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  • Bilan année 2014

Ce qu’il faut retenir de l’année 2014

Par Markus Kaufmann / Propos recueillis par Markus Kaufmann
8 minutes
Ce qu’il faut retenir de l’année 2014

Évolutions tactiques, hiérarchies qui tombent, vie dans les stades, retours gagnants et tristes départs : voilà tout ce qu'il faut retenir de l'année de football 2014.

La belle page blanche de l’équipe de France

« Elle écrit sa propre histoire » , répète Didier Deschamps. Cela peut paraître une phrase anodine, mais c’est un vrai luxe pour les Bleus. En 2014, l’équipe de France en a gagné le droit. Effacer le passé et rêver de l’avenir : avec une Coupe du monde réussie, une bonne défense (0,47 but encaissé par match), une belle attaque (34 buts marqués, meilleur total depuis 2003), des cadres qui s’affirment en club et sous le maillot bleu (Benzema, Varane, Pogba, Griezmann) et des médias qui parlent de plus en plus de football, Deschamps a ressuscité une sérénité donnée pour morte.

Les grands clubs changent, comme le monde

Tout a commencé avec le Barça : Xavi a failli partir au Qatar, le transfert de Neymar a causé un scandale, même Leo Messi a été critiqué et « le grand méchant » Luis Suárez est arrivé. 81 millions d’euros pour un joueur qui n’entre pas dans la philosophie tactique qui faisait l’identité du club : le Barça n’est plus ce groupe de petits écoliers gentils que décrivait Zlatan. Mais le club catalan n’est pas le seul à avoir changé en 2014. Manchester City s’est construit un groupe qui vit bien depuis plusieurs saisons (Kompany, Zabaleta, Hart, Touré, Silva, Agüero…), alors que Manchester United, royaume de la stabilité et de la sagesse, a tout changé et dépensé beaucoup partout. Chelsea a fait des bénéfices sur son mercato d’été. L’Atlético Madrid est redevenu prestigieux. Le Borussia Dortmund n’est plus un miracle. L’Inter dépense plus d’argent pour faire venir le CEO de Manchester United que pour offrir des stars au Giuseppe-Meazza. Heureusement que l’allergie de la Roma à l’Europe, l’Allemagne qui gagne à la fin et les Pays-Bas qui s’écroulent quand ça compte étaient là pour faire respecter l’importance des traditions.

Mort aux ultras, vivent les ultras !

L’Angleterre avait choisi la méthode forte et l’Italie ne s’était pas encore décidée. En 2014, c’est donc l’Espagne qui a tracé sa route : virer les ultras de ses stades pour mieux les organiser. En début d’année, le Real Madrid a ainsi viré les Ultras Sur pour mettre en place une « Grada Joven » . Côté Atlético, le drame de l’avant-match contre le Deportivo La Corogne a aussi mené à la suppression du Frente Atlético. Mais le concept de ces tribunes jeunes et moins chères a un secret : une bonne partie de ses habitués sont des ex-membres des groupes ultras historiques. Le Barça de Laporta avait déjà dégagé les Boixos Nois entre 2003 et 2005 pour ensuite créer une « Grada d’Animació » sous la présidence de Rosell. Problème : Josep Lluís Sureda, ex-haut responsable du groupe radical, avait été grandement impliqué dans le projet. Et lorsqu’un fumigène avait été envoyé dans la tribune visiteurs lors d’un Barça-Real en février 2013, Rosell avait dû mettre fin au projet : « Pardonner est une valeur, et nous voulions agir avec en tête l’idée de la tolérance zéro envers la violence. On n’a pas réussi. Fin de l’histoire. » Ou pas.

Les meilleurs joueurs du monde ne choisissent pas leur équipe : Jorge Mendes choisit pour eux

Le discours classique de l’agent en difficulté est bien connu : « Viens-là mon petit gars… Bon, j’ai une mauvaise nouvelle : je n’ai pas reçu d’offre des grands championnats. Cette saison, tu vas devoir faire tes preuves. Tu préfères l’Ukraine ou la Bulgarie ? T’inquiète hein, une fois que tu seras connu, tu pourras choisir ton équipe… » Sauf qu’en fait, non. Cela ne marche pas (plus ?) comme ça : 2014 a démontré que même les plus grands footballeurs n’avaient pas le choix : Ángel Di María sans C1 à Manchester United, Falcao trimbalé de Monaco à Manchester, Luis Suárez qui passe du statut de super franchise player à celui d’ailier travailleur pour Messi. Cette semaine, Falcao a tout résumé : « Cela me fait marrer quand les gens me demandent pourquoi je ne suis pas allé jouer là ou là-bas. Comme si le footballeur pouvait décider. » Et pendant ce temps-là, Jorge Mendes a déplacé plus de 300 millions d’euros en un été…

Les plus riches gagnent toujours. Ou presque

Carlos Bilardo a poussé un coup de gueule à l’occasion de la confrontation entre son pauvre football argentin et l’Europe, lors du Mondial des clubs : « En Europe, tout tourne autour de l’argent. C’est toujours celui qui dépense le plus qui gagne. » Zéro surprise, donc. Et zéro place aux idées des entraîneurs ? Le Bayern en Allemagne, la Juve en Italie, le PSG en France, Manchester City en Angleterre. Vrai. Ou presque : en 2013-14, l’Atlético de Diego Simeone a réussi l’immense exploit de remporter la Liga et d’atteindre la finale de la C1. Après ce début de championnat 2014-15, seul Marcelo Bielsa semble être en mesure de faire mentir son compatriote dans les grands championnats européens. Bilan pour Bilardo : seuls les techniciens argentins sauvent l’Europe de l’ennui du prévisible.

Quand tu vends ton meilleur joueur, il ne faut pas « redistribuer le butin »

En 2013, c’était Tottenham. En vendant Gareth Bale, les Spurs avaient eu la bonne idée de se payer une équipe toute neuve avec 7 achats valant 105 millions de pounds : Lamela, Soldado, Paulinho, Eriksen, Capoue, Chadli, Chichires… Résultat : une régression de la 5e à la 6e place. En 2014, c’est Liverpool qui a fait la même erreur : départ de Luis Suárez et arrivée de 7 nouveaux titulaires potentiels pour 115 millions : Balotelli, Lambert, Lovren, Marković, Moreno, Emre Can, Lallana. Du coup, les Reds sont passés de la 2e place à la 10e. Entre-temps, tiens, Tottenham est allé chercher un entraîneur argentin…

Les grands entraîneurs ont exercé leur métier en paix

2014 n’a pas offert de petites guerres entre entraîneurs. Carlo Ancelotti n’a pas besoin de parler fort à Madrid. José Mourinho se dit heureux à Londres. Pep Guardiola travaille tranquillement à Munich. Jürgen Klopp peut être relégable jusqu’en décembre sans se faire virer. Manuel Pellegrini peut traverser une crise sans risquer un licenciement. Et même Louis van Gaal peut compter sur le soutien de Sir Alex Ferguson à Manchester. Soit Laurent Blanc est plus serein qu’il n’y paraît, soit ce n’est pas un grand…

La revanche de la défense à trois

En 2014, la défense à trois a enfin mis fin à son statut de « tactique décadente » . Après la domination du 4-2-3-1 de 2010, c’est la principale « nouveauté » tactique du Mondial 2014 : les Pays-Bas, le Costa Rica, le Chili, le Mexique ou encore l’Uruguay ont tous utilisé la défense à trois, avec succès. Quand Roberto Mancini avait lancé son 3-5-2 en Premier League en 2012, l’Angleterre fronçait les sourcils. Aujourd’hui, Louis van Gaal peut tranquillement disposer le sien sans étonner personne.

L’année parfaite de Toni Kroos

Il a gagné la Coupe du monde et la Coupe du monde des clubs. Il a réussi à rééquilibrer un Real Madrid orphelin des courses et du pressing d’Ángel Di María. En 2014, Toni Kroos a même réussi à partir du Bayern sans affaiblir le club. Et lorsqu’il s’est sèchement incliné en demi-finale de C1 contre le Real en avril dernier, c’est Pep Guardiola qui a subi les critiques pour l’avoir positionné en numéro 6 stérile. Parce que Toni Kroos ne pouvait pas avoir tort. Pas cette année.

Manuel Neuer, au nom de la Coupe du monde

En 2011, Manuel Neuer réalisait des miracles contre Manchester United, mais se faisait lober par Dejan Stanković comme un vulgaire Marco Amelia. En 2014, l’Allemand sort toujours autant de sa surface, mais le sniper Stanković s’est retiré. Cette année, le gardien-libéro est le seul représentant de la Coupe du monde finaliste du Ballon d’or, au nom des 6 buts de James Rodríguez, des chaussettes baissées de Thomas Müller et de la compétition cannavaresque de Javier Mascherano.

Amérique du Sud : la nouvelle vie de River Plate

Pour le football sud-américain, 2014 restera l’année de la renaissance de River Plate. Champion du Tournoi de fermeture en juin 2014, brillant second du Tournoi de transition en décembre 2014, et surtout champion de la Sudamericana 2014, en battant Boca Juniors en demi-finale (0-0, 1-0). Humilié par les moqueries de son grand rival depuis sa descente en deuxième division en 2011, River s’est vengé. Le club de Nuñez n’a pas perdu un seul Superclásico en 8 matchs : 4 victoires et 4 matchs nuls.

L’Inde se place sur la carte du football

David Trezeguet. Zico. Marco Materazzi. Alessandro Del Piero. Nicolas Anelka. Robert Pirès. Bernard Mendy. En prononçant cette phrase – « ici, le football est une affaire de copinage et de népotisme » – Zico a peut-être officiellement signé l’entrée de l’Inde dans le monde du football. Des gros noms et des petites histoires : en trois mois, le football indien est né en 2014.

Les retours gagnants

Diego Milito est revenu au Racing et a remporté le championnat d’Argentine. Juan Roman Riquelme est revenu à Argentinos Juniors et a fait remonter son club formateur en Primera. Didier Drogba et José Mourinho sont en train de réussir leurs retours respectifs à Chelsea. Et même Pippo Inzaghi et Roberto Mancini font des choses positives des deux côtés de la cité milanaise. Du côté de Buenos Aires, Juan Sebastián Verón est même devenu le roi du game du come-back, en ayant été élu président de son Estudiantes La Plata à 39 ans. À toi de jouer, Fernando Torres.

Et enfin…

Cette année est aussi la fin d’un monde : dans le post-2014, Javier Zanetti, Rivaldo, Ryan Giggs, Alessandro Nesta, Marco Di Vaio, Carles Puyol, Clarence Seedorf, Juninho, Juan Sebastián Verón, Éric Abidal et Thierry Henry ne joueront plus au football.

Au fait, c’est quoi cette Coupe intercontinentale ?

Par Markus Kaufmann / Propos recueillis par Markus Kaufmann

À visiter :
Le site Faute Tactique
Le blog Faute Tactique sur SoFoot.com

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