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Coutinho, le nombre d’or

Par Maxime Brigand
5 minutes
Coutinho, le nombre d’or

Après bientôt quatre années en Angleterre, Philippe Coutinho touche actuellement les hauteurs de son talent hors norme à Liverpool et au cœur d’un Brésil rafraîchi par l’arrivée de Tite. Un pays qui n’est plus Neymar-dépendant et qui danse de nouveau à plusieurs. Avec l’ancien ambianceur de gymnase en chef d’orchestre.

C’est fou les conséquences que peut avoir un crochet. Le temps s’arrête, on lève la tête et on déguste. La scène est devenue un refrain depuis quelques mois à Anfield. L’après-midi du 6 novembre dernier ne serait donc qu’un ballet comme les autres où les artisans d’hier ont enfilé un costume d’artistes ordinaires à Liverpool. Derrière sa ligne, Jürgen Klopp a les bras croisés et laisse son visage dessiner un sourire satisfait. La partition du jour n’a débuté que depuis trente minutes, et le Watford de Walter Mazzarri est déjà désarticulé par ses propres erreurs. Des erreurs que l’on ne peut faire quand on se déplace à Anfield. Alors, les hommes en rouge s’amusent, déroulent avec une insolence cynique et craquent progressivement le cou des Hornets. Trois minutes plus tôt, un centre parfait a terminé sur la tête de Sadio Mané. Cette fois, le Sénégalais a enclenché le mouvement pour décaler Adam Lallana, puis le ballon arrive naturellement dans les pieds de Firmino qui trouve les yeux fermés un homme que le Kop d’Anfield a décidé d’afficher au-dessus de la mention O Mágico. Voilà le crochet. Le même qu’une dizaine de minutes auparavant. Mais la conséquence est différente. Liverpool mène maintenant 2-0 et s’imposera finalement 6-1. De la violence bruyante et agréable. Quelque chose qui se déroule depuis plusieurs semaines, plusieurs mois et qu’Anfield chante désormais. Les Reds viennent de se poser en haut de la Premier League. Pour la première fois depuis mai 2014. Et Philippe Coutinho n’en est que la représentation humaine. Les bras déployés.

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Le timide et l’excitant

Mai 2014 est un repère parfait. Car le jour où Liverpool, alors guidé par Brendan Rodgers, est tombé de son perchoir, la bande était à Londres. À Selhurst Park, plus exactement. Mieux, elle menait tranquillement 3-0 après cinquante-cinq minutes de jeu. Puis, à douze minutes de la fin, Raheem Sterling est sorti pour être remplacé par Philippe Coutinho justement. Et les Reds se sont écroulés, se sont sabordés et se sont fait retourner pour finalement quitter Crystal Palace sur un nul décisif dans une course au titre quasiment déjà perdue une semaine plus tôt à domicile contre Chelsea (0-2). L’artiste brésilien n’est pas le seul responsable, chacun l’était ce jour-là. Le temps a depuis fait son travail, Liverpool a changé, Rodgers est parti, Sterling, Gerrard et Suárez aussi. Klopp, lui, est arrivé. Le 8 octobre 2015. Pour le meilleur. Celui d’Anfield, celui de son peuple et celui de Coutinho aussi. Sous Rodgers, le Brésilien était déjà un métronome, un espoir, une sensation, mais aussi un doute pour certains : pourrait-il un jour devenir meneur de jeu ? Pourrait-il un jour dicter le tempo et répondre aux promesses ? Ou, finalement, ne serait-il qu’une lueur passagère ?

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Il fallait qu’il épure son jeu, souvent, qu’il bosse son efficacité, parfois. Et voilà comment Jürgen Klopp a travaillé avec lui : « Le coach a amené avec lui sa mentalité de vainqueur à Liverpool. Il m’a aussi aidé à m’améliorer en tant que joueur. Il me donne de la confiance et bosser avec lui est un plaisir. » Les actes ? Un délice. Un mélange de rythme frénétique, une tête levée avec constance dans les espaces immenses offerts par les défenses de Premier League et un jeu plus que jamais poussé vers la verticalité permanente demandée par Klopp. Coutinho est devenu la tête pensante du carré bordélique des Reds avec Lallana, Mané et Firmino. Ses statistiques personnelles n’en sont qu’un bref condensé, car le danseur brésilien ne peut se résumer qu’avec des chiffres. Et les mots de Steven Gerrard qui parlait de Coutinho comme d’un cadeau à chérir, quelques mois après l’arrivée de l’ancien porteur de bouclettes en provenance de l’Inter en janvier 2013, ne font que prendre leur sens. Sur une courbe, une inspiration, un coup de patte, un regard affirmé ou rien qu’en s’arrêtant sur le caractère d’un jeune adulte timide qui explose une fois un short posé sur les jambes.

Neymar-Coutinho, le mariage de raison

Il restait donc une dernière marche à grimper. Un mur international alors que les rumeurs de départ entourent depuis plusieurs mois Philippe Coutinho, qu’on ne cesse d’annoncer au FC Barcelone – où il se calquerait avec aisance –, malgré un contrat qui court à Liverpool jusqu’en juin 2020. L’histoire du magicien rouge avec le Brésil est une pièce en deux actes : l’un débuté dans des gymnases, avec le futsal, avant de débarquer trop tôt en Europe à la fin des années 2000 ; l’autre s’écrit encore et a permis, au bout des bonnes copies, à Coutinho de retrouver Neymar, avec qui il avait disputé la Coupe du monde des moins de dix-sept ans en 2009. Aujourd’hui, les virtuoses chantent ensemble chez les A, au cœur d’un Brésil retrouvé depuis la prise de fonctions de Tite. La dernière marche royale sur l’Argentine (3-0) la semaine dernière n’a fait que le prouver définitivement, alors que Firmino et Gabriel Jesus ne sont que les alliances parfaites aux noces attendues d’une nation de football retrouvée. Voilà comment Philippe Coutinho nage, brasse avec l’insouciance restante de ses vingt-quatre ans, et a finalement réussi à faire de l’Europe son terrain de jeu. Et ce n’est encore que le début.

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Par Maxime Brigand

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