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Christian Jeanpierre : « Il y a cette part de rêve qu’il ne faut pas perdre »

Propos recueillis par Andrea Chazy
Christian Jeanpierre : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Il y a cette part de rêve qu’il ne faut pas perdre<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

S’il s’apprête à quitter TF1, après 32 ans de bons et loyaux services, Christian Jeanpierre n’est pas du genre à se laisser abattre. L’ancien présentateur de Téléfoot a déjà « plein de projets » pour l’après-confinement et en a profité, il y a quelques jours, pour dévoiler gratuitement et avant la date initiale de sortie son premier roman : 2026, le jour où le football est devenu américain. Un thriller qui se passe aux États-Unis et qui évoque le destin d'un gamin qui passe du foot américain au football avec un zeste de foot business en toile de fond. Entretien avec un éternel optimiste.

À quoi ressemblent les journées de confinement de Christian Jeanpierre ?J’essaie de m’occuper de manière intelligente. La sortie de mon livre me prend pas mal de temps car, déjà, il a fallu accélérer et travailler pour le sortir gratuitement sur le net pour tout le monde. En ce moment, je suis sur une version anglaise, car j’ai beaucoup de collègues anglais qui m’ont dit : « Sors-le en anglais, on va s’éclater ! » Ce n’est pas évident de traduire un bouquin. J’ai un prof qui m’aide, mais, au moins, ça me fait bosser mon anglais… C’est une occupation très saine !

Tu fais aussi un peu de musique ?

Je suis incapable de ne rien faire devant la télé. C’est pas mon truc. Ah, et puis, avant de dormir, je me mets un épisode de la Casa de Papel.

Exact, je me débrouille pour taper sur ma batterie une heure par jour, car on joue à l’Olympia le 22 novembre pour l’association « Premiers de cordée » . (Christian Jeanpierre est batteur au sein du groupe Rockaway, qui joue tous les ans à l’Olympia depuis plus de dix ans pour le compte d’une association, N.D.L.R.) Je fais en sorte de pouvoir travailler les morceaux sans trop casser les oreilles des voisins. Mes journées sont rythmées : il y a la plage sport, la plage bouquin et la plage musique le soir. Je suis incapable de ne rien faire devant la télé. C’est pas mon truc. Ah, et puis, avant de dormir, je me mets un épisode de la Casa de Papel.

Tu as avancé la date de sortie de ton roman, alors qu’il était prévu plus tard dans l’année. Pourquoi ? Il n’y a pas l’ombre d’une stratégie, car il n’y a aucun enjeu commercial. Je suis profondément choqué et marqué par la période que l’on traverse. On fait partie des générations qui n’ont pas connu la guerre, tu as le président de la République qui te dit que nous sommes en guerre… Sauf que l’on ne peut rien faire hormis rester chez soi. Outre aider mes voisins, je ne fais pas partie du monde médical et je ne sais rien faire de mes dix doigts. Alors moi, j’avais ce truc-là, et ma maison d’édition, Arsène Wenger et surtout mon ami Mathias Dosne m’ont tous dit une seule et même chose : fais-le, publie-le gratuitement. Et ils avaient raison, car le nombre de téléchargements le prouvent : on est à un peu plus de 13 000 depuis qu’il est disponible en ligne. Moi, au début, je pensais que j’allais toucher 200 mecs. Que ça allait être un maximum. Tant mieux si ça peut en divertir certains, je suis content de l’avoir fait.

Parlons de 2026, le jour où le football est devenu américain, justement. Ton premier roman. D’où vient l’idée ? Le déclic est venu cet été, quand j’ai fait un voyage aux États-Unis. J’étais très surpris de l’importance qu’a pris le soccer là-bas. Quand tu es à New-York, tu as énormément de cages de foot sur les terrains de foot américain et ce n’est pas que pour les filles ! En 1994, lorsque j’avais couvert la Coupe du monde, notre « soccer » n’existait pas là-bas. Les Américains n’en avaient rien à foutre, les stades étaient remplis de Latinos et de supporters venus du monde entier. Cette année, dans mon hôtel, à la télé, à l’aéroport, il y avait de la pub pour le soccer partout ! J’ai eu un flash et je me suis dit : « Ça y est, ils ont la Coupe du monde 2026, ils ont eu des stars comme Patrick Vieira, Thierry Henry, Zlatan ou David Beckham. C’est parti. » Je n’ai aucun doute sur le fait qu’il se développe là-bas.

En 1994, tu avais déjà dû rencontrer des confrères qui découvraient un peu le « soccer » du coup, non ?J’avais fait un sujet pour le 20h de PPDA, et j’étais allé voir des grands patrons de départements sport des chaînes américaines. J’étais sidéré : ça n’existait pas pour eux. Leurs discours, c’était : « On vous a organisé ça pour vous, les Européens, maintenant foutez-nous la paix, on a la NBA et la NFL. » Toutes les interviews étaient comme ça. Dans l’avion du retour, il y a quelques mois, j’ai commencé à concevoir mon livre comme un film. Je voulais qu’il y ait deux histoires en parallèle. Une belle, celle d’un gamin qui commence dans un sport et qui finit par réussir dans un autre, et une autre beaucoup plus sombre sur le croisement entre le monde du business et du sportif. Je regarde pas mal de séries, ça ne pouvait pas être aussi simple qu’une success storystandard.

Comment tes proches ont-ils réagi en sachant que tu avais eu l’idée d’écrire un bouquin dans l’avion ?J’ai la chance d’avoir un entourage créatif et vachement tourné vers l’avenir. J’ai toujours lancé des trucs qui étaient un petit peu dingues : les concerts à l’Olympia, mettre Arsène sur la scène de l’Olympia pour une masterclass… Mes proches savent que j’aime aller au bout de mes idées. Et j’ai la chance d’avoir beaucoup d’ondes positives autour de moi et des gens qui croient en ce genre de projets. Quel que soit l’âge, il y a cette part de rêve qu’il ne faut pas perdre. Il ne faut pas hésiter à rêver plus fort que les autres.

Avec « Maurice » Astorga

Avant ce roman, tu avais déjà eu l’envie d’écrire une fiction ?Pas du tout. Il y a cinq ans, je t’aurais dit que j’en étais incapable. Mais, le fait d’écrire de la fiction, d’avoir cette liberté après avoir passé tant d’années à retranscrire minutieusement les propos des sportifs que j’ai rencontrés, c’est jubilatoire. Tu racontes ce que tu veux, mais j’ai trouvé ça drôle et agréable à faire. Mais, même si j’ai eu des retours positifs, ce n’est pas une reconversion que je suis en train d’opérer. C’est un one-shot, je ne me vois même pas faire un tome 2. Je ne suis pas Harlan Coben à l’écrit, comme je ne suis pas Stewart Copeland à la batterie !

Qu’est-ce qui t’a inspiré pour faire ce livre ?J’aime beaucoup ce que fait Clint Eastwood, pour sa manière de raconter des histoires comme sur Invictus ou sur ses autres films. Oliver Stone, aussi. Bon après, je vais rester à ma place : cette histoire, ce n’est pas du Oliver Stone, du Eastwood, un Renaudot ou un Goncourt ! (Rires.) Après, le must pour moi, c’est la série Drive to survive, sur la Formule 1. Quand tu arrives à créer un truc comme ça, franchement respect. Ça va m’inspirer pour plus tard, pour plein de raisons.

Quel est le meilleur livre de foot que tu aies lu ?Je vais être cash : je n’ai pas une grande passion pour les bios en règle générale. Mais je vais en citer deux que j’ai adorées : Sur les chemins de pierre de Smaïl Zidane, le père de Zinédine. Et l’autre, au risque de choquer, va sortir à la rentrée, et ce sera le livre d’Arsène. Il va être immense. Ce n’est pas simplement des faits, mais ce sont des leçons de vie. À titre de comparaison, j’ai lu la bio de Sir Alex Ferguson, que j’ai adoré en tant que manager. Mais en fin de compte, dedans, on parle beaucoup de matchs. Tandis que le bouquin d’Arsène, c’est une philosophie de vie.

Et hors foot ?

Son projet Solar Impulse et son avion solaire font que ce mec-là est plus fort que Jules Verne. Jules Verne a écrit Le Tour du monde en 80 jours, mais Bertrand Piccard, lui, en plus, il l’a fait derrière.

J’ai grandi en dévorant tous les Lapierre et Collins : Le Cinquième Cavalier, Ou tu porteras mon deuil… Je lisais ces bouquins-là, ado. C’étaient des monstres de la littérature. Et puis, comme auteur contemporain que j’ai d’ailleurs fini par rencontrer, je dirais Bertrand Piccard. Son projet Solar Impulse et son avion solaire font que ce mec-là est plus fort que Jules Verne. Jules Verne a écrit Le Tour du monde en 80 jours, mais Bertrand, lui, en plus, il l’a fait derrière.

Ce livre, on dirait aussi que c’est un témoignage de tes 30 dernières années comme journaliste sportif. Arsène Wenger a fait la préface, il y a la référence à la Coupe du monde 1994 aux USA que tu as couverte, le héros a tout d’un grand espoir français comme tu en as croisé plusieurs à Téléfoot… C’est le cas ? Je ne peux pas le nier. En revanche, comme tu as pu le remarquer, ce bouquin se passe dans le futur et non dans le passé. Et c’est important. Dernièrement, on m’a encore proposé de raconter mes mémoires… je n’en ai aucune envie ! Pas à 50 balais, pitié ! Mais dans ce livre, qui se passe dans le futur, il y a des punchlines que j’ai entendues sur le plateau de Téléfoot, des situations que j’ai vécues et que j’ai transposées…

Se réfugier dans l’écriture, et dans la fiction, est-ce que c’était une possibilité de pouvoir se réaliser totalement ?Tu m’obliges à faire un truc que je déteste faire, c’est de retourner dans le passé. Dans ma carrière professionnelle, il n’y a jamais rien eu de calculé. Trente ans plus tôt, je ne pensais pas être journaliste, en faire mon métier, passer du rugby au foot et inversement ensuite en restant tout ce temps sur TF1, rencontrer Arsène Wenger… Je prends tous ces trucs-là comme des cadeaux. Je ne me lève pas le matin en me disant : « Ah, alors mon plan de carrière : j’ai fait de la radio, de la presse écrite, de la télé… » Je n’en sais rien ! J’essaye juste de me lever avec le sourire et avec l’envie de déplacer des montagnes. En ce moment, ce qui me touche le plus, c’est de recevoir le témoignage de sportifs. De mecs comme Zizou, comme Deschamps, Kylian (Mbappé), Martin Fourcade… Je trouve ça super et je suis extrêmement touché quand des athlètes pareils répondent présent. Je n’échangerais pas ça même contre un milliard de followers ! J’ai tellement de respect pour ces mecs-là.

Dans ton livre, on retrouve notamment des expressions que tu utilisais au commentaire. Par exemple, au choix, les fameuses « épaules de serpent » attribuées à Neymar. Je l’ai fait exprès ! Je ne te cache pas que, quand j’ai fait ça, j’ai un peu pensé à vous, So Foot. Je crois même avoir placé un « Ce diable de… » à un autre endroit.

Pas de trace de la fameuse « Commode Louis XV », en revanche. (Rires.) Il faut savoir en rire et avoir un peu d’autodérision ! Je suis content que tu l’aies remarqué.

Dans les remerciements, on voit un nom de famille qui revient à deux reprises : celui de Kylian Mbappé pour l’inspiration, et celui de Wilfrid, le papa, pour les conseils. En quoi cette famille te marque tant ?

Sauf que, moi, je suis incapable de mettre un mort dans mon roman. Donc il n’y a pas de mort dans mon thriller.

Je suis très touché de la confiance qu’ils m’accordent, et puis derrière Kylian, il y a une famille formidable. Kylian est une source d’inspiration comme l’est sa famille, et je n’avais pas à le cacher dans les remerciements. Au même titre que Zizou, et la reprise de volée en haut du 48e étage qu’il y a lors d’un passage du livre, ça vient évidemment lui. Quand on a la chance de côtoyer des gens de ce niveau-là, tu n’as pas le droit de les décevoir. C’est une richesse incroyable. J’ai une vie de privilégié et j’en ai conscience. Les sportifs que l’on croise, ce ne sont pas des gens comme nous. Moi, j’ai joué au foot jusqu’en Promotion d’honneur, et il faut bien avoir conscience que ces champions-là ne font pas partie du même monde que le nôtre. Il faut savoir rester à sa place.

Quand on lit les premières feuilles de ce livre, on a l’impression qu’il te ressemble. Il est rempli d’optimisme sur le destin d’un gamin qui n’est pas dans le bon sport, qui n’est pas dans un pays de foot, mais qui se termine bien. On parlait de philosophie de vie tout à l’heure, ce ne serait pas la tienne, celle-là ?Oui, forcément. On vit tous avec nos qualités et nos défauts, et je suis un naturel optimiste et j’espère le rester jusqu’à la fin de mes jours. Je n’ai pas écrit ce livre pour ça, mais c’est un peu le cas. Et puis, c’est marrant, mais vu que c’est un thriller, ceux qui m’entourent me disaient : « Il va donc falloir que tu mettes un mort dedans. » Sauf que, moi, je suis incapable de mettre un mort dans mon roman. Donc il n’y a pas de mort dans mon thriller. (Rires.)

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Propos recueillis par Andrea Chazy

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