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« Cardozo, ça a toujours été une merde »

Par Christophe Gleizes, à Châtillon
«<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Cardozo, ça a toujours été une merde<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Morues, mauvaise foi, parquet lustré et Sumol, on a maté PSG-Benfica chez notre ancienne femme de ménage. Et c'est peu dire que la famille Rumor a régalé ses convives toute la soirée. Malgré la défaite...

Il est 19h30, le parquet est parfaitement lustré et le Juste Prix passe à la télé. Pas de doute, on est bien chez des Portugais. « Tu veux du champagne, du Porto ou du Vinho verde ? » , propose gentiment Paula, la très accueillante maîtresse de maison, entre deux allers-retours en cuisine. La famille Rumor reçoit chez elle à Châtillon aujourd’hui, pour assister à la rencontre tant attendue entre Benfica et le PSG. Amilcar, sympathique mari de Paula et ardent supporter du club lisboète depuis ses douze ans ne tarde d’ailleurs pas à ouvrir les hostilités : « Paris n’a pas d’histoire comparé à Benfica. C’est quoi une Coupe des coupes face à deux Ligues des champions et 32 titres de champions ? »

Sur sa lancée, et visiblement confiant, l’entrepreneur de profession s’essaye au jeu du pronostic en disposant des tomates cerises et des chips : « C’est sûr que Zlatan-Cavani-Lavezzi, ça fait peur, mais je vois un bon 2-1 pour Benfica. » Perruque rouge vissée sur le crâne, Yohan, son fils de 11 ans, lui emboîte le pas : « Avec l’absence de Thiago Silva, c’est sûr que Benfica va l’emporter, je dirai 1-0, avec un but de Cardozo. Il ne court pas beaucoup sur le terrain, mais c’est un bon buteur. » Tandis que la légendaire lucidité lusitanienne est mise à mal, Paula est la seule à surnager. Sûre de son fait, elle n’hésite pas à livrer le fond de sa pensée, rapidement accueillie par des quolibets prononcés : « Je m’en fous du foot, mais vu la gueule de Benfica en ce moment, je dirais qu’ils vont perdre largement. Je dirais 3-0 pour le PSG. »

Le repas d’avant-match est copieux et animé. Entre deux bouchées de « Bacalhau a chefe » , on discute du brillant 18,7 de moyenne décroché par le fiston tout juste entré au collège ; avant de rapidement revenir à l’enjeu de la soirée. Invité pour l’occasion avec sa femme Vera, Paulo recentre le débat : « Moi, je n’aime pas les footballeurs car ils sont trop payés. Certains gagnent en une semaine ce que je gagne en deux ans de travail, franchement, ce n’est pas sérieux. » La conversation est engagée, mais les dernières bouchées sont rapidement avalées ; il est déjà 20h30, l’heure de se diriger vers le Domus, le bar préféré de la communauté portugaise de Châtillon. Sur place, on retrouve, l’œil rivé sur l’écran, un public clairsemé, mais chaud bouillant. L’ambiance est authentique et surannée ; azulejos bon marché et autres écharpes de Benfica achèvent de planter le décor.

Ai Jesus !

Tout ne se passe pas comme prévu pour nos hôtes. À peine le temps de s’installer au premier rang que le PSG ouvre le score, par l’intermédiaire de l’inévitable Zlatan Ibrahimović. Stupeur et consternation dans les rangs portugais. Bras croisés et sourire figé, Amilcar, soudainement avare de commentaires, salue la réalisation d’un sobre « bien joué » , tout en n’oubliant pas de tancer le buteur suédois sur son « gros pif » . « Ça va, on joue bien quand même, on n’est pas ridicules » , se rassure mon acolyte en sirotant son café. « Selon moi, on ne centre pas assez » , explique un Yohan concentré, dont la désillusion ne fait que commencer.

À ce moment, le sort du match est encore indécis, et les spectateurs y croient encore. À la 18e minute, quelques timides frissons accompagnent la première frappe lisboète, largement au-dessus. Frustré et d’une mauvaise foi confondante, Amilcar réclame une main imaginaire d’Alex à l’entrée de la surface. « Plein bide, mon cul oui, il la touche de la main » , répond-il face aux replays. Il n’a cependant pas le temps de tergiverser que « Marquinhous » , comme le prononce le commentateur lusophone, inscrit son troisième but avec le PSG, au terme d’une belle action collective. « Mais ils sont nuls, les défenseurs ! » , peste un Amilcar dépité, qui tente timidement de se justifier suite à mes vannes répétées : « Vous avez de la chance quand même, c’est dévié par le gardien. Mais bon 2-0, ça va être compliqué de revenir. » On sent déjà que le cœur n’y est plus. Il l’est encore moins sur le corner qui suit. Zlatan Ibrahimović signe un doublé. « Mais comment on peut le laisser tout seul ?! » , rugit Amilcar, avant de s’affaisser, brisé par la triste réalité. « Pfff, ça fait un but toutes les dix minutes. Si on continue comme ça on va finir à 9-0. »

Nous jouons la trentième minute de jeu et la vérité, brûlante, fend l’air : il est clair qu’on est mieux reçu à Châtillon qu’au Parc des Princes. Tandis qu’Amilcar hérite des textos provocateurs, certains supporters quittent déjà le bar en maugréant. Un vilain « Cardozo, ça a toujours été une merde » siffle dans la nuit. Perdu dans ses pensées, Yohan ne porte plus sur la rencontre qu’un regard distrait. Pour ne plus trancher avec l’ambiance d’enterrement, il se décide finalement à enlever sa jolie perruque. « Franchement, le score ne reflète pas la physionomie du match. Vous avez eu trois occasions et vous avez mis trois buts, mais ce n’est pas un PSG dominant, c’est pas le Barça non plus » , conclut sobrement un Amilcar qui réagit encore au courage, les yeux dans le vague, tel un boxeur sonné.

Vrais supporters

Dix minutes de mi-temps viennent provisoirement interrompre son supplice et fournir un peu de répit à des fans saoulés de coups. Sur le trottoir se forment de petits attroupements autour de quelques cigarettes salvatrices. Au milieu de la mêlée, certains confessent : « Il est bon quand même, ce Verratti. » D’autres, plus virulents, pestent contre les choix tactiques de l’entraîneur lisboète, coupable de changements surprenants tout au long du match. « Jesus, il ne fait pas de miracles » , ricane un supporter inspiré, avant de rappeler à ses camarades les trois défaites en « finale » de l’année dernière, dans une ambiance qui confine à la morosité. « Je suis dégoûté, mais je vais rester jusqu’au bout » , explique Amilcar à un compatriote, car « les vrais supporters sont aussi là dans la défaite » .

La seconde période n’est qu’un long et douloureux calvaire pour les acharnés qui sont restés. Après quelques minutes de flottement, Paris fait tranquillement tourner, annonçant une fin de soirée sans rebondissement. Yohan trouve encore la force de s’indigner des « olé » qui descendent des travées pour chaque passe en retrait, mais l’ambiance reste globalement silencieuse et prostrée. En dernier des Mohicans, Amilcar signale sans y croire un dixième hors-jeu et de nouvelles fautes imaginaires. La fin de la démonstration enfin sifflée, il se montre tout de même beau joueur, en réglant l’addition. Deux cafés, un coca et un Sumol. Y a école demain et une moyenne à maintenir.

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