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Cet OL d’août
L'OL a appris à faire sans trophée depuis trois saisons. Pour espérer s'en trouver un, les Lyonnais devront confirmer face à Ajaccio leur bon départ en L1 et préparer au mieux leur tout prochain tour préliminaire de Ligue des Champions.
Au soir de la première journée de championnat, les Lyonnais avaient toutes les raisons de se réjouir. Parmi les écuries citées pour le titre, la leur était la seule à faire le plein de points d’entrée. Mieux, les quelques doutes qui planaient autour des changements en cours – choix d’un entraîneur sans expérience, passage au 4-4-2, absence de recrutement et retour à la formation –, après une série de matchs de préparation au goût d’inachevé, tout ça se trouvait comme par miracle légitimé le temps d’une soirée.
Club next door
Les Lyonnais savent trop d’où ils reviennent pour fanfaronner à la première victoire. On l’a compris tout cet été, ce n’est plus le genre de la maison. Si bien qu’au moment d’ouvrir le bal, l’OL s’est vu confier le rôle du club next door, ce favori qui n’en est pas un. Ou du moins qui ne demande qu’à le devenir. Pour ça, il faudra attendre le passage de ce mois d’août pour en savoir plus sur le braquet qu’est prêt à emmener cet OL-là. Côté championnat d’abord, où le calendrier doit livrer en guise d’opposition l’AC Ajaccio, le Stade Brestois, Montpellier et Dijon. Autant dire, pour une équipe qui voudrait vraiment jouer le titre, une série de confrontations qui appelle à faire le plein de points avant de s’en aller se frotter aux cadors, à commencer par l’OM lors de la sixième journée. On a appris également que pour rester dans la peau d’un favori, l’OL peut difficilement se passer de la Ligue des Champions. Moins pour les finances d’un club qui connaît un second exercice déficitaire d’affilée que pour la dynamique du groupe. Ces dernières saisons, et plus particulièrement celles de l’ère Puel, c’est encore dans ces périodes qui sentaient les soirs d’Europe que les Lyonnais sont parvenus à trouver un rythme proche de celui d’un possible champion. Une fois cette parenthèse refermée, l’OL pouvait redevenir au mieux une équipe de L1 comme les autres, au pire une escouade barbouillée au blues épais.
Pour peu que l’on se retourne vers un passé tout récent, la situation n’a rien d’inédit. Il y a pile deux saisons, l’arithmétique était la même. A 72 millions d’euros près, soit la somme versée pour boucler en toute hâte le recrutement de l’été (Bastos, Lisandro, Cissokho) et soigner comme il faut le premier sommet d’août, avec son tour préliminaire. Le sort fait aux Mauves d’Anderlecht et le départ en trombes en championnat avaient fini par donner raison à la stratégie lyonnaise, avant un premier enlisement à l’automne. Cette année, l’OL a attendu d’être à un jet de son match aller face au Rubin Kazan (mardi 16 août) pour effectuer son premier recrutement, celui de Bakary Koné, homonyme du Little Richards speedé et électrique du Ray et du Vélodrome, défenseur central qui a fait le bonheur de l’En Avant Guingamp en Coupe de France, puis en National la saison passée. Autant dire loin de la Ligue des Champions et des sommets de Ligue 1. Pas un problème pour Rémi Garde : « Certains joueurs savent évoluer à un niveau qu’ils n’ont jamais connu. Les exemples ne manquent pas, à l’image d’Ecuele Manga ou de Koscielny. C’est ce que l’on espère pour Bakary Koné. C’est un joueur complet, bon dans le jeu aérien et dans les gestes défensifs. J’aime également sa relance et son utilisation du ballon. » Entendre l’entraîneur de l’OL citer le FC Lorient comme exemple aurait pu avoir de quoi inquiéter à quelques heures du premier enchaînement délicat de la saison. Et pourtant, c’est à peine s’il surprend. Pendant que l’OL se mettait ces dernières saisons à recruter ses pointures le plus souvent en Ligue 1 et au prix fort, le club de Gourcuff père est passé maître dans l’art du « recruter malin » , pour réaliser ces belles opérations que Jean-Michel Aulas a perdues de vue depuis qu’Essien, Diarra, Malouda et Abidal sont partis.
Tiens ton milieu et tu tiendras la France
En attendant de savoir si ce pari risqué sera payant – Koné pourrait être aligné dès ce samedi soir aux côtés de Lovren –, il en dit long sur les quelques tracas repérés côté lyonnais lors des matchs de préparation et pendant les vingt premières minutes face aux gars du Gym’. A savoir une défense centrale qui cahote encore, avec Cris d’un côté qui peine lorsqu’il faut jouer un cran plus haut comme l’exigent les nouvelles prétentions de jeu lyonnaises, Mensah de l’autre qui s’est rappelé aux bons souvenirs de l’infirmerie maison par ses maux chroniques. On aurait pu penser que la question serait temporairement réglée en faisant descendre Gonalons dans une défense où sa carcasse imposante et son sens de la relance tête haute ont pu laisser entrevoir quelques promesses, avant de confier le soin de la récup’ à Sidy Koné, jeune pousse maison. Malgré des apparitions convaincantes lors des matchs de préparation et des compliments envoyés par Lacombe, plutôt avare en la matière ( « Il n’ose pas encore assez se projeter vers l’avant. Sinon, ce petit a tout pour lui. » ), le recours à l’autre Koné, Baky, donne à penser qu’à trois jours de cette première étape décisive de la saison lyonnaise, mieux vaut éviter de s’équiper en attelages hasardeux. On en imagine certains à Tola Vologe qui doivent encore avoir en tête certaines des expérimentations lancées par Claude Puel – Bodmer ou Toulalan en défense centrale, Källström en latéral gauche.
On comprend mieux dès lors pourquoi leur première victoire d’août ne peut suffire au bonheur des Lyonnais. Certes, l’OL a retrouvé le goût des déplacements sans encombre, d’un duo Gomis-Lisandro déjà entreprenant dans un 4-4-2 monté à son attention, de l’effort et des belles envolées dans les couloirs. Reste encore à tenir l’essentiel, son milieu, pour être fixé sur la valeur de cet OL-là. Sans Gourcuff, ni Ederson, avec Pjanic tout juste sur le retour et dans l’attente d’une très hypothétique arrivée de N’Dinga. Ce qui fait beaucoup. Raison de plus pour tout miser face à à l’AC Ajaccio sur la dynamique vertueuse enclenchée sur la Côte d’Azur la semaine dernière. Se rassurer un peu plus, plutôt que de fonder cette identité de jeu qu’on traque depuis l’arrivée de Garde, voilà l’objectif de la réception des Corses à Gerland. Pour le reste, on a prévu de repasser plus tard. A la fin de ce premier mois-doute.
Par Serge Rezza
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