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Claudio Beauvue : « L’OL est un club grandiose »

Propos recueillis par Adel Bentaha
Claudio Beauvue : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>L&rsquo;OL est un club grandiose<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Loin des radars médiatiques, Claudio Beauvue a fait son bout de chemin en Espagne. Aujourd'hui au Deportivo La Corogne, en D3 espagnole, le Guadeloupéen de 33 ans revient sur sa saison difficile (17 matchs, 1 but) et sur l'ensemble de sa carrière. Où il est question d'Eduardo Berizzo, Didier Drogba et Jean-Michel Aulas.

Claudio, quel bilan fais-tu de cette saison en D3 avec le Deportivo La Corogne ?La fin de saison a été compliquée. Les objectifs de montée fixés en début de saison n’ont pas été atteints et c’est une grosse déception ! Le groupe est dégoûté de ne pas avoir pu participer aux play-offs de promotion. Il va maintenant falloir se retrousser les manches et repartir au boulot.

Une relégation, qui plus est en troisième division, fait mal, mais jamais je n’ai pensé à abandonner le navire. C’est trop facile de partir et de laisser les gens dans la galère.

C’est assez curieux et triste de retrouver La Corogne en D3, non ?Lorsque l’on voit le Deportivo La Corogne en troisième division, que l’on soit joueur ou spectateur, c’est juste terrible. Une désillusion sportive et humaine ! C’est un énorme club, qui a longtemps joué les premiers rôles en Liga et qui n’est absolument pas à sa place ! Nous tâchons tout de même de préserver les signaux encourageants : les supporters sont toujours avec nous, même en période de Covid, ils continuent de nous soutenir et de nous faire confiance pour faire remonter le club. C’est notre devoir de leur rendre la pareille, et tôt ou tard, le Depor retrouvera son prestige.

À aucun moment, tu n’as songé à quitter le club après sa relégation l’année dernière ?Je n’ai pas du tout pensé à quitter le club. Évidemment, une relégation, qui plus est en troisième division, fait mal, mais jamais je n’ai pensé à abandonner le navire. C’est trop facile de partir et de laisser les gens dans la galère quand ça ne va plus dans le bon sens. L’objectif, c’est de faire remonter le Deportivo La Corogne le plus rapidement possible. Ça n’a pas fonctionné cette saison et j’en suis le premier navré, mais ça arrivera très vite.

Te voilà installé en Espagne depuis 2016. Tu t’es définitivement attaché à ce pays ?Je me suis totalement attaché à la culture espagnole, j’y trouve beaucoup de similitudes avec le mode de vie aux Antilles. Les gens sont super simples, veulent apprendre à te connaître et c’est avant tout ce que je recherche dans un club. Je suis un homme du peuple, malgré ma profession. (Rires.) Mes enfants ont également grandi en Espagne, donc forcément, ça m’ancre encore plus dans ce pays. D’un point de vue sportif, j’ai eu une grosse blessure (rupture du tendon d’Achille au mois d’avril 2016, NDLR) qui m’a « obligé » à poursuivre l’aventure espagnole.

À ce sujet, comment tu débarques au Celta de Vigo ?Mon arrivée au Celta de Vigo a vraiment été idyllique. C’est monsieur Eduardo « Toto » Berizzo qui m’a contacté. Nous avons discuté au téléphone, il m’a fait comprendre qu’il souhaitait me recruter et m’a convaincu de le rejoindre. C’était assez marrant, car à mon arrivée, j’étais sûr de maîtriser l’espagnol et que mes bases scolaires suffiraient, mais en fait pas du tout ! (Rires.) En plus, beaucoup de mes coéquipiers étaient sud-américains, donc je vous laisse imaginer l’accent. Ma blessure survient cependant quelque temps après ma signature, et il a fallu que je m’accroche. C’est d’ailleurs au cours de ma période de rééducation que j’ai vraiment appris la langue et me suis intéressé à la culture locale.

Berizzo est aussi « fou » qu’on le pense ?Eduardo Berizzo est passionné à 100%, ce n’était pas de l’excentricité, mais de la vraie passion. L’effectif tournait régulièrement, car il voulait que tout le monde soit concerné par l’esprit de groupe. Lorsqu’il pensait qu’untel était en forme à l’instant T, il le mettait titulaire, peu importe son « statut » au sein du club. Ça ne le dérangeait pas de lancer un jeune ou un mec qui n’avait pas joué depuis longtemps. Il le faisait même face au Real Madrid par exemple. Tu es en forme et impliqué ? Tu joues ! Il avait d’ailleurs un rituel qui me plaisait beaucoup : lors de chaque entraînement, on se mettait en cercle et lui venait au milieu. Il en choisissait un qu’il vannait et à qui il faisait des blagues. C’était très sincère et ça créait une ambiance magnifique. Tu étais détendu et tu avais surtout envie de te donner à fond pour ce staff et ce groupe.

Vous avez d’ailleurs vécu une aventure européenne assez exceptionnelle avec le Celta de Vigo en atteignant les demi-finales de la Ligue Europa 2017.Nous avons eu un parcours fantastique. Une aventure inattendue, mais totalement légitime. Quand vous regardez notre équipe, il n’y avait que des talents : Iago Aspas, Fabián Orellana, John Guidetti ou encore Daniel Wass. Quelle génération ! C’est d’ailleurs en Ligue Europa que j’effectue mon retour de blessure et je marque même contre Krasnodar. Il y a ensuite eu cette demi-finale face à Manchester United et ce fameux match retour à Old Trafford. (défaite 0-1 à l’aller, NDLR.) On fait égalité 1-1, et j’ai une balle de match à la toute fin, sauf qu’au lieu de frapper, je la donne à Guidetti. Celle-là, j’y pense encore un peu. Mais honnêtement, cette aventure avec le Celta restera à jamais gravée dans mon cœur.

Avant l’Espagne, les Français t’ont surtout découvert à Guingamp. Quel fait marquant gardes-tu de cette période bretonne ?Guingamp c’était incroyable ! Énorme ! L’un de mes plus grands moments a notamment été d’atteindre le même nombre de buts que Didier Drogba sur une seule saison avec l’EAG. (17 buts en 2014-2015 pour Beauvue et en 2002-2003 pour Drogba, NDLR.) J’y pensais souvent et je sentais que les supporters et mes coéquipiers poussaient pour que j’y arrive, c’était une sensation bizarre. Égaler un joueur comme Drogba m’a vraiment rendu fier, c’est pour ça que je lui ai placé une dédicace en faisant un petit coupé-décalé. (Rires.)

Vous avez notamment vécu une épopée folle en Ligue Europa, en atteignant les seizièmes de finale.Nous vivions dans un rêve. Je tire mon chapeau au coach Jocelyn Gourvennec et son adjoint Éric Blahic qui ont réussi à faire un travail magnifique. On se fait éliminer par le Dynamo Kiev. C’était un vrai traquenard. Je n’ai même pas envie de chercher à comprendre. À l’aller nous gagnons chez nous (2-1). Au retour, nous sommes menés de deux buts, mais on revient à 2-1. Leurs supporters ont compris que ça tournait mal pour eux et que nous étions dans un excellent rythme. Donc pour freiner tout ça, ils ont décidé de foutre le bordel. Ça se voyait tellement que ça en devenait ridicule. Ils nous provoquaient et sont même allés jusqu’à frapper des supporters de Guingamp. Je le redis, des supporters de Guingamp ! Ce sont les plus gentils du monde, ils n’étaient qu’une trentaine et ont failli se faire tabasser. Finalement on s’incline 3-1 et on sort…

Je le redis : je ne garde aucune rancune envers Lyon, je n’ai aucun problème avec l’OL.

Après Guingamp, tu rejoins Lyon, mais l’aventure ne dure que six mois. Qu’est-ce qui s’est passé ?Des médias ont inventé des embrouilles entre moi et le reste de l’équipe. Je ne veux pas rentrer dans les détails. Aujourd’hui, j’ai pris énormément de recul sur toute cette période. Je le redis : je ne garde aucune rancune envers Lyon, je n’ai aucun problème avec l’OL. Je suis arrivé là-bas à 27 ans, aujourd’hui j’en ai 33, donc j’ai fait du chemin. Pour tout vous dire, deux ans après mon départ de l’OL, j’avais tourné la page. Je préfère surtout ne retenir que le positif. J’ai eu l’occasion de revoir le président Aulas et les joueurs à l’occasion de mon passage à Caen et c’était vraiment un moment agréable. Vous savez, la relation que j’ai avec monsieur Aulas est vraiment bonne. Je suis également resté en contact avec certains de mes anciens coéquipiers comme Maxwel Cornet ou Jérémy Morel.

Comment expliques-tu ton départ de l’OL ?Il y avait beaucoup trop d’interférences, tout le monde se mêlait de la situation. Beaucoup de choses étaient dites, et j’ai préféré partir pour mettre fin à tout ça. Le président Aulas ne voulait pas que je parte. C’est moi seul qui ai pris la décision, et là encore, tout le monde y est allé de sa rumeur sans connaître le fond des choses.

Tu vois toujours Lyon comme le grand club que tu connaissais avant d’y signer ?Pour l’avoir vécu de l’intérieur, je peux vous assurer que ce club est grandiose. Quand tu joues à Lyon, tu comprends très vite que tu as affaire à un grand club. J’ai même encore les contacts des intendants et du reste du personnel. Le président gère sa structure à la perfection et sait exactement ce qu’il doit faire ou non pour réussir. Ce club est grand et doit toujours jouer les premiers rôles en Ligue 1.

Que garderas-tu de cette aventure lyonnaise ?Découvrir la Ligue des champions, c’était vraiment fantastique. D’un point de vue personnel, c’était juste une consécration. Tout le travail réalisé durant ma carrière finissait par payer, et ça, ça n’a pas de prix.

Tu t’es un peu éloigné de la France, malgré un retour lors de la saison 2018-2019 à Caen. Pourquoi ne pas être resté en Ligue 1 ?Mon retour en France a été globalement bon. Au Celta, la direction m’a fait savoir qu’il n’y aurait pas vraiment de place pour moi en attaque, j’ai donc préféré être prêté. La Ligue 1 m’avait manqué, et c’était une belle occasion pour moi de revenir dans l’Hexagone. Malheureusement, le SM Caen a été relégué. Mon aventure prenait fin, et je ne pouvais pas vraiment prolonger, puisque ma famille était restée en Espagne.

Quels seront tes projets sur le moyen ou long terme ? Un retour en France est envisageable ?Rentrer en France ne me déplairait pas. J’ai toujours dit que retrouver le football français m’intéressait fortement, donc je suis ouvert à tout. En attendant, il me reste une année de contrat avec le Deportivo La Corogne. On verra !

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Propos recueillis par Adel Bentaha

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