- Serie A
- J24
- Lazio-Inter
Cours, Brozo, cours
Joueur qui avale le plus de kilomètres en Serie A, meilleur passeur et plus gros tacleur de l'effectif nerazzurro, Marcelo Brozović devrait commencer le choc Lazio-Inter ce dimanche avec le brassard de capitaine au bras, en raison de l'actuelle indisponibilité de Samir Handanović. Et si le Croate était la clé de voûte du jeu de l'Inter cette saison ?
Marcelo Brozović n’est pas spécialement grand. Ni costaud. Ni beau. On irait même jusqu’à dire qu’il appartient à cette catégorie de types condamnés à n’être jamais photogéniques : les traits sont anguleux, la mâchoire fermée, le regard sombre et la parole rare. Pourtant, lorsque l’Inter joue, aucun joueur ne capte davantage les regards. Lukaku a beau être plus impressionnant, Lautaro Martinez plus élégant, le Croate, lui, est omniprésent. Antonio Conte ne s’y est pas trompé : en l’absence de Samir Handanović, actuellement blessé, c’est à Brozo qu’il a confié le capitanat. Une distinction que le Croate devrait encore assumer ce dimanche, face à la Lazio, pour le sommet de cette 24e journée de Serie A.
Marathon Man
Pourquoi lui, plutôt qu’un autre ? Sans doute parce que Brozović est un superbe joueur de synthèse : celle qui doit exister entre la défense, le milieu et l’attaque. Dans le 3-5-2 de Conte, le Croate joue le rôle du grand ordonnateur, celui qui oriente, distribue le jeu et décide de la rythmique du match imposée par l’Inter. Un regista, avec quelques particularités : le Croate est un coureur hors pair, en atteste ses 12,5 kilomètres parcourus par match en Serie A. Personne ne fait mieux en Italie, alors que le second joueur dans cet exercice, le Parmesan Dejan Kulusevski, stagne à seulement 11,9 kilomètres par partie. C’est ce volume de course unique qui permet au numéro 77 lombard d’exercer son influence dans les zones basses du terrain, pour faciliter la relance des siens, comme plus haut sur le pré : ses cinq services décisifs en Serie A, qui font de lui le meilleur passeur de l’Inter cette saison en championnat (à égalité avec Candreva), en attestent.
Si le Croate est depuis l’exercice 2015-2016 un joueur fondamental du milieu milanais, on ne l’a sans doute jamais vu aussi influent. Fin octobre dernier, Antonio Conte annonçait avoir quelques idées en tête pour faire passer un cap qualitatif à l’ancien cerveau du Dinamo Zagreb : « C’est un joueur avec des qualités différentes… Je veux faire de lui un milieu de classe mondiale… C’est à ça qu’on travaille. Je crois qu’on doit bosser pour améliorer son jeu défensif. Un relayeur doit aussi très bien maîtriser cet aspect-là. » Coïncidence ou pas, Brozović ne galope pas seulement comme un dératé cette saison, mais a aussi haussé d’un cran sa combativité : avec 2,6 tacles par match en moyenne, il est le Nerazzurro le plus prolifique dans l’exercice, devant des joueurs pourtant catégorisés comme beaucoup plus défensifs que lui, comme la tour de contrôle Matías Vecino ou encore Diego Godín.
Révolution technique
L’unicité de Brozo, néanmoins, constitue à la fois la force et la faiblesse de l’Inter de Conte. Si le Croate est dans un mauvais jour ou manque la fête pour cause de blessure, l’entrejeu interista peut vite se retrouver à court de créativité et de verticalité. Pour dégager des solutions alternatives, les Nerazzurri avaient notamment veillé à recruter l’été dernier le maître à jouer de Sassuolo, Stefano Sensi, qui, après des débuts prometteurs, s’est vu freiné par les blessures. Cet hiver, Conte a donc attaqué frontalement le problème, en militant avec succès pour le recrutement de Christian Eriksen. Un gros nom qu’il pourrait à terme ajouter à celui de Brozović dans l’entrejeu, le tout ponctué de la présence de l’hyperactif Nicolò Barella pour équilibrer le milieu nerazzurro. De quoi, peut-être, achever la mutation de l’Inter cette saison, qui, après sa révolution tactique, doit désormais hausser son animation technique. Brozović, lui, assène déjà haut et fort depuis plusieurs mois qu’il « n’a jamais joué dans une équipe aussi forte que cette Inter-là. » Ne lui reste plus qu’à en faire une nouvelle fois la démonstration face à la Lazio ce dimanche, dans ce qui constituera sûrement l’un des grands tournants de la saison.
Par Adrien Candau
Tous propos issus de La Gazzetta dello Sport.