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Coup de torchon sur l’Ajax, coucou Cocu !

Par Matthieu Rostac
5 minutes
Coup de torchon sur l’Ajax, coucou Cocu !

Cette saison, le PSV de Phillip Cocu frôle l'indécence, tandis que l'Ajax de Frank de Boer marque le pas après plusieurs années d'hégémonie. Inversion des rôles, inversion des pôles : l'Eredivisie s'apprête à entrer dans une période charnière.

On a coutume de dire que l’amour dure trois ans. Mais comme les Hollandais sont des gens polis, ils ont laissé une année de plus à Frank de Boer pour qu’il puisse faire sienne l’Eredivisie. De 2011 à 2014, l’ancien joueur du Barça aura écrasé le championnat avec son Ajax 4-3-3. Sauf que ce temps semble bel et bien révolu. La faute à qui ? À Phillip Cocu qui, après avoir mangé son pain noir lors de sa première saison à la tête du PSV, semble avoir trouvé un rythme de croisière à la limite de l’excès de vitesse. De son côté, le club ajacide n’a jamais semblé aussi poussif et Frank de Boer autant la tête ailleurs.

Les faux frères De Boer et Cocu

De Boer-Cocu, c’est avant tout une histoire de faux semblants. Pas celle de David Cronenberg, dans laquelle Frank et son frère Ronald aurait sans doute exceller. Non, plutôt celle de deux joueurs que l’on imagine si proches alors qu’ils sont si éloignés l’un de l’autre. La faute à une expérience commune de quatre ans au FC Barcelone, ainsi qu’à ses huit ans passés à relancer le jeu dans l’une des sélections néerlandaises les plus sexy de l’histoire, mais aussi l’une des plus lose, durant lesquelles le second joua le rôle de lieutenant du premier. Mais à y regarder de plus près, le duo De Boer-Cocu est un duel. D’un côté, l’enfant prodige de la capitale, le capitaine de la dernière grande équipe de l’Ajax Amsterdam, international à 20 ans, insolent d’élégance et de facilité lorsqu’il claquait des transversales de 50 mètres. De l’autre, le natif d’Eindhoven, le provincial, qui cravacha à l’AZ, au Vitesse Arnhem, puis au PSV pour se faire une place au soleil oranje dans un rôle d’increvable nettoyeur, pas toujours élégant mais toujours propre. L’élève de Van Gaal contre celui de Dick Advocaat et de Guus Hiddink. De Boer contre de boer ( « le fermier » en néerlandais, surnom des joueurs du PSV, ndlr), en somme. Des idées qui ont infusé tout au long de leurs carrières de joueurs et qui ressortent désormais sur tableau noir dans un duel au sommet de l’Eredivisie 2014-2015. Enfin, duel, c’est vite dit.

Meilleure attaque, meilleure défense, meilleur(s) buteur(s), meilleur passeur

Depuis l’ouverture de la saison, le PSV tire sur tout ce qui bouge. Littéralement. Avec soixante-neuf buts marqués en vingt-six matchs (soit une moyenne de 2,65 buts par match), le PSV est la meilleure attaque des Pays-Bas. Elle est également l’équipe qui tire le plus au but avec près de dix-neuf tentatives par match à la trêve. Memphis Depay jouit actuellement du titre de meilleur artificier d’Eredivisie avec seize réalisations, bien talonné par son compère d’attaque Luuk de Jong et ses quinze buts. Aussi, la présence de l’arrière gauche Jetro Willems en tête des meilleurs passeurs en dit long sur le jeu extrêmement vertical et offensif développé par Phillip Cocu dans lequel Wijnaldum, Guardado, voire Maher sont à la baguette. Si l’on ajoute à ça le fait que le PSV possède également la meilleure défense d’Eredivisie avec seulement vingt-deux buts encaissés (dont onze clean sheets sur la saison), les gars d’Eindhoven font figure d’inarrêtable bulldozer en train d’aplatir un pays déjà bien en dessous du niveau de la mer. Fait étonnant : à l’exception des arrivées de De Jong et de Guardado en prêt de Valence, l’effectif des Boeren est peu ou prou le même que celui qui avait terminé quatrième l’année dernière, à douze longueurs de l’Ajax. Entre-temps, la Coupe du monde est passée par là pour Wijnaldum et Depay, qui confirment match après match les qualités entrevues cet été, tandis que Maher se révèle enfin au niveau auquel on l’attendait depuis deux ans.

Un effectif ajacide émoussé, vraiment ?

Si le PSV est aussi aiguisé que le katana de Kevin Costner dans Bodyguard, l’Ajax paraît, lui, bien émoussé. Sans cette victoire obtenu il y a deux semaines face à l’équipe du sosie de Mark Heap, quatorze points sépareraient actuellement le PSV du club amstellodamois. Depuis 2011, les années se suivaient et se ressemblaient pour la bande à De Boer : un départ diesel, un finish impeccable et un titre de champion. Surtout, amputés de leur meilleur joueur chaque saison (Suárez en 2011, Vertonghen en 2012, Eriksen en 2013), les Godenzonen parvenaient toujours à retrouver un nouveau leader collectif. Mais cette saison, Davy Klassen ou Lasse Schöne ne parviennent pas à remplir le vide laissé par le départ de Daley Blind pour Manchester United. Sans parler d’un système de jeu fait de possession et de passes, devenu presque mécanique et qui, lorsqu’il s’enraye, a souvent du mal à repartir. Aussi, le départ de coach De Boer pour l’Angleterre est dans toutes les bouches.

Après des touches avec Liverpool puis Tottenham, c’est Newcastle qui semble avoir jeté son dévolu sur l’ancien capitaine oranje. Et s’il a refusé une offre en janvier, il ne serait pas contre débarquer sur les bords du Tyne en juillet prochain. À moins que ce règne de l’Ajax pendant quatre ans n’ait tenu en réalité qu’à un seul petit fil invisible. Celui d’une équipe qui a maintenu les apparences d’une maîtrise de jeu alors qu’elle n’était qu’un vainqueur par défaut ? Cette saison, le PSV n’a perdu qu’à trois reprises et avance un total de 67 points à huit journées de la fin du championnat. Soit quatre de moins que ce qu’il fallut à l’Ajax pour devenir champion en 2014. Mais le plus dur est encore à venir pour Cocu, à qui il reste trois ans de contrat : continuer à développer un football sexy en diable et renouveler l’exploit qu’il est en train d’accomplir avec un effectif amoindri de Depay et Wijnaldum minimum, dont les départs sont quasiment actés. Marcel Ritzmaier (21 ans, 5 matchs), Oscar Hiljemark (22 ans, 10 matchs) et Jürgen Locadia (21 ans, 5 buts en 17 matchs) n’attendent que ça.

Au fait, c’est quoi cette Coupe intercontinentale ?

Par Matthieu Rostac

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