèmes de drogue, sont les plus populaires, et c’est très bien. Des mecs comme Mutu et ses millions à verser à Chelsea pour des histoires de cocaïne ou Ronaldinho et sa vie nocturne, tu les aimes d’autant plus sur le terrain quand tu sais qu’ils étaient en train de faire les cons quelques heures auparavant. J’ai croisé Maradona à la Coupe du monde 2006, lorsque l’Allemagne a éliminé l’Argentine grâce à Lehmann et ses petits papiers. J’étais assis non loin de lui. Tous les mecs à côté de lui pleuraient et lui essayait de rester fier, le torse bombé. Et ça, c’était carrément un tableau de tragédie…

Par Brieux Férot, à Berlin / photo : DR


Brühl, mais aussi Cantona et Merckx à Lyon !

Le King Éric sera aussi en ville et il va falloir se dépêcher de prendre son billet. À l’occasion de la toute première édition du Festival Sport, littérature et cinéma organisé par l’Institut Lumière de Lyon (13-16 mars), Éric Cantona viendra, le vendredi 14 mars à 20H15, présenter Les rebelles du foot, de Gilles Perez et Gilles Rof, documentaire diffusé sur Arte il y a quelques mois, où Sócrates côtoie Mekloufi, Drogba, Caszely et Pasic.

Autre projection d’un film qui ne vaut qu’à être vu non seulement le samedi 15 mars à 11h, mais surtout entre potes et pas seul devant sa tablette : le formidable documentaire sur le corps arbitral, en immersion au moment de l’Euro 2008, Les arbitres, de Jean Libon et Yves Hinant, historiques de Strip-tease. Un film de commande de l’UEFA peut-il être aussi l’un des tout meilleurs films de foot au monde ? Et ouais, mon pote…

Enfin, en copie restaurée, le mythique Coup de Tête, de Jean-Jacques Annaud, le 16 mars à 15h. À voir également : La course en tête en présence d’Eddy Merckx le 14 mars à 19h30, Le Mensonge Armstrong d’Alex Gibney le 15 mars à 17h15, Mohamed Ali’s greatest fight, de Stephen Frears en sa présence, le ciné-concert avec Sportif par amour de James W. Horne et Buster Keaton en présence de Luc Dardenne le 16 mars à 11h ou encore Rush, de Ron Howard, en présence de Brühl le 16 mars à 17h. ⇒ Réservations et infos sur : http://www.institut-lumiere.org/ Institut Lumière, 25 rue du Premier-Film, 69008 Lyon

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