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Cédric Bakambu : « 2017 sera mon année »

Propos recueillis par Matthieu Pécot
9 minutes
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À vingt-cinq ans, Cédric Bakambu, dont la première partie de saison a été pourrie par une blessure à la cuisse, compte frapper fort en 2017 avec Villarreal. Mais d’abord avec la RDC lors de la CAN au Gabon (14 janvier-5 février 2017).

Sur un malentendu, Cédric Bakambu aurait pu être quelque part sur la pelouse du Stade de France le 10 juillet dernier. Vu la première saison qu’il venait de boucler à Villarreal (12 buts en Liga, meilleur artificier du club), il aurait de toute évidence été capable de tromper Rui Patrício ce soir-là et sacrer les Bleus. Après tout, il connaissait le chemin d’une gloire à domicile, lui qui avait grandement contribué au titre de champion d’Europe U19 en 2010 (génération Griezmann, Lacazette, Costil, Coquelin, Grenier, Gueïda Fofana…). Mais non. Il y a un an, Cédric Bakambu a choisi la République démocratique du Congo, avec qui il entamera sa première Coupe d’Afrique des nations au Gabon, le 16 janvier face au Maroc. En stage au Cameroun depuis mardi, l’attaquant revient sur son début de saison un peu bancal, mais aussi une progression personnelle que le football français a certainement sous-estimée.

Revenons sur cette blessure qui a pourri ton début de saison…C’est arrivé en amical contre la Real Sociedad (23 juillet), deux semaines avant de jouer Monaco. Je me suis fait un truc à la cuisse droite, j’ai pris un gros coup sur le quadriceps. Les médecins m’ont dit que ça allait se résorber en dix jours. Finalement, ça a traîné et je ne suis pas encore complètement à l’aise. Il y a deux semaines, j’ai été rattrapé par cette blessure, j’ai senti quelque chose dans la même zone. Mais ça va aller, 2017 sera mon année !

As-tu été frustré de te dire que tu ne participais pas à ce barrage de Ligue des champions alors que tu avais grandement contribué à cette qualification avec tes 12 buts de l’an passé ?Je ne vais pas mentir, j’étais frustré.

Notre pré-saison, ça a été un fiasco. Je me suis blessé, Soldado s’est aussi blessé et ne reviendra qu’en mars, et puis le coach s’est fait limoger.

Mais depuis, j’ai digéré. Je suis tourné vers l’avenir. Notre pré-saison, ça a été un fiasco. Je me suis blessé, Soldado s’est aussi blessé et ne reviendra qu’en mars, et puis le coach s’est fait limoger (l’entraîneur Marcelino aurait fait exprès de perdre le dernier match face à Gijón, son club de cœur qui jouait encore le maintien alors que Villarreal avait déjà validé sa quatrième place. Un manque d’éthique que le président Fernando Roig a décidé de placer au-dessus de la belle 4e place du « sous-marin jaune » , ndlr). Quand l’équipe se fait éliminer et que tu n’es pas sur le terrain, c’est forcément frustrant sur le coup.

Si tu as très peu joué en première partie de saison, c’est à cause de ta blessure ou aussi de l’arrivée du nouveau coach (Fran Escriba) et de la doublette d’attaquants Pato-Sansone ?Il y a un peu de tout ça.

Sansone et Pato, ce ne sont pas n’importe qui ! Mais je sais que quand je reviendrai, je récupèrerai ma place de titulaire.

À la base, je suis titulaire. Mais j’ai perdu ma place avec la blessure, et malgré un mauvais début de saison, on est aujourd’hui 4e de la Liga. Je comprends tout à fait qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Ici, c’est de la vraie concurrence saine. En dehors du terrain, il n’y a aucun problème. Et puis Sansone et Pato, ce ne sont pas n’importe qui ! Mais je sais que quand je reviendrai, je récupèrerai ma place de titulaire. Je suis confiant. J’ai un réel désir de jouer avec eux. Pato, quand il est arrivé, ça m’a fait un peu le même effet que Soldado l’année dernière. Ces mecs, ce sont quand même des références.

Tu vas disputer la CAN en janvier. As-tu peur que cela t’éloigne un peu plus des plans de Fran Escriba à Villarreal ?Je vois ça comme un moyen de me remettre dans le coup. J’espère être titulaire et enchaîner les matchs. On est six attaquants de pointe. Le but, c’est que ma présence à cette CAN serve à mon pays et à mon club.

Que peut espérer la RDC dans un groupe qui comprend la Côte d’Ivoire, le Maroc et le Togo ?Le forfait de dernière minute de Bolasie (Everton) est un gros coup dur. Moi, j’y vais avec l’ambition de sortir de cette poule. On peut le faire, on a une bonne équipe. Je fais confiance au coach Ibenge pour nous aider à sortir de ce groupe.

Puisqu’on parle de Florent Ibenge, il fait partie des rares coachs africains de cette CAN. Les trois sélectionneurs de vos adversaires en poule sont français (Michel Dussuyer en Côte d’Ivoire, Hervé Renard au Maroc et Claude Leroy au Togo). Ça représente quelque chose pour toi ?Ibenge est un bon coach. Il a l’avantage d’avoir entraîné en France et au pays. Il connaît les deux cultures et c’est une bonne chose puisqu’une partie de nos joueurs a appris le foot en Europe. Pour nous en tout cas, c’est une bonne chose que ce soit lui notre sélectionneur. Au-delà de ça, je ne peux que constater que les entraîneurs africains ne sont pas assez nombreux.

Au niveau international, tu as déjà un petit palmarès puisque tu as été champion d’Europe avec l’équipe de France U19 en 2010. D’ailleurs, tu avais marqué plus de buts qu’Antoine Griezmann pendant ce tournoi. Est-ce que cet été, ça t’est arrivé de te dire : « L’attaquant numéro un de l’équipe de France, ça pourrait être moi » ?Non ! Beaucoup de gens pensent que j’ai choisi la RDC par défaut, que j’ai attendu d’être sûr que la France n’avait pas besoin de moi. C’est complètement faux. J’ai pris ma décision tout seul. Ma première sélection, je l’ai honorée alors que j’avais déjà signé à Villarreal. Autrement dit à un moment où mon exposition en Europe était assez forte. Mais c’était comme ça, je devais jouer pour la RDC. J’ai senti qu’il y avait du public qui me suivait derrière. Je sentais qu’on m’aimait bien et j’ai besoin de ça pour me transcender. C’est motivant de sentir soutenu. Ça n’empêche pas qu’avec ce groupe avec qui on a gagné l’Euro en 2010, on sera toujours liés. Dans dix ou vingt ans, ce sera encore le cas. Tiens, il y a deux semaines, on a joué contre l’Atlético en championnat. J’ai félicité Griezmann pour tout ce qu’il a fait cette année et on a un peu parlé. Quand on se recroise, on est contents, mais après, chacun fait sa carrière.

Parlons justement de la tienne. En général, les joueurs qui quittent la Ligue 1 pour la Turquie connaissent les intérêts qu’il y a à jouer là-bas, mais plombent parfois un peu leur carrière. Toi, quand tu es parti de Sochaux à Bursaspor à l’été 2014 alors que tu avais vingt-trois ans, tu étais conscient de ce risque ?Au début, j’ai eu un peu peur. C’était un risque de fou. Mais je ne serais pas allé n’importe où. J’ai bien fait mes devoirs ! Je me suis renseigné sur le club, sur la ville…

Beaucoup de joueurs disent ça sans vraiment le faire.Mais moi, je l’ai vraiment fait. Je ne serais jamais allé dans un club qui jouait le maintien par exemple. Je ne sais pas si c’est parce qu’avec Sochaux, j’avais déjà assez donné, mais je voulais jouer le haut du tableau (Bursaspor a fini 5e ex æquo, ndlr). J’ai contacté Alfred N’Diaye, qui avait joué là-bas pendant deux ans.

Je suis allé sur place (à Bursa). Je ne voulais pas qu’il y ait d’agent ou qui ce soit qui aurait pu avoir des intérêts à ce que je signe là-bas. Alors j’y suis allé avec un ami turc, Gökhan, le gérant du Turkoize, le restaurant de Montbéliard où on allait tout le temps quand je jouais à Sochaux.

Je suis aussi allé sur place. Je ne voulais pas qu’il y ait d’agent ou qui ce soit qui aurait pu avoir des intérêts à ce que je signe là-bas. Alors j’y suis allé avec un ami turc, Gökhan, le gérant du Turkoize, le restaurant de Montbéliard où on allait tout le temps quand je jouais à Sochaux. Il m’a servi de traducteur et m’a conforté dans mon idée. Bursaspor me voulait vraiment et je savais que les grands championnats avaient un œil sur certains clubs de Turquie, dont Bursaspor. Alors j’ai signé avec un objectif de ne pas rester plus de deux ans en Turquie. Au-delà, ça devient relou et on peut vite t’oublier. Je suis arrivé déterminé et ça s’est si bien passé (13 buts en championnat, 21 toutes compétitions confondues, ndlr) que Villarreal est venu me chercher au bout d’un an.

Pourquoi tu n’es pas resté en France ?Quand on descend en Ligue 2, on n’est pas en position de force. Personnellement, je sortais pourtant d’une bonne petite saison, mais personne ne voulait vraiment de moi. Je savais ce que je valais et les seuls clubs avec qui il y avait du concret – Lille et le Standard de Liège – n’étaient pas si enthousiastes que ça. J’étais déçu, mais comme j’avais confiance en moi, je suis allé à Bursaspor en sachant très bien ce que je faisais.

Tout a l’air très structuré dans ta tête et ta carrière… Du coup, quand est-ce que tu comptes quitter la Liga pour la Premier League comme ton pote Éric Bailly ?

Je ne vis pas au jour le jour. J’aime savoir où je vais. J’aime bien voyager et la Premier League est un championnat qui me plaît, c’est vrai.

Je ne vis pas au jour le jour. J’aime savoir où je vais. J’aime bien voyager et la Premier League est un championnat qui me plaît, c’est vrai. Mais rien ne se fait en un claquement de doigts. Je ne traverse pas une saison galère, mais disons que je sais déjà que je ne finirai pas la saison avec les mêmes stats que l’an dernier. J’ai été blessé et maintenant, je pars pour la CAN. Au-delà de ça, je ne suis pas pressé de partir de Villarreal. J’ai signé un contrat de cinq ans et je me fais très plaisir. Comme à Bursaspor, je me retrouve dans une équipe pas très physique, mais qui joue beaucoup au ballon.

En Angleterre, il faudra quand même jouer un peu physique…Je m’adapterai !

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