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Charlie Webb, l’âme de Brighton & Hove

Par Éric Maggiori
Charlie Webb, l’âme de Brighton & Hove

Ce lundi soir, à 21h, Brighton & Hove se déplace sur la pelouse de Fulham en D2 anglaise. L'occasion de découvrir Charlie Webb, personnage mythique de l'histoire du club de Brighton, dont il a été joueur, puis entraîneur pendant près de 40 ans.

À Brighton, cette destination balnéaire bien connue du Sussex de l’Est, les bus portent des noms. C’est le cas depuis 1999. Chaque nouveau bus porte un nom et un prénom. Mais pas n’importe lequel, hein. Un nom qui se réfère, la plupart du temps, à l’histoire de la ville. Le 422 porte le nom de Queen Adélaïde, femme du roi William IV, le 425 celui de Ronald Bates, fondateur du festival de Brighton en 1967. Et puis, il y a le 615. Celui-là arbore le patronyme Charlie Webb. Un historien ? Un politicien ? Un musicien ? Pas du tout. Charlie Webb était footballeur. Un footballeur qui a dédié près de 40 ans de sa vie au club de Brighton & Hove Albion, équipe qui évolue aujourd’hui en deuxième division anglaise, et qui n’est pas prête de retrouver l’élite, puisqu’elle pointe à l’avant-dernière position. Charlie Webb, c’est la légende. Joueur, entraîneur, manager : pendant très exactement 38 saisons, il a tout connu, tout vécu avec les Seagulls, un surnom de club que n’aurait pas renié Éric Cantona. Retour en arrière de plus de 100 ans.

L’armée ou le foot

Il y avait peu de chances que les routes de Charlie Webb et de Brighton & Hove Albion se croisent. Et pourtant… Charlie grandit en Écosse. Son père est un sergent reconnu des Black Watch, un bataillon d’infanterie écossaise. Il est souvent amené à déménager, et au début des années 1900, il rejoint Worthing, dans le Sussex. Charlie a 16 ans et se met à jouer au foot. Ironie de l’histoire, le garçon fait ses premiers pas avec le Worthing FC en 1901, année où, à quelques kilomètres de là, est fondé le club de Brighton & Hove Albion. Mais Charlie n’est pas décisionnaire de sa carrière. Il doit surtout suivre son père au gré de ses déplacements. Ainsi, en 1906, il intègre à son tour l’armée et se retrouve à jouer pour l’Essex Regiment, équipe de son régiment. En 1908, il se retrouve en Irlande et va continuer de taper le ballon aux Bohemians, club de Dublin. Époque où tout était permis et possible : Charlie est sélectionné pour jouer avec une sélection amateur irlandaise de football. Il dispute un match face à l’équipe d’Angleterre, s’incline 5-1, mais inscrit le seul but de son équipe et se fait remarquer par la presse.

Puis vient l’année 1908. Alors qu’il est en permission en famille pour les fêtes de Noël, Charlie va aller jouer pour le club de Brighton & Hove, dont il avait vu la naissance quelques années plus tôt. Le club évolue alors en Southern League. Pour son tout premier match là-bas, Charlie Webb marque contre West Ham. Mais très vite, cette joie va se transformer en emmerdes pour lui. Alors qu’il rentre en Irlande après les fêtes, l’armée découvre qu’il a disputé un match professionnel avec une autre équipe et décide de le bannir du football militaire pendant un an. Problème : il n’a pas du tout envie d’arrêter de jouer. Se pose alors un choix crucial : l’armée, si chère à son père, ou le football. Webb tranche pour le ballon. Il quitte l’armée en 1909 et s’engage avec le club de Brighton & Hove Albion. L’histoire d’amour commence.

Un but pour l’histoire et une naissance

Pendant sept ans, Webb va porter les couleurs du club. 248 matchs disputés, 73 buts marqués, disent les almanachs de l’époque. Surtout, Webb est là en 1910, année historique pour le club. Au terme d’un championnat dominé de la tête et des épaules, Brighton & Hove remporte la Southern League et gagne le droit d’aller disputer à Stamford Bridge le FA Charity Shield face au champion incontesté d’Angleterre : Aston Villa. Une rencontre démesurée, tant les Villains dominent la scène en Angleterre (six titres de champion de 1893 à 1910). Pourtant, ce 5 septembre 1910, devant 13 000 personnes, B&H va réaliser le plus grand exploit de son histoire. Le club fondé seulement neuf ans auparavant s’impose 1-0, grâce à un but de… Charlie Webb, évidemment. « J’avais le sentiment que tous les gens qui étaient venus assister à ce match espéraient secrètement qu’il s’agisse d’une nouvelle victoire de David contre Goliath » , dira Webb au terme de la rencontre, avant d’apprendre que, le même jour, il devient papa d’une petite Joyce.

À leur retour, les joueurs sont accueillis comme des héros à la gare de Brighton, et Webb est déjà érigé au rang de mythe. Sa carrière de joueur prendra fin en 1914, après une grave blessure à la jambe face à Millwall. 1914, c’est aussi la date du début de la Première Guerre mondiale. Ancien militaire, Webb ne peut évidemment pas laisser son pays combattre sans lui. Il se réengage en tant que second lieutenant en 1917, pour servir sur le front ouest. Il est fait prisonnier par des troupes allemandes la même année et se retrouve incarcéré à Mayence. Heureusement pour lui, la guerre prend fin quelques mois plus tard, et Webb peut rentrer chez lui sain et sauf. À son retour, les dirigeants du club de Brighton & Hove lui offrent le poste de manager de l’équipe. Comment refuser ?

Un arbre, une plaque, un bus

Débute alors une histoire qui va durer près de 30 ans. 30 années pendant lesquelles Charlie Webb va diriger l’équipe de laquelle il était devenu un héros ce 5 septembre 1910, en terrassant Aston Villa. À son arrivée en tant que manager, il doit tout reconstruire : l’équipe, mais aussi le terrain, dévasté pendant la guerre. Il organisera des matchs de charité pour récolter des fonds, va faire venir à Brighton des joueurs inconnus qui se révèleront être de futurs grands (George Holley, Jack Doran, Tommy Crook, Oliver Brown…), mais entretiendra toujours des relations délicates avec les dirigeants du club, leur reprochant leur manque d’ambition. « Brighton est une ville pleine de gens qui ont de l’argent, et pourtant, personne n’a envie d’aider le club » assure-t-il alors dans le Daily Express. De fait, Brighton & Hove, qui évolue alors en Troisième Division, ne parviendra jamais à se hisser en D2, malgré une troisième position en 1937. Le plus grand exploit de Webb en tant que manager reste cette victoire en FA Cup 1924 face à Everton, alors pensionnaire de D1.

Surtout, Webb parviendra à lui seul à faire survivre Brighton. Avec trois allumettes et deux bouts de papier, il réussit chaque année à construire une équipe, avec des joueurs dénichés par lui-même, puisque le club ne lui donne pas d’argent. Et malgré ça, son équipe n’a jamais sombré et n’a jamais été relégué. À nouveau appelé sur le front pour la Seconde Guerre mondiale, Webb continuera tout de même à s’occuper de son équipe pendant les combats. Il passe finalement le relais à Don Welsh en 1947, à l’âge de 60 ans. Il continuera d’en être une sorte de « parrain » jusqu’à sa mort, en 1973, à l’âge de 86 ans. Mais sa mémoire continue de planer sur le club. Un arbre a été planté en son honneur non loin du stade, tandis qu’en 2003, une plaque commémorative a été inaugurée devant son ancienne maison, sur Frith Road. Et puis, surtout, il y a le bus 615. Le 615 Charlie Webb, dans lequel grimpent des centaines d’usagers tous les jours.

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Par Éric Maggiori

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