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Dani Alves, le consigliere

Par Markus Kaufmann
Dani Alves, le consigliere

À 32 ans, après près de 600 matchs en Europe dont 350 sous les couleurs du Barça, bien assis sur une montagne de 25 trophées dont 5 coupes d'Europe, Dani Alves est encore là et continue à se nourrir de l'adversité, des doutes et des critiques. Comme il le dit si bien, l'arrière droit à la créativité de 10 « continue à en emmerder plus d'un ». Au point de réclamer une place parmi les plus grands de l'histoire, entre Pelé et Messi. Et s'il avait raison ?

C’est l’histoire d’une réunion de famille. Mais cela pourrait être une réunion d’affaires, aussi. Au bout de la table ovale, où se situe aussi le centre de la pièce, un homme attire l’attention de tous. Il est chauve mais jeune, parle catalan et porte une cravate fine. Si son charisme s’impose, sa voix reste douce. Autour de la table, une trentaine de jeunes hommes à l’apparence athlétique se tiennent assis, serrés dans leur costume officiel. Cette famille, c’est celle du Barça le plus dominant de l’histoire, qui a commencé sa domination en septembre 2008 et qui continue à l’exercer encore aujourd’hui. Si elle s’étale aujourd’hui sur plusieurs générations, cette famille a une origine – Pep Guardiola – et un sens – perpétuer la domination.

Mais personne n’est éternel. Tour à tour, comme dans toutes les familles et comme dans toutes les affaires, les fils, associés, cousines, fournisseurs, oncles, investisseurs et tantes partent. Carles Puyol est parti. Xavi, aussi. Víctor Valdés, également. Certains sont partis tôt, comme Rafael Márquez ou Yaya Touré. D’autres sont arrivés plus tard et sont repartis plus tôt, comme Cesc Fàbregas et Alexis Sánchez. Peu importe, parce que tout le monde part. Même Pep Guardiola. La question, ici, est donc de savoir quelle place occupera Dani Alves autour de cette table au moment de partir.

Aux côtés de Messi et Pelé, au calme

« Le football et le journalisme n’ont pas de mémoire, mais si tu jettes un coup d’œil derrière, tu peux voir que je suis le meilleur passeur décisif pour Messi au Barça. Ça, c’est de l’histoire. Sur le 400e but de Messi, le centre était de moi. Lors du premier Mondial des clubs du Barça, le but décisif de Messi venait aussi de l’un de mes centres. J’accumule ce genre de choses. Les gens n’y pensent pas, mais pour moi, c’est comme un album personnel » , racontait Dani Alves la saison passée dans un long entretien accordé au quotidien barcelonais La Vanguardia. « Quand on prendra notre retraite, on dira : qui a été le plus grand de l’histoire du football ? Messi. Et qui lui donnait la balle ? Dani. Mon nom sera là, ça en fera chier plus d’un, mais il sera bien là. Par exemple, au Brésil, je ne veux pas me lancer des fleurs mais… Après Pelé, je suis le Brésilien qui a gagné le plus de titres. Et pourtant je suis toujours remis en question. C’est fou… » Loin des terrains, la voix de Dani Alves est aussi sincère qu’un appel de Pedro et aussi réfléchie qu’une passe de Xavi. Le mélange donne une personnalité forte et un égo convaincu. Après tout, alors que le Messi du grand Barça n’a pas gagné de titre loin de Barcelone et donc sans Dani Alves, le Brésilien avait su faire voler Kanouté à Séville.

Vidéo

S’il a souvent changé de numéro – le 20, le 2, le 22 d’Abidal, le 6 de Xavi – Dani Alves n’a jamais changé d’identité. Seulement, cette identité a toujours semblé difficile à saisir. Alves est un latéral qui réalise 70 passes par match, autant que des meneurs comme Fàbregas, David Silva et Özil. Alves est un défenseur qui brosse le ballon comme un numéro 10 et dribble comme un ailier. Un défenseur offensif qui transforme un couloir en cœur du jeu, ou l’inverse. Un créateur qui compte ses passes décisives plutôt que ses buts, placé dans le corps d’un homme qui aime pourtant porter des paillettes. Paradoxalement, Dani Alves s’est ainsi construit un personnage insolent et peu populaire, voire désagréable, qui produit un football d’une classe inouïe, coiffé d’une lucidité élégante. Le sang chaud et les pieds froids. Le regard qui brûle et les yeux qui gèlent.

Arrogant mais travailleur

Pour mieux comprendre cette identité, ou en saisir au moins une partie, mieux vaut la laisser s’exprimer : « Moi, je suis un survivant parce que je sais bien quel est le niveau d’exigence qu’il faut avoir pour continuer à jouer ici. J’ai toujours été content que les nouveaux viennent tous se rajouter à l’équipe, j’ai toujours voulu qu’ils soient les bienvenus, mais qu’ils sachent que je ferai toujours en sorte que ce soit très compliqué pour eux de jouer à ma place. Tant que je serai là, ce sera toujours une compétition. (…) Il y a toujours quelque chose à démontrer dans la vie. Je ne fais pas partie de ceux qui pensent que parce que – entre guillemets – tu as fait des choses merveilleuses, c’est fini. Si tu t’en sors bien, tu dois encore t’améliorer. » Dani Alves laisse ainsi deviner un compétiteur acharné qui se nourrit de l’intense adversité qui l’entoure : arrogant parce qu’il déteste la défaite, insolent parce qu’il a conscience de la quantité de travail qui soutient ses tentatives.

Depuis 2008, Dani Alves se présente comme un pion au service du collectif barcelonais et s’est rarement imposé sur les premières pages, mis à part pour un petit pont de virtuose sur Cristiano Ronaldo, un missile lancé dans la lucarne de Casillas au Camp Nou et des envies de prolongation de contrat. Ainsi, le football se souvient du but d’Ibrahimović contre le Real Madrid au Camp Nou, mais il a oublié le centre de Dani Alves. Il se rappelle la tête plongeante de Fàbregas au Bernabéu, mais pas de la passe courbée qui l’a précédée. Dani Alves, malgré ses passements de jambe, ses passes aveugles et ce caviar de l’extérieur du pied au Parc des Princes, joue toujours au niveau des plus grands, mais ne reste jamais sur scène à la fin. Lors de la dernière finale de Ligue des champions, après avoir commencé par énerver Arturo Vidal d’un petit pont malin, le Brésilien a contourné les projecteurs : une parade insensée de Buffon lui a volé la vedette, avant que l’arbitre ne siffle pas une possible faute sur Pogba qui en aurait fait un coupable idéal.

Conseiller tatoué

Si Messi est une sorte de Michael Corleone de la famille du football barcelonais depuis quelques années, Dani Alves a-t-il incarné un Luca Brasi, serviteur vaillant au destin limité ? Le Brésilien exubérant a-t-il plutôt emprunté les traits du sympathique Peter Clemenza, solide et résistant, mais toujours en retrait ? Ou alors faut-il voir dans la figure de Dani Alves un Tom Hagen déguisé sous les tatouages ? Dani Alves serait en fait un Consigliere habile qui aurait adroitement mené Messi à faire tout ce chemin à ses côtés. Comme Hagen, Dani Alves est étranger. Comme Hagen, Dani Alves a longtemps été orphelin, du fait de la domination de Maicon avec la Seleção, et a été adopté par le Barça et Messi. Comme Hagen, Dani Alves s’est toujours montré proche du pouvoir sans jamais l’incarner. Il est celui qui brosse le centre, ajuste la passe en profondeur, décolle la louche ou enclenche la combinaison. Un latéral armé d’une vision totale du jeu. Indispensable, brillant, écouté, mais latéral quand même. Parce que s’il jouait numéro 10, nul doute que « le football et le journalisme » retrouveraient la mémoire. Mais peu importe : à chaque réunion de famille, la seule mémoire qui compte est celle du chauve au centre. Et lui, il sait.

JO : l’important n’est ni de gagner ni de participer

Par Markus Kaufmann

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