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Comme un seul OM
Les parcours européens du PSG et de l'OM auront permis à la France d'avancer – un tout petit peu – sur une question qui divise encore : un pays doit-il absolument soutenir l'un de ses clubs ?
Une exception culturelle, encore une ! Il n’y a sans doute plus qu’en France qu’on se pose la question. L’OM atteint la cinquième finale de Coupe d’Europe de son histoire et voilà que le débat s’invite un peu partout : toute la France doit-elle soutenir l’Olympique de Marseille mercredi soir ? Euh… bah non, en fait. Pourquoi elle le devrait ? Que le foot français soit derrière l’équipe olympienne, soit… Et encore, faut le dire vite. Que la France le soit, en revanche, c’est tout sauf une évidence.
Cette saison européenne, en Ligue des champions comme en Ligue Europa, aura sans doute eu l’avantage de faire grandir un peu les mentalités sur la question, d’éduquer un poil plus le pays à la culture foot. Fallait-il absolument soutenir le PSG face au Real Madrid ? Bien sûr que non. Pensez-vous que les supporters du PSG souhaitent voir l’OM soulever une nouvelle coupe européenne, même la plus petite des deux ? Bien sûr que non. Les fans de l’OL seront-ils à fond derrière l’Atlético sans même prendre la peine de prétexter que c’est parce qu’Antoine Griezmann est l’enfant du coin ? Bien sûr que oui. En extrapolant un peu, il est évident que les supporters des deux Manchester ou d’Everton espèrent que le Real Madrid découpera les rêves de sacre de Liverpool à coups de ciseaux de Cristiano Ronaldo. Ou de décisions arbitrales litigieuses, peu importe. Que les socios du Barça craignent de voir le Real, auréolé d’une éventuelle quatrième Ligue des champions en cinq ans et la troisième consécutive, redevenir la plus grande équipe du XXIe siècle. Que ce même Real Madrid n’a pas spécialement envie de partager le palmarès européen de la saison avec son rival local. Au fond, ce débat sur le caractère obligatoire du soutien populaire est symptomatique d’un pays qui n’a pas tout à fait encore compris comment aimer le foot, comment s’en servir et comment le servir. Qui n’a pas tout à fait compris qu’aimer un club, ça veut aussi dire respecter les autres formations sans avoir à les soutenir par injonction de la bienveillance, du bon sentiment, du vivre ensemble et de la paix dans le monde.
Plus simplement, l’aventure européenne de l’OM appartient avant tout aux supporters de l’OM. Aux supporters de l’OM partout en France. Aux supporters de l’OM partout, tout court. Aux amoureux transis du club, comme à ses amours passagères. Parce que l’OM n’a pas besoin qu’on demande aux Français de le soutenir, il attire traditionnellement les foules. Mieux, l’équipe, son effectif et son épopée suscitent un élan de sympathie naturel populaire auprès du grand public. Même si ça fait toujours un peu mal à ceux qui se sont cogné les matchs de poule chiants comme la pluie en plein automne contre Konyaspor ou Guimarães. Mercredi soir, l’OM défiera l’Atlético de Madrid pour sa cinquième finale de Coupe d’Europe. Seul. Seul avec ses supporters et son histoire. Comme un seul homme, comme un seul OM.
Par Pierre Maturana