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Ces deux Marseillais vont jouer la Ligue des champions d’Océanie

Propos recueillis par Steven Oliveira
Ces deux Marseillais vont jouer la Ligue des champions d’Océanie

Disputer la Ligue des champions, tel était le rêve de ces deux Marseillais de 28 ans, Guillaume Le Jeune et Vladimir Crescenzo. Et tant pis si pour cela il faut parcourir 16 749 km pour aller disputer la Ligue des champions d'Océanie avec Pago Youth FC, un club des Samoa américaines. Retour sur un projet totalement fou.

Pour commencer, c’était quoi l’idée de départ de votre projet ? Vladimir Crescenzo : Alors, à la base, je suis journaliste en freelance. Et je suis spécialiste du football insolite, c’est-à-dire toutes les compétitions qui ne sont pas trop médiatisées. Et cela fait plusieurs années maintenant que je suis la Ligue des champions d’Océanie et notamment les tours préliminaires où il y a toutes les petites nations qui s’affrontent en barrage. Et donc j’ai vu jouer plusieurs fois cette équipe des Samoa américaines et son club de Pago Youth Football Club qui est clairement le plus faible des petites nations. Et à force de les voir jouer, et de les voir perdre la plupart du temps, je me suis dit qu’il y avait peut-être un moyen de jouer avec eux. Voilà donc comment est née l’idée. J’en ai alors parlé à Guillaume, et cela a fait son chemin. En parallèle, on a décidé de se lancer dans le projet d’en faire un documentaire. Alors on s’est entouré de Léa qui est la troisième personne du projet. Elle nous suit depuis six mois et documente notre préparation physique.

Et toi Guillaume, quand Vladimir te l’a proposé, tu as de suite dit oui ? Guillaume Le Jeune : Cela fait huit mois maintenant que l’on a enclenché la concrétisation du projet, mais cela fait deux ans qu’il m’en parle. Au début, c’était vraiment une histoire qu’on se racontait au bar, c’était quasiment une blague. On avait 26 ans à l’époque et on avait toujours voulu être footballeurs professionnels. On a grandi dans les travées du Vélodrome, alors porter le maillot de l’OM, c’était un rêve de gamin. On a tout bien fait comme il fallait dans notre vie : on a fait des études, on a voyagé, on a étudié à l’étranger, on est revenus, on travaille. Ce n’est pas évident de faire une parenthèse pendant un an pour concrétiser ce rêve-là. Mais c’est un défi d’entrepreneuriat qui m’excite. On n’est pas joueurs de foot, pas cinéastes non plus. Mais le défi d’incarner ces deux rôles pendant une année, je me suis dit banco.

Comment vous avez fait pour réussir à intégrer l’équipe ? Vladimir : J’ai pris contact avec la Fédération des Samoa américaines à qui j’ai expliqué le projet. Elle m’a réorientée vers le président de Pago Youth. Et j’échange par mail avec lui depuis huit mois pour préparer au mieux notre arrivée là-bas. Le président a été séduit assez rapidement par la perspective du documentaire déjà, mais aussi par la possibilité d’avoir deux joueurs étrangers qui viennent renforcer son équipe, car ce n’est pas très commun pour les clubs de la zone d’avoir des étrangers. Certaines nations plus avancées footballistiquement arrivent à faire venir quelques étrangers, mais pour les Samoa américaines, c’est plus compliqué.

Ça fait un mois et demi qu’on s’applique à faire une vraie préparation physique avec des coachs qui nous font faire de l’endurance musculaire, du renforcement, de l’explosivité et du cardio.

Est-ce qu’ils ont demandé des vidéos de vous avant de vous faire signer ? Vladimir : Non, ils ne nous ont rien demandé. Mais on va quand même leur en envoyer. On attendait juste de pouvoir s’équiper en matériel vidéo de suffisamment bonne qualité pour leur monter une belle vidéo et leur envoyer. Guillaume : Ils nous ont cru sur parole. La preuve, on est enregistrés sur la liste des 18 joueurs de Pago Youth pour disputer la Ligue des champions d’Océanie.

Est-ce qu’ils vont ont envoyé des séances d’entraînement à réaliser avant votre arrivée ? Guillaume : Non pas du tout. On avait arrêté le foot pendant une dizaine d’années avec les études. Mais, on a toujours joué en équipe de jeunes à Marseille au S.M.U.C. Et là, du coup, on a repris le foot. C’était notre priorité numéro 1. Là, on joue à la SCO Sainte-Marguerite pour refaire des matchs et des entraînements. Ça fait un mois et demi qu’on s’applique à faire une vraie préparation physique avec des coachs qui nous font faire de l’endurance musculaire, du renforcement, de l’explosivité et du cardio. On prend clairement la mission au sérieux. À partir du moment où on s’est dit qu’on y allait, on n’a pas voulu y aller en touriste.

Est-ce que votre arrivée a suscité un buzz médiatique du côté des Samoa américaines ? Vladimir : Je n’ai pas eu de retour de coupures de presse à notre sujet aux Samoa américaines. En revanche, nous avons été relayés dans la zone Océanie. On a été interviewés par la radio australienne ABC. On a aussi été relayés sur un site sud-coréen. Mais sur Pago Youth lui-même, je ne crois pas. Mais nous savons que nous sommes attendus, nous sommes en contact permanent avec le président et certains joueurs. On sait qu’ils nous attendent et qu’ils sont autant excités que nous par ce projet.

On a l’air plus rapides qu’eux, mais est-ce qu’on l’est vraiment ? On a l’air plus techniques qu’eux, mais est-ce qu’on l’est vraiment ? C’est cet inconnu qui est excitant.

Vous n’avez pas peur qu’ils vous attendent comme les deux messies ? Guillaume : C’est l’inconnu de ce documentaire. On s’est basé sur des vidéos pour juger leur niveau. Et c’est vrai que quand tu tapes sur YouTube Pago Youth FC, c’est effectivement du football très amateur. C’est même parfois cocasse. Mais on ne sait pas ce que c’est que de jouer sous 40 degrés avec 80% de taux d’humidité. On a l’air plus rapides qu’eux, mais est-ce qu’on l’est vraiment ? On a l’air plus techniques qu’eux, mais est-ce qu’on l’est vraiment ? C’est cet inconnu qui est excitant. Vladimir : On a pu échanger avec Christophe Gamel qui a été sélectionneur des Fidji et qui a été dans le staff du Lautoka FC, une équipe des Fidji qui a été en finale de la Ligue des champions Océanie. Il nous a briefés sur le niveau là-bas. Il nous a dit que ça équivalait à un niveau PH, donc c’est à peu près sur quoi on tablait. Après, il nous a aussi mis en garde sur le climat qui va être un paramètre qui va compliquer nos performances là-bas. Et également sur la différence de gabarit qu’il pourrait y avoir, car ils ont des physiques de rugbyman là-bas. Il nous disait qu’au Lautoka, la plupart des mecs n’avait pas touché un ballon de football avant leurs 17 ans. C’est plutôt rassurant sur la dimension technique. Après, il nous a dit de nous entraîner dans des saunas pour nous préparer. On ne sait pas trop ce qui nous attend et c’est tout l’intérêt de la préparation. C’est une région qui est très peu mise en lumière et c’est dur d’avoir des retours.


Vous partez à partir de quand aux Samoa américaines du coup ? Vladimir : Initialement, on devait partir à la mi-novembre pour pouvoir terminer le championnat des Samoa américaines avec Pago Youth et enchaîner fin janvier avec la Ligue des champions. Sauf qu’avec la Covid, les cartes ont été redistribuées, car les frontières du pays sont fermées. Il n’y a pas eu le moindre cas là-bas et ils ne veulent donc pas prendre le moindre risque. D’autant plus que l’an dernier, ils ont déjà eu une épidémie de rougeole dévastatrice. Les compétitions dans la zone sont donc repoussées jusqu’à courant 2021. On attend d’avoir plus d’informations et on espère que les compétitions se tiendront mi-2021 et qu’on pourra donc partir vers février-mars. Mais nous sommes suspendus à la législation du pays sur l’ouverture des frontières.

Est-ce que vous avez signé un contrat avec le club ?Guillaume : Non, on est bénévoles là-bas. En revanche, on a dû signer un document de transfert international, ce qui était plutôt rigolo. Pour notre projet, on a levé des fonds via Kickstarter. On a levé 10 000 euros pour financer le projet et le documentaire. Notre but est de rendre un projet un peu ambitieux.

C’est quoi l’idée de ce documentaire justement ? Guillaume : Il y a trois angles dans ce documentaire. Le premier, c’est de parler de l’aventure humaine qui est la nôtre. C’est-à-dire l’histoire de deux fans de foot, potes depuis longtemps, qui vont à l’autre bout du monde pour réaliser leur rêve de minot de devenir footballeurs professionnels le temps de quelques mois. Ensuite, il y a le défi physique qu’on veut documenter. Sachant que nous sommes des jeunes adultes, ex-étudiants en université et école de commerce. Donc on a un peu martyrisé nos corps pendant une petite dizaine d’années. Au bout d’un moment, tu te dis que tu ne peux pas vivre comme ça toute ta vie, donc il y a un enclenchement vers un mode de vie plus sain qu’on pousse à l’extrême. Le but étant de s’athlétiser au maximum pour pouvoir performer. On ne boit plus, on essaye de ne plus fumer. C’est dur. Le dernier angle est de mettre en lumière le football là-bas. C’est tout le décalage entre le foot européen très business qu’on voit aujourd’hui et le football plus à la racine, très simple, qui est là-bas. Ce qui nous a inspiré, c’est un documentaire qui s’appelle Next Goal Wins à l’époque où les Samoa américaines était la pire nation FIFA, encaissant notamment un 31-0 contre l’Australie. Et le documentaire suit l’arrivée du coach néerlandais Thomas Rongen. Le documentaire a été adapté par Taika Waititi en un film qui devrait sortir au moment de notre documentaire. Donc c’est une super promo pour nous en matière de communication. Notre idée est de dire qu’on est juste derrière et qu’on peut raconter une autre histoire, plus immersive, car on est derrière la caméra et sur le terrain.

Si vous aviez été pro, votre carrière parfaite aurait donc été un tour du monde ? Guillaume : Pour Vladimir, oui. Moi, je serais resté à l’OM de 18 ans à 40 ans. J’aurais porté le même maillot. Vladimir : Ça aurait été un vrai kif de pouvoir jouer en Amérique du Sud, en Océanie, en Inde, en Afrique. J’aurais adoré faire au moins un club par continent. Il n’y a pas beaucoup de joueurs qui l’ont fait et j’aurais aimé faire partie de cette liste-là. Il y a un Anglais qui a fait ça et qui est désormais joueur-entraîneur d’un club en Micronésie. Ça fait trois ans qu’il est là-bas et il fait venir jouer ses potes.

Notre objectif, ce serait d’arriver à contribuer à ce que Pago Youth décroche sa première victoire en Ligue des champions.

Est-ce que vous allez amener des maillots de l’OM avec vous ? Guillaume : C’est un point un peu touchy. Nous, nous sommes fans de l’OM. Mais le maillot qu’on va porter n’est pas celui de l’OM. Et puis le message se veut rassembleur. On est fans de l’OM, mais il faut qu’il puisse parler à un mec de Rennes, de Lyon et de Lens. Donc on n’appuiera pas sur la carte marseillaise plus que ça, on la gardera dans le cœur.

D’un point de vue footballistique, c’est quoi votre objectif ? Vladimir : Notre objectif, ce serait d’arriver à contribuer à ce que Pago Youth décroche sa première victoire en Ligue des champions. Car sur onze matchs qu’ils ont disputés, ils ont fait dix défaites et un nul. Si le scénario sportif pourrait être la première victoire de Pago Youth pendant qu’on tourne le documentaire, ce serait vraiment génial. Et si on peut y aller de notre petit but en prime, ce serait parfait. Guillaume : On va quand même rester lucide, on ne va pas faire la langue de bois et dire : « On joue la compétition pour la gagner », mais c’est vrai que ce n’est pas dit qu’on accroche une étoile sur le maillot de Pago Youth à la fin de l’année. Mais on fera tout pour.

Concernant l’équipement, est-ce qu’ils sont au niveau ?Guillaume : Ils sont très mal équipés en chaussures de foot et en maillots. Donc on a trouvé un partenaire britannique, on a designé un maillot et on va leur amener. Car là, ils jouent en tee-shirt, c’est la seule équipe qui n’a pas de vrais maillots. Ils vont donc en avoir un taillé pour eux désormais. On discute aussi avec un équipementier de chaussures de foot pour essayer de leur ramener des crampons.

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Propos recueillis par Steven Oliveira

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