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Claudio d’Espagne

Par Maxime Brigand
Claudio d’Espagne

L'histoire de Claudio Ranieri dure depuis maintenant trente ans. Il y a eu la période d'apprentissage en Italie, notamment entre Cagliari et la Fiorentina, et aussi l'Angleterre, de Londres à Leicester où il a gratté son premier titre de champion majeur en mai dernier. Mais il y a surtout eu l'Espagne, de 1997 à 2000, avant un bref retour lors de la saison 2004-05. Un pays qu'il retrouve ce soir. Souvenirs.

Valence CF (1997-1999)

L’été 1997 et face aux yeux du président du Valencia CF, Francisco Roig, une équation : le club valencien sort d’une nouvelle saison décevante bouclée à la dixième place du championnat d’Espagne malgré sa puissance économique. Roig est alors au club depuis trois ans et ne cesse de se repasser les années 90 du club. Sur le banc, voilà les morceaux : Guus Hiddink – champion d’Europe avec le PSV en 88 –, Héctor Núñez, Carlos Alberto Parreira – champion du monde avec le Brésil en 94 – ou encore Luis Aragonés, qui a déjà gratté un bout de son histoire personnelle avec l’Atlético de Madrid. Sur le terrain, il y a aussi eu des investissements massifs pour Romário, Ariel Ortega ou encore Zubizarreta et Valeri Karpine. Mais au bout, aucun laurier, rien. À cet instant, le philosophe Jorge Valdano est à la barre. Un mec dont les médias sont fous, dont le Mestalla raffole et dont Roig ne peut pas se séparer. Sauf s’il trouve la bonne excuse, histoire de faire basculer son club. Elle va arriver le 14 septembre 97. Valence est alors en déplacement à Santander et bouffe sa troisième défaite en trois journées de Liga (1-2). L’arrêt Bosman a déjà été installé et, visiblement, Valdano ne sait pas compter jusqu’à quatre car, à cet instant, une équipe européenne ne peut aligner que quatre joueurs non européens en même temps sur la pelouse. À l’heure de jeu, le coach argentin balance Marcelinho Carioca pour bouger son onze. Problème, Claudio López, Miroslav Djukić, Ariel Ortega et Goran Vlaović sont déjà sur le terrain. Valdano se rend compte de sa connerie, sort Djukić mais trop tard. Sa tête vient d’être coupée.

Voilà comment Claudio Ranieri a connu la première aventure non italienne de sa carrière d’entraîneur juste après avoir reconstruit la Fiorentina. Après avoir demandé conseil à Amedeo Carboni, arrivé quelques semaines plus tôt de la Roma, Francisco Roig file à Rome rencontrer Ranieri. Il ne le connaît pas vraiment, mais se souvient que le bonhomme a défoncé Valence avec Naples (5-1) cinq ans plus tôt. Comme souvent, c’est avec les mots que Claudio va convaincre son futur employeur. Et deux principaux : de l’ordre et de la discipline. Soit la fin des écarts connus sous Valdano. L’histoire espagnole de Ranieri a commencé comme ça, mais aussi lors d’une présentation devant la presse où Roig est incapable de parler de son nouvel entraîneur autrement que par un « Mr Rinaldi » gênant. La suite est connue : deux ans de révolution interne, sur le rythme des entraînements, sur le retour de la rigueur, mais aussi une certaine idée du jeu. À Valence, Claudio Ranieri rencontre un club, au sens social du terme, où les vieux sont des dieux traités comme tels, les jeunes des intrus. Ce que l’Italien va inverser lors de son passage. Comme ce jour où il entre dans le vestiaire et tabasse verbalement l’icône Romário : « Tu n’arrêtes pas de parler de la Coupe du monde en fin de saison et du fait d’être champion du monde une nouvelle fois, mais comment tu veux y arriver si tu sors tous les soirs à 22h et ne rentre chez toi qu’à 8h le lendemain matin ? » Fracture. Ce sera la même avec Ortega, plus douce, mais avec la même issue.

Ranieri va construire autre chose autour de Juanfran, Angulo, Farinós, Gerard López, Mendieta puis Claudio López, le pou. Des mecs qui répondent à ce que veut le technicien italien : du travail, du sens tactique et du mouvement permanent. La première saison sera fantastique malgré la neuvième place en championnat. La seconde sera la construction des fondations pour Cúper et Benítez. Sans Ranieri, il n’y aurait rien eu du Valence magnifique des années 2000. Lors de l’été 98, l’Italien annonce que son équipe peut « rivaliser avec le Real et le Barça » et elle le fera. En Liga, Valence bat le Real (3-1), mais giflera surtout le Barça trois fois en dix jours en février 99. Le secret ? « Ranieri s’appuyait beaucoup sur les cadres. On avait la défense la plus vieille d’Europe et le milieu le plus jeune. C’était assez fantastique. Même à trente ans, j’ai beaucoup appris avec lui. J’ai découvert le travail individualisé et Claudio était un entraîneur très pointu. Il n’y a pas de secret, il n’était jamais content. Je me rappelle une fois où on avait gagné 3-0, il est rentré dans le vestiaire et nous a insultés. Ce qu’il voulait aussi, c’était la manière » , explique Alain Roche, arrivé à Valence en 1998. Au rayon des titres, Claudio Ranieri va surtout ramener une Coupe du Roi en battant l’Atlético en finale à Séville. Le nouveau Valence est né. Ranieri, lui, s’en va.


Atlético de Madrid (1999-2000)

Vers la victime, justement. Mais pourquoi partir à l’Atlético, treizième du dernier championnat d’Espagne ? Sur le moment, le choix est logique. Parce que Jimmy-Floyd Hasselbaink, Valerón, Kiko et Solari, entre autres. Et parce que Madrid, aussi. Problème : l’Atlético de Madrid est alors une bombe à retardement menée par le pyromane Jesús Gil, ancien maire de Marbella, ancien taulard et notamment responsable d’avoir dissous toutes les équipes de jeunes du club pour raisons financières au début des années 90. Un choix qui lui a, par exemple, coûté un certain Raúl. L’histoire de Ranieri avec l’Atlético s’arrêtera alors en mars 2000 après une élimination en coupe de l’UEFA contre le RC Lens. L’homme s’est arraché à construire un projet cohérent, mais certaines choses lui échappent. Comme le procès du président Jesús Gil, dont l’affaire est jugée par Luis Manuel Rubí, un proche de l’Atlético. Le même Rubí qui expliquera ceci à Ranieri : « Si tu ne gagnes pas le prochain match, tu es viré. » Sauf que Claudio ne reçoit ce genre de messages que de son président. Alors, il prend ses affaires et se casse.


Valence CF (2004-2005)

Claudio Ranieri avance depuis quelques années avec cette envie : tenter de finir ce qu’il a connu à Valence. En 2004, l’Italien sort d’une demi-finale de C1 perdue avec Chelsea face à l’AS Monaco. Comme prévu, Mourinho arrive pour le remplacer sur le banc des Blues mais que va-t-il faire ? Il rencontre Daniel Levy pour éventuellement signer à Tottenham, mais ce sera finalement Valence, pour remplacer Benítez, parti à Liverpool après la victoire en coupe de l’UEFA. Histoire de retrouver un temps son ex. Le cœur plutôt que la tête. Un cœur qui n’avait pas mesuré ce qu’il allait retrouver à Valence, où le titre de champion d’Espagne de 2004 est presque perçu comme un miracle tant Benítez ne cache pas qu’il ne « peut plus aller plus loin avec ce groupe » . Pire, Ranieri n’aura jamais ce qu’il demande à ses dirigeants sur le recrutement face à un effectif en fin de cycle et où chacun semble d’abord préoccupé par son avenir. Comme Angulo qui reçoit à Noël un maillot d’Arsenal, qui le courtise, à son nom. Claudio Ranieri, lui, affirmera plus tard s’être mis à lire un ouvrage intitulé 100 choses à faire quand on prend sa retraite. Il quittera Valence au mois de février après une élimination contre le Steaua Bucarest en Coupe UEFA. Dans le silence.

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Par Maxime Brigand

Propos d'Alain Roche recueillis par MB.

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