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Ces matchs qui se seraient passés différemment avec cinq changements

Par Jérémie Baron
Ces matchs qui se seraient passés différemment avec cinq changements

Le football de mai 2020 est donc un football qui offre jusqu'à cinq remplacements aux entraîneurs. Une petite révolution, qui, si elle avait eu lieu plus tôt, aurait pu changer beaucoup de choses dans une dimension parallèle où les coachs auraient eu plus de changements autorisés. Y compris pour certaines rencontres les plus mythiques.

Sainté-Kiev

Quarts de finale retour de C1 1975-1976

Ce qui s’est réellement passé : Malgré des crampes et le désir d’en finir, Dominique Rocheteau reste sur le terrain – les deux changements autorisés ayant déjà été utilisés par Robert Herbin – et plante le but du 3-0 en prolongation sur un service de Patrick Revelli. Un pion qui permet à Sainté, malgré une défaite 2-0 à l’aller, de poursuivre son parcours européen qui l’emmènera jusqu’à la finale de Glasgow.

Le récit dans notre quatrième dimension : « Robbie, je ne peux pas continuer. » On a beau jouer un quart de finale de Coupe d’Europe, le corps de Dominique Rocheteau a atteint ses limites. On joue la demi-heure supplémentaire, et Herbin est face à un dilemme : peut-il se permettre de se priver de son ange vert ? « Il boite et a la bouche en sang à la suite d’un choc avec Rechko », racontera même Herbin. Face aux couinements de son attaquant, il se résout finalement à lancer Jean-Marc Schaer à sa place. Quelques minutes après ce changement, Revelli zigzague dans la surface soviétique et adresse un centre en retrait parfait pour JMS, le Chaudron retient son souffle. Mais à court de rythme et étouffé par l’enjeu, Schaer envoie une saucisse au-dessus du cadre du grand Yevhen Rudakov. Plombés par ce loupé et privés de l’aura de Rocheteau, les Foréziens patinent et ne peuvent empêcher la séance de pénos. Tour à tour, Dominique Bathenay et Jacques Santini butent tous les deux sur les montants et le Dynamo s’en sort miraculeusement, avant d’aller se faire manger par le Bayern sur la dernière marche. Foutues crampes.


Milan-Liverpool

Finale de C1 2004-2005

Ce qui s’est réellement passé : Impuissant, le Milan voit Liverpool remonter un retard de trois unités en deuxième période avant de paumer lors des tirs au but après un dernier échec de Shevchenko face à un incroyable Jerzy Dudek.

Le récit dans notre quatrième dimension : Comment le grand Milan a-t-il pu se liquéfier en si peu de temps ? L’espace de six minutes, les Rossoneri ont vu leur avance fondre sous la chaleur offensive de Liverpool, et si séance de pénos il y a, on sait qui part avec l’avantage psychologique. Foutu pour foutu, Carletto abat sa dernière carte à la 115e : Cheva out« je ne le sentais pas dedans » – et Vikash Dhorasoo in, parce que pourquoi pas et que les entrées de Jon Dahl Tomasson, Serginho et Rui Costa n’ont pas permis de faire basculer la vapeur. Le Havrais n’a que quelques minutes pour profiter du match de sa vie, alors il ne perd pas de temps : servi dans le rond central par Clarence Seedorf à la 118e, il part à grandes enjambées en résistant à John Arne Riise et Steven Gerrard. Arrivé aux 25 mètres, pas de politesse : il envoie une sacoche croisée que Dudek n’a pas le temps de voir passer. 4-3, Milan renaît de ses cendres, et après la libération, Paolo Mandini laisse son coéquipier français soulever la coupe aux grandes oreilles avant tout le monde, alors qu’Adriano Galliani lâchera un discours mythique dans le vestiaire des siens : « Le Milan est un grand club et, grâce à Vikash, sera toujours un grand club ». « Dhorasoo, le miracle d’Istanbul », placarde de son côté L’Équipe en Une le lendemain. Steven Gerrard tirera sa révérence en 2016 avec pour principaux faits d’arme deux Coupes d’Angleterre et une Coupe de l’UEFA. En mars 2020, l’icône Dhorasoo est élue dès le premier tour à la mairie de Paris.


Italie-France

Finale de la Coupe du monde 2006

Ce qui s’est réellement passé : L’Italie entraîne la France aux tirs au but et Fabien Barthez, ne réalisant aucun arrêt, ne peut empêcher la défaite des Bleus.

Le récit dans notre quatrième dimension : Il n’a pas eu de mal à le prouver lors de son mandat à la tête des Bleus : Domenech est le genre de personnes qui vivent pour le contre-pied et aiment avoir le dernier mot, quelle que soit la manière. Alors dans la nuit de Berlin, au moment où Horacio Elizondo, qui vient de mettre fin à la carrière de Zinédine Zidane, s’apprête à envoyer tout le monde aux pénos, Raymond la science cogite. Alou Diarra, David Trezeguet et Sylvain Wiltord sont entrés. Son regard croise alors celui d’un homme situé à quelques mètres de lui, numéro 1 dans le dos et trois sélections au compteur. Oui, il avait presque oublié que Mickaël Landreau faisait partie de ses 23. Presque trop osée pour exister, l’idée lui traverse tout de même l’esprit, et il n’a que quelques secondes pour se décider. Après tout, ce n’était pas totalement une boutade lorsqu’il a lâché quelques jours plus tôt cette phrase qui a fait faire au portier des insomnies terribles : « Fais attention, si jamais il y a une séance et que je n’ai pas fait tous mes changements, je pourrais te faire entrer. »

Le Nantais a beau avoir un CV international pas plus impressionnant que celui de Bernard Mendy, on ne fait pas mieux quand il s’agit d’en découdre à l’épreuve des onze mètres. Alors il ose : Fabien Barthez rit jaune lorsqu’il est invité à aller s’asseoir sur la banquette, les projecteurs de l’Olympiastadion se braquent sur Landreau. Résultat, au moment où la barre est trouvée par le pied droit de Trezegoal, Andrea Pirlo a déjà perdu ses moyens face au portier tricolore, qui a laissé son côté droit ouvert et complètement ébranlé les certitudes du maestro de la Squadra Azzurra. Dernier tireur, Fabio Grosso bute lui aussi sur la muraille de Machecoul, qui devient pour l’éternité l’homme qui a envoyé la France au septième ciel ainsi que ZZ sur le toit du monde pour sa dernière. Après ce tour de force, Landreau prendra le flambeau au moment de la retraite de Barthez – une décision que Coupet ne conteste même pas –, alors que Domenech deviendra bien sûr une référence pour tout entraîneur en herbe qui se respecte.


OL-OM

13e journée de L1 2009-2010

Ce qui s’est réellement passé : Validant une improbable remontée lyonnaise, Michel Bastos croit donner la victoire à l’OL en trompant Steve Mandanda pour le 5-4 à la 91e, mais l’OM trouve la force d’égaliser dans les dernières secondes sur un CSC de Jérémy Toulalan (5-5).

Le récit dans notre quatrième dimension : Greg Margotton ne s’est pas flingué les cordes vocales pour rien. Alors après cet improbable cinquième pion venu de la patte gauche de Bastos, Claude Puel – qui a retourné le scénario avec les apports de Gomis, Delgado et Bastos – oublie toute notion d’équilibre collectif et de loyauté sportive : frais comme des gardons, Timothée Kolodziejczak et Jean-Alain Boumsong n’ont que 30 secondes pour s’échauffer et quand l’OM part à l’abordage pour essayer d’accrocher un miraculeux point, l’OL est passé en 6-4-0, sans aucun scrupule, quitte à sacrifier Licha et Toulalan sur l’autel de l’apport de sang neuf. À la 92e, Laurent Bonnart joue les Rory Delap et envoie une touche de quarterback dans les 16 mètres rhodaniens, à l’intérieur desquels les onze locaux ont pris place. Un cafouillage, un coup de billard ? JAB s’élève, claque un coup de casque qui élimine définitivement le danger, et Gerland peut exulter. Lyon a gagné la bataille (5-4), et l’OM ne s’en remettra pas : en fin de saison, encore plombés par ce traumatisme, les hommes de Deschamps s’écroulent, et c’est l’AJ Auxerre, donnant un ultime coup de collier en sentant le vent tourner, qui grimpe sur la plus haute marche du podium, quatorze ans après.


Barça-Inter

Demi-finales retour de C1 2009-2010

Ce qui s’est réellement passé : Le Barça, défait de deux buts à l’aller, n’arrive à planter qu’une fois en 90 minutes face au coffre-fort nerazzurro de José Mourinho, qui file vers un magnifique triplé.

Le récit dans notre quatrième dimension : Gerard Piqué vient d’inscrire son nom au tableau d’affichage à six minutes du terme lorsqu’un Pep Guardiola en sueur, qui a déjà fait entrer Maxwell, Sergio Busquets et Jeffrén, se tourne vers son banc pour se rendre compte qu’il avait totalement oublié qu’un certain Thierry Henry y prenait la poussière. Riton fait tomber le survet, tape dans la main de Seydou Keita, le Barça passe en mode attaque de folie et la magie opère : une passe cachée de Xavi dans l’intervalle côté gauche, le numéro 14 s’emmène la gonfle et décroise du plat du pied dans le soupirail d’un Júlio César qui sait très bien qu’il ne peut rien face à ce classique. Les Blaugrana sont en route pour conserver leur couronne et le Pep, en transe, fonce sur la pelouse le doigt levé pour narguer un à un chaque joueur de l’Inter. Dans ce monde-là non plus, aucun Ballon d’or ne figurera jamais sur la cheminée de Wesley Sneijder.

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Par Jérémie Baron

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