Un nouveau propriétaire saoudien
S’en est suivie une mise en sommeil d’un quart de siècle. Le Cosmos en tant qu’équipe avait disparu officiellement en 1985 et n’était plus qu’une marque, qui s’était donc mis ces dernières années à surfer sur la vague du vintage en mettant en vente des vieux maillots réplica d’époque et des vestes de survêtement portant le mythique blason, un ballon entouré d’une spirale verte, jaune et bleue. Jusqu’à ce qu’en 2010 la franchise sorte soudainement de son sommeil. Paul Kemsley, ancien vice-président de Tottenham, acquiert les droits et annonce vouloir refaire des Cosmos une équipe de soccer, une vraie. Entouré notamment de Terry Byrne, ancien manager de Beckham, et de Rick Parry, ex-directeur général de Liverpool, Kemsley voit les choses en grand. En très grand. En trop grand. Sans structure aucune ni équipe, la franchise repartant de zéro, il fanfaronne en annonçant un retour rapide en MLS, l’actuelle principale Ligue de soccer en Amérique du Nord, qui a pris dans les années 90 la suite de la défunte NASL. Sauf que l’intégration à ce championnat fermé se fait sur invitation et avec un « dress code » particulièrement strict : entre autres, un stade dédié à la pratique du soccer et un droit d’entrée de plusieurs dizaines de millions de dollars. Pour l’Impact de Montréal par exemple, dernière franchise en date à entrer en MLS, il a fallu signer un chèque de plus de 40 millions.
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Assez vite, le projet de Paul Kemsley se heurte à ces réalités et apparaît assez peu fiable. Pour faire venir Pelé en tant que président honoraire et Carlos Alberto et Giorgio Chinaglia comme ambassadeurs de la cause, il y a du monde, mais pour ce qui est d’offrir des garanties concrètes et sérieuses aux responsables de la MLS, c’est autre chose. Le doux rêve d’intégrer la Ligue dès 2013 tombe finalement à l’eau et la franchise est rachetée en novembre 2011 par Sela Sport, une riche compagnie de marketing saoudienne. Avec ces nouveaux propriétaires, la stratégie semble évoluer dans le bon sens. Le principe ? Moins d’effets d’annonce, plus de travail dans l’ombre. Mieux vaut faire les choses dans l’ordre et présenter un projet viable et complet. Pour ce qui est du stade, a priori, c’est quasi fait : le site de Flushing Meadows, dans le Queens, a été retenu et vient d’être approuvé par la municipalité de New York. Une enceinte de 20 à 25 000 places dédiée au soccer devrait prochainement être construite à Corona Park, pas loin du stade Arthur Ashe de tennis.
Cantona : « Devenir la meilleure équipe du pays »
Pour ce qui est de la compétition à laquelle participer pour débuter, ce sera la NASL. Pas l’ex-NASL, la nouvelle, une ligue mineure créée il y a peu et qui constitue l’antichambre de la MLS, comme une sorte de D2 nord-américaine, où a évolué l’Impact de Montréal juste avant d’intégrer l’élite. Autant le dire tout de suite, ce championnat qui doit voir s’affronter en 2013 neuf franchises d’Amérique du Nord (États-Unis, Canada, mais aussi Porto-Rico) n’a pas grand intérêt en soi. Mais pour le Cosmos, c’est l’occasion de faire un come-back sur la scène sportive. La saison démarrera au début du printemps prochain. En attendant, il va donc s’agir de constituer un effectif. Les choses ont déjà commencé à bouger ces derniers jours, avec l’arrivée d’un entraîneur, l’ex-international vénézuélien Giovanni Savarese, et d’un premier joueur pro, le défenseur new-yorkais de naissance Carlos Mendes, caution locale et qui doit faire parler son expérience, avec ses plus de 150 matchs de MLS dans les jambes. On est loin de l’époque des Pelé et Beckenbauer et à la limite, c’est rassurant pour la pérennité du projet. Le Cosmos nouvelle génération semble vouloir repartir sur des bases solides et donner des gages de fiabilité.
Ces modestes objectifs à court terme n’empêchent d’ailleurs pas d’envisager les choses en grand à moyen terme. Éric Cantona, nommé directeur sportif, a ainsi récemment évoqué son ambition d’être à la tête de « la meilleure équipe du pays » et de « fournir des joueurs à la sélection nationale pour que celle-ci remporte un jour la Coupe du monde » , carrément. Utopique, le Canto ? Certainement un peu, oui, mais il faut bien reconnaître que le Cosmos possède un très gros potentiel : le prestige d’une « marque » reconnue internationalement, son emplacement à New York – contrairement aux Red Bulls d’Henry, en fait situés dans le New Jersey – et un des centres de formation parmi les plus performants du pays, qui n’avait pas coulé en même temps que l’équipe première dans les années 80. Tout semble donc réuni pour assister à la renaissance prochaine du prestigieux Cosmos. Affaire à suivre…
Par Régis Delanoë
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