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Christian Kouakou : « Deux ans en Thaïlande, ça m’a fait du bien »

Propos recueillis par Alexis Billebault
6 minutes
Christian Kouakou : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Deux ans en Thaïlande, ça m’a fait du bien<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Nîmes a des chances de monter en Ligue 1, et Christian Kouakou, prêté par Caen, se verrait bien prolonger le plaisir dans le Gard. L’attaquant ivoirien de 26 ans, passé par la Belgique, la Thaïlande et Tours, a marqué deux buts lors du succès des Crocos à Clermont le 7 avril (3-2), ses premiers depuis le mois de novembre. Pourvu que ça dure.

Vous aviez inscrit votre sixième et dernier but le 18 novembre à Orléans (1-2), l’équipe que vous recevrez vendredi soir aux Costières. Près de cinq mois sans marquer, c’est long pour un attaquant, même si vous avez été blessé…Oui, pendant plus de deux mois, à partir de mi-décembre. Il faut le temps de se soigner, de revenir au niveau et de se battre pour rejouer. J’étais opérationnel fin janvier-début février. Le coach (Bernard Blaquart, ndlr) me mettait remplaçant ou titulaire. Il fallait que je retrouve le rythme. Ces deux buts contre Clermont m’ont fait du bien, et surtout à l’équipe. Depuis la blessure de Rachid Alioui il y a un mois, beaucoup pensaient que ce serait difficile sans notre meilleur buteur. Rachid, il nous manque. Nîmes est plus fort quand il est là. Mais on va devoir faire sans lui jusqu’à la fin. Et dans cette équipe, il y a d’autres joueurs qui sont capables de marquer des buts.

Honnêtement, Nîmes qui joue la montée, c’est la grosse sensation de cette fin de saison, non ?Ah oui, clairement. Nous, on visait d’abord le maintien. Moi, quand je suis arrivé de Caen en prêt, dans les toutes dernières heures du mercato estival, l’équipe était en fin de classement. On était loin de parler de montée… Le problème, c’est que pendant plusieurs mois, on ne gagnait pas chez nous. On a attendu fin novembre pour le faire face à Reims (3-0, le 25 novembre, ndlr). Pourquoi ? On se mettait peut-être trop de pression chez nous, alors que notre formidable public méritait mieux. Mais ce qu’on fait est vraiment extraordinaire. On vient de loin. Et souvenez-vous de ce que Nîmes avait l’an dernier, alors que l’équipe avait débuté la saison avec huit points de pénalité… Nous n’avons pas la pression des clubs à gros budgets comme Lens, Brest, Troyes, Reims, qui ont bâti des équipes pour monter.

Vous n’allez pas nous faire croire que vous ne parlez pas de Ligue 1 dans le vestiaire ?Si, bien sûr. Mais pas plus que ça. Le club est maintenu depuis quelques semaines. Si on ne monte pas, personne ne nous en voudra. On regarde devant nous. Il faut d’abord gagner contre Orléans, et ensuite essayer de continuer sur notre lancée. On peut vivre une belle fin de saison. L’ambiance est vraiment bonne, et c’est important. Ce mélange de joueurs expérimentés et de jeunes, ça fonctionne bien. Tous les jours, nous sommes contents de nous retrouver pour les entraînements.

Venir à Nîmes, c’était une nécessité pour vous, après une saison compliquée à Caen (six matchs, un but) ?Ouais… C’était mieux pour moi d’aller chercher du temps de jeu ailleurs. J’avais quelques pistes à l’étranger, à Clermont, au GFC Ajaccio. Mais à Nîmes, je savais que j’allais retrouver Bernard Blaquart, que j’avais eu à Tours. On se connaît, il sait comment m’utiliser. Au moment du prêt, je n’ai pas fait trop attention au classement de Nîmes. Ce que je voulais, c’était jouer.

À Caen, c’était bouché ?Complètement. Je sentais bien qu’on ne comptait pas trop sur moi. On ne me le disait pas vraiment. Six matchs l’an dernier, c’est peu. Attention, je n’ai peut-être pas fait tout ce qu’il fallait. Mais ce n’est pas en restant sur le banc de touche qu’un joueur progresse. C’est en jouant. À Nîmes, c’est le cas.

Niveau climat, la Thaïlande, c’est plus proche de la Côte d’Ivoire que de Bruxelles. Vraiment, je me suis éclaté. C’est un jeu assez technique. Les Thaïlandais ne sont pas très grands, mais vifs, rapides, pas mal balle au pied. Et ce qu’il y avait de sympa, c’est que je croisais pas mal d’Africains.

Vous êtes prêté avec option d’achat. Nîmes peut monter et Caen descendre…Je me verrais bien rester à Nîmes. En Ligue 1 ou en Ligue 2. Mais j’ai un contrat à Caen jusqu’en 2019. Attendons la fin de la saison pour voir ce que les dirigeants décideront…

Vous avez débarqué en Europe à seulement seize ans, en provenance de Côte d’Ivoire. Directement à Anderlecht et…(Il coupe) C’était sans doute trop tôt. Je le sais maintenant. Tu arrives en Europe, tu es seul, dans un pays où beaucoup de choses sont différentes. Ok, à Bruxelles, on parle français, il y a pas mal d’Africains. Et Anderlecht, c’est vraiment le top. J’étais dans la même promo que Romelu Lukaku. C’est un club réputé pour sa formation, pour ses structures. Mais je n’étais sans doute pas prêt. Le changement était trop brutal. J’ai galéré. Le climat, notamment… Et puis, entre la Côte d’Ivoire et la Belgique, au niveau du foot, il y a de gros changements au niveau tactique, physique.

C’est pour ça que vous avez accepté d’aller à Muanghtong United, en Thaïlande ?Oui. Un agent m’a proposé cette solution et franchement, j’ai vite accepté. Il y a pas mal de gens qui m’ont dit que je faisais une connerie, que j’allais m’enterrer, que revenir en Europe serait compliqué. Mais pour moi, c’était au contraire un bon tremplin. Le championnat thaïlandais, c’est pas si mal. Je savais que j’allais jouer et c’était à moi de saisir ma chance, en marquant des buts (36 au total, ndlr). Et ça a marché ! J’avais dix-huit ans, et je me retrouve titulaire dans un des meilleurs clubs du pays. En plus, niveau climat, la Thaïlande, c’est plus proche de la Côte d’Ivoire que de Bruxelles. Vraiment, je me suis éclaté. C’est un jeu assez technique. Les Thaïlandais ne sont pas très grands, mais vifs, rapides, pas mal balle au pied. Et ce qu’il y avait de sympa, c’est que je croisais pas mal d’Africains. Dans mon équipe, j’avais un Ivoirien, un Guinéen. En plus, j’ai eu des entraîneurs qui parlaient français : un Belge (René Desaeyere, ndlr), un Portugais (Henrique Calisto, ndlr). On jouait les Coupes d’Asie : je suis allé en Chine, au Vietnam, au Japon, en Syrie avant que ça pète… Vraiment, ça m’a fait du bien, ce séjour de deux ans en Thaïlande.

Deux ans, c’était suffisant ?Il fallait revenir en Europe. J’ai eu cette possibilité avec Max Marty, qui était à Tours. Le club a dépensé pas mal d’argent pour me faire venir (entre 250 000 et 300 000 euros, ndlr). Pour un club de Ligue 2, c’est une somme. J’ai fait deux ans et demi là-bas. Les premières semaines, c’était assez dur. Il fallait se réadapter à l’Europe. Ici, on bosse plus tactiquement. Le replacement, le travail défensif… Physiquement aussi, c’est beaucoup plus exigeant qu’en Thaïlande. Mais j’ai vite progressé. Je pense avoir fait de bonnes choses à Tours. Sinon, Caen ne serait pas venu me chercher.

Vous espérez avoir attiré l’attention de la Fédération ivoirienne ?Jouer pour mon pays, c’est un objectif. À ce jour, je n’ai eu aucun contact avec la fédé. Je ne pense pas que jouer en Ligue 2 soit vraiment un handicap. Si tu es performant et régulier, tu as tes chances. Il y a un nouveau sélectionneur (Marc Wilmots, ndlr). Peut-être qu’il va suivre mes performances. Bon, le problème, c’est qu’au niveau offensif, il y a du monde en sélection…

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Propos recueillis par Alexis Billebault

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