Tout ce petit monde se prépare à la dure en République de Bachkirie, loin du faste obscène de la Principauté. Une semaine plus tard, Giuly sur les rotules annonce sa retraite : « Ce stage m’a donné envie de lire L’Archipel du goulag. Je me sens proche de Soljenitsyne » , explique-t-il les larmes aux yeux sur le plateau du Canal Football Club. Premier match de la saison. CSKASM face à Châteauroux. Les loges du stade Louis II sont garnies de mannequins pubères et d’apparatchiks de passage sur la côte. Sans compter le Prince Albert. Que du beau linge. 500 curieux en tribunes profitent du Raspoutine de Boney M crachoté par la sono et de la doublette Bogdanoff venue donner un coup d’envoi inter-cosmique. L’occasion est trop belle : Charlène tente de se barrer du Rocher en dos crawlé. Elle sera finalement interceptée par les gardes-côtes. Sur le terrain, l’équipe ne fait illusion qu’une mi-temps et s’incline 2 à 0. En conférence de presse, Karpine s’explique : « C’est le premier match de la saison, c’est un nouveau championnat. Nous avons encore beaucoup de travail devant nous » . En coulisse, Rybolovlev s’active. C’est qu’il trouve ça un peu léger Valère Germain en pointe. Ni une, ni deux, il feuillette le bottin des oligarques et passe un coup de téléphone à un certain Abramovich qui mouille à Saint Tropez. L’objectif ? Négocier le prêt d’une pointure. Même une qui serait du genre à chausser du 47. Oui, Lukaku ! Niet. Le président de Chelsea réussit malgré tout à lui refourguer deux trois conseils et son troisième gardien, le Portugais Henrique Hilario. Toujours ça de pris.
Les matchs suivants se passent mal : deux défaites et un nul arraché à Boulogne. Face à l’immensité de la tâche, Karpine commence à faire carpette : « Écoutez, nous avons de hautes ambitions. Seulement, les températures élevées ne facilitent pas notre jeu. C’est un peu comme si on voulait faire du bobsleigh à Monaco : cela serait impossible ! » . Incident diplomatique. Convoqué par les autorités monégasques, Dado Prso est sommé de s’expliquer en haut lieu, au Palais. Un scandale vite étouffé après avoir maté le Monaco-La Corogne de 2004 en compagnie du Prince. En plus d’un mauvais démarrage, une sale histoire refait surface. Nice Matin relaye l’information selon laquelle le président Rybolovlev a dormi à l’ombre plusieurs mois suite à l’assassinat d’un industriel ouralien avant de bénéficier d’un acquittement. Afin de dissiper tout malentendu et de prouver sa bonne foi, il décide de rebaptiser le centre d’entraînement. Ainsi, La Turbie devient le complexe Anna Politkovskaïa. Reporters Sans Frontières décide de se ranger derrière l’ASM. Bon à prendre : ça fait toujours quelques supporters de plus. A mesure que la saison avance, que le froid se fait et que les pelouses ressemblent à des champs de patates, Monaco rejoint le ventre mou du classement. Pas flamboyant, costaud au milieu, l’équipe est aussi tendre qu’un prêtre sous viagra. En tribune, Rybolovlev s’emmerde. A quoi bon investir des millions de roubles pour se taper des Stade Lavallois, l’ESTAC ou Angers ? Le joujou lasse rapidement. « Je possède un Falcon, un yacht, un A 319 et Petter Hansson comme défenseur ! Cherchez l’erreur ! » . Dès que les parts du club sont en vente, le fax vrombit. Un certain Jack Kachkar se met sur les rangs. Finalement, la bérézina n’est pas toujours russe...
PS : tout ceci n'est qu'une fiction et toute similitude avec des faits réels serait purement fortuite.
Par Adrien Rodriguez Ares
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