- France
Chapron : « En France, on manque d’arbitres d’envergure »
Tony Chapron sans langue de bois.
Dans un très long entretien accordé à L’Équipe, l’ancien arbitre se confie comme rarement. Bien sûr, il évoque son fameux croche-pied raté sur Diego Carlos, lors du Nantes-PSG du 14 janvier dernier, le dernier match de sa carrière. « Je mets quiconque au défi de vivre ce que j’ai vécu et de s’en sortir sereinement » , commente Chapron, très marqué par le manque de soutien de sa Fédération.
Il s’attarde aussi longuement sur l’arbitrage français et l’obligation de se taire pour les hommes en jaune, ce qu’il considère comme un vrai problème. Il remet également en question le système de notations des arbitres. « À partir du moment où vous êtes noté, il faut faire le fayot. Souvent, entre nous, on se demandait comment certains pouvaient avoir d’aussi bonnes notes en ayant fait d’aussi mauvais matchs, se souvient l’homme de 46 ans. Mais on est allé encore plus loin, on a créé une note spéciale. En gros, c’est une note qui corrige le classement.(…)Cette note sert à récompenser le plus zélé et surtout à évincer celui qui viendrait contrecarrer ou dénoncer un système ou simplement émettre un avis contraire. C’est un outil de coercition. »
Pour lui, tout ce système aurait un impact sur les arbitres français et leurs personnalités sur le terrain. « Au niveau international, les arbitres français manquent carrément d’envergure. Ce n’est pas étonnant, car toute l’année ils sont obligés d’ânonner, juge Chapron. Le dernier à avoir arbitré au-delà des phases de groupes en Coupe du monde, c’est Marc Batta, en 1998. Depuis, on n’a pas passé le premier tour. Imaginez l’équipe de France qui n’y parviendrait pas une seule fois en vingt ans. L’arbitrage français en est là. On manque d’un leader charismatique. »
Au passage, il égratigne gentiment Clément Turpin, « un très bon arbitre » d’après lui, mais pas au niveau des tout meilleurs. « Chez nous, il n’y a pas d’arbitres suffisamment forts, costauds, pour assumer des grandes décisions et diriger des grands matchs internationaux » , ajoute-t-il.
Mieux que la VAR, laisser les arbitres s’exprimer librement.
CG