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  • Coupe du monde 2014 – Finale – Allemagne/Argentine (1-0)

Christoph Kramer, une histoire de mémoires

Par Swann Borsellino
Christoph Kramer, une histoire de mémoires

C'est l'histoire d'un gamin de 23 ans qui passe son temps a écrire sur ce qu'il aime : le football. Un môme tout heureux de faire ce qu'il fait mais qui ne pourra jamais écrire sur le plus beau moment de sa vie : une titularisation en finale de Coupe du monde. Mis KO par l'épaule d'Ezequiel Garay lors du sacre de la Mannschaft face à l'Argentine, Christoph Kramer est l'autre héros allemand de cette finale, dont il ne gardera qu'un selfie. Portrait d'un joueur qui, un jour ou l'autre, écrira le sien.

Chez lui, en Allemagne, on l’appelle Marathon Man. Pourtant, il n’a rien de Dustin Hoffmann. Et surtout, il ne court plus. Il titube. Il titube dans le plus bel endroit du monde pour quelqu’un de sa caste. Vaciller sur la pelouse du Maracanã, un soir de finale de Coupe du monde, des footballeurs payeraient cher pour ressentir cela. Christoph Kramer, 23 ans, modeste milieu de terrain de Mönchengladbach, s’en serait bien passé, lui. Une rencontre inattendue avec l’épaule solide d’Ezequiel Garay, puis rien. Après dix minutes de zigzags inquiétants sur la pelouse mythique, les médecins de la Mannschaft viennent le chercher, groggy, arpentant le terrain à la manière hasardeuse d’un boxeur sonné s’aventurant sur le ring. Sa finale est terminée. Pour lui, elle n’a jamais vraiment commencé. « Je n’arrive pas vraiment à me souvenir du match. Je ne sais rien de ce qu’il s’est passé en première mi-temps. Je me demande comment j’ai rejoint les vestiaires. Dans ma tête, le match commence à partir de la deuxième mi-temps. »

« J’ai même pleuré à la fin de mon texte »

Christoph a pourtant disputé une demi-heure de ce premier acte. Une titularisation surprise faisant suite au forfait de dernière minute de Sami Khedira. Un rêve de gosse pour l’enfant de Solingen, ville de l’Ouest de l’Allemagne qui, jusqu’ici, ne pouvait que se féliciter d’avoir enfanté la mythique chorégraphe et danseuse Pina Bausch. À coups d’entrechats répétés sur les pelouses de Bundesliga, Kramer est devenu le premier natif de Solingen à porter les couleurs de la Mannschaft. C’était le 13 mai 2014, face à la Pologne et ça, il ne l’oubliera pas. Propriétaire d’un carnet noir dans lequel il gribouille dès qu’il le peut, le garçon de 23 ans écrit, depuis des années, ses mémoires footballistiques. « Il y a six ans, j’ai commencé à écrire sur des matchs. Pas sur les résultats ou les buteurs, hein, juste sur des moments spéciaux, des moments cools, ce qui me botte, quoi. » Tout a commencé un jour d’août 2007. Christoph a 17 ans, il joue au Fortuna Düsseldorf et se mange un 6-3 dans les dents. Une belle première : « J’étais capitaine, mais j’ai très mal joué. Après la pause, j’ai marqué un but. À la fin de la rencontre, j’ai volé le fanion que nous avait donné l’équipe adverse. » Une affaire de souvenir, encore. Depuis, il écrit. 300 textes au total depuis qu’il a pris la plume pour la première fois. Et évidemment, quelques souvenirs forts. « Ce qui m’a le plus inspiré, c’est mon dernier match à Bochum. J’ai écrit trois pages. J’ai même pleuré à la fin de mon texte. » Il faut dire que l’histoire d’amour entre le club et Kramer va au-delà des frontières littéraires. Resté deux ans au sein du club qui l’a vu devenir un homme, Kramer est désormais abonné et va voir des matchs de l’équipe de son cœur quand il le peut.

Treize kilomètres, un verre de rouge, un hamac

Car depuis, les années ont passé et le gamin de Solingen est devenu grand. Du haut de son mètre 90, Marathon man est, à Mönchengladbach, le joueur de Bundesliga qui court le plus. Une moyenne effrayante de 13,1 kilomètres par match qui témoigne de sa générosité sur et en dehors du terrain. Loin du cliché du footballeur dont il méprise le goût pour les chaussures bariolées et fragiles, celui qui tient à ses souliers en cuir véritable autant qu’à son carnet noir fait désormais partie de l’avenir de la Mannschaft. Aujourd’hui, c’est peu dire que Kramer est entré dans le moule de l’équipe de Joachim Löw. Il est un homme droit, dévoué, d’équipe et qui joue plus pour les autres que pour lui. Ce dimanche 13 juillet, jour que l’Allemagne n’oubliera pas, Kramer l’amnésique l’a zappé, mais pas totalement. « Je ne me souviens plus de grand-chose. Je sais juste que je dois envoyer un message à ma grand-mère, dont c’est l’anniversaire » , a-t-il confié à Bild juste après la rencontre. Joueur de guitare à ses heures perdues, domaine dans lequel « il débute, mais espère bien devenir très bon » , Christoph écrit, encore et encore, sans jamais regarder dans le rétro. Un jour, c’est promis, il relira ses mémoires. « Avec un verre de rouge, dans un hamac, dans vingt ou trente ans. Juste pour pouvoir savourer de nouveau. »

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Par Swann Borsellino

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